1 janvier 1970

21 janvier 1964 [Mgr Lefebvre] Lettre aux spiritains après la seconde session du concile

SOURCE - Mgr Lefebvre - 21 janvier 1964

Faisons le point sous la conduite du successeur de Pierre
Introduction
Après cette deuxième session du concile de Vatican II, il n’est pas inutile de faire le point, en prenant particulièrement comme base de nos jugements ceux que le pape a formulés lui-même à la fin de cette seconde session.
   
Nous devons, avec le souverain pontife, affirmer en premier lieu qu’on ne peut tout embrasser dans une description ; tant d’éléments de ce Concile relèvent du domaine de la grâce et de ce royaume intime des âmes où il est souvent difficile de pénétrer, et du reste beaucoup de fruits de notre travail ne sont pas encore arrivés à maturité, ils se trouvent plutôt comme à l’état de germes confiés à la glèbe, ils attendent du temps à venir et de nouvelles interventions de la mystérieuse action divine leur développement effectif et bienfaisant.

Cependant le Saint-Père, après quelques considérations, entre effectivement dans le vif du sujet et, énumérant les objectifs qui furent soumis à l’assemblée, donne des précisions extrêmement importantes qui doivent être, pour tous les pères, acceptées comme une orientation pour la future session. En des circonstances comme celles du Concile où les papes ont toujours voulu concilier la liberté des pères et exercer cependant leur rôle de guide que Notre Seigneur leur a confié, les moindres allusions, si elles sont claires, ne doivent-elles pas être accueillies avec dévotion filiale par les pères et orienter leur jugement ?
La liberté dans le Concile

Le Saint-Père se réjouit de constater que le « travail conciliaire s’est déroulé dans une entière liberté d’expression » et ce sentiment de satisfaction n’est nullement diminué du fait que « les sentences qui ont été formulées dans les discussions conciliaires ont été variées, multiples, diverses aussi… ». Cette liberté existait d’ailleurs déjà au concile de Trente et de Vatican I. « Les instructions des papes étaient que la plus entière liberté de parole fût réservée à chacun jusqu’à permettre qu’on proférât des hérésies, pourvu que, la décision prise, on se soumît » (Theiner, Introduction, XIX).
1. Résultats acquis
a) La liturgie

En suivant l’ordre proposé par le pape lui-même nous abordons en premier lieu la liturgie.

La place et la fonction de la liturgie sont admirablement tracées par le Saint-Père en un exposé succinct mais vigoureux. « Nous y découvrons, dit le pape, un hommage à l’échelle des valeurs et des devoirs : Dieu a la première place, la prière est notre premier devoir… » Puis vient la fonction de la liturgie « source première de la vie divine…, première école de vie spirituelle…, premier don que nous puissions faire au peuple chrétien ». En quelques lignes, le Saint-Père trace tout un programme. Enfin « invitation au monde, afin qu’il délie ses lèvres jusqu’ici muettes… qu’il chante avec nous les louanges de Dieu… ». Appel ardent à ceux qui ne prient pas encore avec le peuple chrétien ?

Puis dans un deuxième paragraphe, le Saint-Père étudie la relation de la liturgie et de l’Église, et il affirme l’importance capitale de la liturgie dans la vie de l’Église. « L’Église est une société religieuse, elle est une communauté de prière… » Il prévient avec insistance que si quelques simplifications sont apportées, elles ne signifient nullement « une diminution de l’importance de la prière, ni la faire passer après les autres soucis du ministère sacré ou des activités pastorales, ni amoindrir sa force d’expression ou ses attraits artistiques ». Ceci est à retenir pour bien interpréter les décrets qui seront pris dans l’avenir.

« Pour atteindre ce résultat, ajoute le Saint-Père, dans un troisième paragraphe, nous ne voulons pas qu’on porte atteinte aux normes de la prière officielle de l’Église en introduisant des réformes privées ou des rites particuliers. Nous ne voulons pas qu’on s’arroge le droit d’anticiper arbitrairement l’application de la Constitution… Son harmonie à travers le monde fait la noblesse de la prière de l’Église. Que personne ne la trouble ; que personne ne lui porte atteinte… »

Paroles fortes, vigoureuses, hélas rendues nécessaires par tant d’initiatives les plus invraisemblables dont des milliers de fidèles sont les témoins impuissants et profondément peinés. Nombreuses en effet sont les Églises où les règles liturgiques sont impunément violées. Ce qui est plus grave peut-être que l’innovation liturgique elle-même de la part de ces prêtres, est surtout l’habitude et l’exemple de la désobéissance et qui devraient en être les modèles.

Bientôt seront rendues publiques les instructions officielles du Saint- Siège. II est à souhaiter que le premier résultat de leur publication sera la cessation des initiatives privées. À propos de la Constitution sur la liturgie, il n’est pas inutile de rappeler que le pape demeure toujours libre de la modifier s’il le juge opportun, même sans aucun recours aux évêques, même après l’avoir approuvée solennellement. Comme il s’agit d’une Constitution disciplinaire et non dogmatique, le successeur de Pierre est à lui seul juge de la publication et de l’application.

b) Communications sociales

Après la liturgie, Notre Saint-Père le pape indique comme deuxième fruit du Concile le « décret sur les moyens de communication sociale ». Et le pape ajoute que « le décret montre que l’Église est capable d’unir ensemble vie intérieure et vie extérieure, contemplation et action, prière et apostolat ». L’Église en traitant de ce sujet ne sort pas de son rôle. D’aucuns auraient voulu rejeter ce schéma insuffisamment scientifique, à leur sens. Le pape n’a pas jugé bon de souscrire à leur désir et a proposé le schéma aux pères qui l’ont approuvé.

c) Facultés nouvelles concédées aux évêques

Puis le pape fait allusion aux facultés données aux évêques qui étendent ainsi leur compétence. La présentation des facultés accordées aux évêques n’a pas eu l’heur de plaire à ceux qui avaient affirmé dans le Concile que ces facultés ne devaient pas être considérées comme concédées aux évêques, mais restituées. Ils affirmaient, en effet, que le souverain pontife ne devait limiter les facultés dues aux évêques que pour des raisons de bien commun de l’Église, les évêques ayant un droit strict à ces facultés par le fait même de leur sacre et de leur mission canonique à un diocèse ou une juridiction particulière.

Or, il apparaît clairement que le pape n’a pas jugé bon de faire droit à cette exigence. Aucune allusion n’est faite à un droit des évêques. C’est toujours le terme concederequi est employé et les motifs sont la grande estime que le pape porte aux pères conciliaires, la dignité épiscopale mise davantage en lumière, le moyen de rendre plus efficace leur charge pastorale.

On peut légitimement conclure que le pape confirme indirectement la thèse traditionnelle qui veut que tout le pouvoir de juridiction des évêques soit dispensé par le pape dans la mesure où il le juge opportun. Si par son pouvoir d’ordre l’évêque a une aptitude radicale à la juridiction et si, lorsqu’elle lui est donnée, il l’exerce de droit divin, il n’en est pas moins vrai que le pape en demeure le dispensateur avec tout pouvoir d’augmenter ou de diminuer cette juridiction. Le droit canon indique ces pouvoirs concédés par le pape, mais en cette matière le droit ne lie pas le successeur de Pierre.
2. Résultats partiellement acquis
« Mais ce n’est pas tout, dit le Saint-Père, le Concile a beaucoup travaillé. Il a, comme vous le savez, abordé de nombreux problèmes, pour une part leurs solutions sont déjà virtuellement arrêtées… D’autres questions restent ouvertes à une étude et une discussion ultérieures… Nous ne sommes pas fâchés de ce que des problèmes d’une telle gravité soient l’objet d’une réflexion à tête reposée… » Le pape fait alors allusion à une réduction plus grande encore des textes, ce qui fait entrevoir une nouvelle refonte des schémas, en « des textes profondément étudiés, des énoncés rigoureux et portés à toute la densité et la concision désirable ». En définitive, il nous faut revenir à un énoncé dogmatique précis, seul capable de réaliser le désir du Saint-Père, tellement compréhensible après les interminables discussions dues à l’ambiguïté des termes et aux énoncés équivoques.

Les exemples qui vont suivre paraissent se rattacher plutôt « aux problèmes graves »… « qui restent ouverts à une étude et une discussion ultérieures ». En effet, les trois exemples indiqués par le pape sont très importants : la Révélation, l’Épiscopat, la Vierge Marie.

Ici encore les indications et orientations données par le pape sont de grande valeur, suffisamment claires quoique très nuancées, surtout en ce qui concerne l’Épiscopat.

a) De la Révélation

Au sujet de la Révélation la pensée du Saint-Père s’exprime clairement. Et dans le sens d’une grande prudence.

« Le Concile y répondra [cette expression est nette] tout à la fois de façon à garder le dépôt sacré… et de manière à marquer une direction aux études bibliques… dans la fidélité au magistère de l’Église et en assimilant tous les apports sérieux de la science moderne ». Les limites sont bien tracées et indiquent la ligne générale à suivre.

b) De l’Épiscopat

Deuxième exemple : « La grande et complexe question de l’épiscopat abordée en ce Concile […] lequel, ne l’oublions pas, est la continuation naturelle et le complément du premier Concile oecuménique du Vatican » et le Saint-Père développe sa pensée d’une manière non équivoque. « Le Concile, dit le pape, veut, par conséquent, mettre en lumière, selon la pensée de Notre Seigneur et selon l’authentique tradition de l’Église, la nature et la fonction divinement instituées de l’Épiscopat. » Deux sources sont indiquées : la pensée de Notre Seigneur et l’authentique tradition de l’Église qui évidemment ne peuvent se contredire, l’authentique tradition étant la manière la plus sûre de trouver la pensée de Notre Seigneur dans la mesure où l’Écriture ne détermine pas les modalités de l’institution divine. S’il y a quelque hésitation à l’interprétation de la parole de Notre Seigneur qui confère la mission aux Apôtres et leur donne leurs pouvoirs, il faudra interroger la tradition et principalement les faits historiques, depuis les Apôtres jusqu’à nos jours. Comment ont agi les Apôtres pour se donner des successeurs ? Quels furent leurs pouvoirs ? Quelles furent les relations des successeurs de Pierre avec les évêques ? Particulièrement une fois la paix établie. Que disent les premiers écrits après les Évangiles à propos des évêques ? Quelle fut la participation des évêques de Rome dans les conciles ?

Il est clair que tous les Apôtres ont agi de la même manière, c’est-à-dire ont établi des évêques sur des Églises particulières, sur des sièges stables avec une juridiction limitée. Il apparaît avec une évidence de plus en plus manifeste que seul l’Évêque de Rome a une juridiction universelle. On recourt à lui comme à la seule instance suprême. Le pape saint Boniface 1er, en 422, disait à Rufus, évêque de Thessalonique : « Jamais, en effet, il n’a été permis de traiter à nouveau ce qui a été décidé une fois par le Siège apostolique. »

Sur ce sujet, la tradition est lumineuse. Pour affirmer que les évêques ont en communion avec le pape une juridiction habituelle, de droit divin, sur l’Église universelle, il faut forcer les textes et nier les faits. « C’est confirmer, dit le pape, les prérogatives pontificales du pontife romain, lesquelles comportent toute l’autorité nécessaire au gouvernement universel de l’Église que de déclarer quels sont les pouvoirs de l’Épiscopat et comment ils doivent être exercés. » Comment les confirmer sinon en affirmant avec toute la tradition qu’il est seul à avoir ces prérogatives et que les évêques n’ont un pouvoir que sur des Églises particulières, pouvoir propre, de droit divin, mais dont l’exercice ne peut avoir lieu que par l’autorité du pape. En effet, si le pape a toute l’autorité nécessaire à sa charge, elle n’est donc pas partagée.

Vouloir tirer exemple et argument du Concile pour prouver cette affirmation, c’est chercher un bien mauvais argument, qui conclut trop et, par conséquent, ne conclut rien. Il conclurait en effet au droit divin des évêques d’être en quasi-concile permanent, c’est-à-dire au droit divin des évêques de gouverner habituellement l’Église universelle avec le pape, ce qui est évidemment contraire à toute la tradition, ce qui équivaudrait à dire que l’Église a ignoré sa Constitution pendant dix-neuf siècles ou que les papes ont frustré les évêques d’un pouvoir qu’ils tenaient de Notre Seigneur lui-même. Autant d’absurdités !

L’histoire montre au contraire que les conciles n’ont jamais eu le caractère d’institution permanente et que les conciles ont rejeté les propositions, tant à Trente qu’au Vatican I, qui tendaient à demander des conciles oecuméniques convoqués à période fixe.

Le désir conforme à cette affirmation qui s’est manifesté dans le concile de Vatican II est celui du droit qu’auraient des délégués élus par l’épiscopat de siéger auprès de Pierre d’une manière permanente afin d’exercer le droit divin qu’ont les évêques unis au pape sur l’Église universelle. Si ce droit existe vraiment, le pape doit évidemment accepter ce conseil épiscopal et ne peut le refuser. Or que dit Notre Saint-Père le pape Paul VI ? « Naturellement nous nous ferons une joie de choisir dans les rangs de l’épiscopat mondial et des ordres religieux, comme cela se fit pour les commissions préparatoires du Concile, des Frères distingués et compétents qui, avec des membres qualifiés du Sacré-Collège, nous apporteront aide et conseil pour traduire en règles adaptées et détaillées les décisions générales arrêtées par le concile du Vatican. L’expérience et l’aide de la divine Providence nous indiqueront comment rendre plus efficace dans la suite le concours cordial et dévoué des évêques pour le service de l’Église universelle. »

Aucune allusion à un droit des évêques, à une élection de délégués par les Conférences épiscopales, au contraire le pape indique qu’il se fera une joie (non un devoir) de choisir (non d’accueillir) comme cela se fit pour les commissions préparatoires du Concile (c’est-à-dire selon le choix du pape seul et non comme cela se fit pour les commissions du Concile où deux tiers sont élus) ». Tous les mots ont été pesés et étudiés attentivement.

Que reste-t-il de la collégialité habituelle du pape et des évêques ? Sinon une communion de foi, de charité, dans l’exercice d’une Mission universelle pour le pape et particulière pour les évêques ; sollicitude pour tous envers l’Église universelle, mais responsabilité diverse selon l’extension des pouvoirs et leur exercice.

Le pape n’aborde pas la question des Conférences épiscopales,mais on peut dire de même que la collégialité au niveau des groupes d’évêques a subi de sérieuses amputations au cours de la session et qu’en définitive il n’en reste plus également qu’un sens de communauté fraternelle, de mise en commun d’efforts bénévoles pour des buts précis, mais qui n’affectent en rien le pouvoir de chaque pasteur dans son diocèse et ne diminue pas sa responsabilité. Les évêques allemands, hollandais, américains l’ont clairement affirmé, qui cependant s’étaient montrés pour la plupart ardents défenseurs de la collégialité avec le successeur de Pierre pour le gouvernement de l’Église universelle.

Bref aperçu historique sur la primauté de Pierre

Il est instructif et salutaire à l’occasion des paroles du souverain pontife sur l’épiscopat de se reporter à l’Évangile et à toute l’histoire de l’Église, en particulier l’histoire des conciles. Déjà les pharisiens se scandalisaient des honneurs rendus à Notre Seigneur par la foule et lui disaient : « Maître, réprimandez vos disciples », et Notre Seigneur leur répondait : « Je vous l’affirme si eux se taisent les pierres parleront » (Lc 19,39).Vous voyez bien, dirent alors les pharisiens, nous n’arrivons à rien, tout le monde le suit (Jn 12,19). Or ceci est vrai de nombreux conciles, c’est au pouvoir de l’évêque de Rome, du Vicaire du Christ que bien des objections s’adressent, quand elles ne se transforment pas en hérésies. Luther a pris la succession des pharisiens, après Wiclef (XIVe siècle), après les Vaudois (XIIe siècle), après Michel Cérulaire (XIe siècle). Ils se sont tous attaqués au pouvoir du Vicaire du Christ, mais ce fut chaque fois en vain, le résultat fut au contraire une affirmation plus ferme de l’autorité souveraine du pape et de son infaillibilité.Au concile de Vatican I, on assista au même processus : malgré l’appui de certains gouvernements qui prenaient ombrage de l’autorité du pape, la primauté du pape et son infaillibilité furent proclamées.

Nous assistons aujourd’hui au même phénomène sous des aspects différents : avec l’argument d’une collégialité renforcée, qui se présente comme un argument dogmatique, avec des critiques sur la Curie romaine et spécialement contre le Saint-Office, on s’efforce d’imposer au pape un conseil épiscopal élu, obligatoire de droit divin pour partager son gouvernement.

À l'extérieur du Concile dans la presse, au cinéma, on s’efforça de critiquer la papauté. C’est Pie XII qui est pris à partie dans la pièce Le Vicaire. À la télévision, en France, le dimanche même où le Saint-Père se trouve à Nazareth, un religieux dénonce la papolâtrie et le pape-idole. Enfin, un « maître en théologie » écrit qu’il « éprouvait la nausée en entendant sans cesse au Concile rappeler le Tu es Petrus » (ICI, 15 décembre 1963).

Mais ce sont les petits et les humbles qui ont raison, ce sont les foules de Jérusalem et de Rome acclamant le Vicaire du Christ qui d’instinct saisissent la grandeur et la suavité de ce père qui nous est donné en la personne du Successeur de Pierre. Que demain le pape se rende aux États-Unis ou aux Indes, des millions d’âmes se précipiteront pour voir celui qui est le vrai Pasteur universel sur cette terre et le supplier de les bénir. Il faut avoir l’esprit des pharisiens ou de Luther pour leur reprocher cette manifestation d’amour filial.

Du Concile ne peuvent résulter que l’illustration du pouvoir de Pierre comme Vicaire du Christ, Pasteur de l’Église universelle, et du pouvoir des évêques comme pères et pasteurs des âmes qui leur sont confiées, l’illustration de l’intime communion « entre les évêques et le souverain pontife et les évêques entre eux » comme des membres unis à la tête dans l’assemblage d’un seul corps (Conc. Vat. 1, La Foi catholique, n° 469, Dumeige), « travaillant avec Pierre et sous lui au bien commun et à la fin suprême de l’Église elle-même, si bien que la connexion hiérarchique s’en trouve renforcée et non affaiblie, la collaboration interne resserrée et non pas relâchée, l’efficacité apostolique accrue et non pas affaiblie, l’amour réciproque rendu plus ardent et non pas attiédi ». Ce sont les propres paroles du souverain pontife Paul VI.

c) De la Vierge Marie

Enfin le troisième exemple dont parle le Saint-Père est celui de la Vierge Marie. Ici encore le souverain pontife n’hésite pas à donner une orientation claire. Les acclamations des pères du Concile à l’audition de ce passage ont été significatives. « De même, dit le Saint-Père, pour le schéma concernant la Sainte Vierge nous espérons (qui désormais n’espère pas avec le successeur de Pierre ?) la solution qui convient le mieux à ce Concile, à savoir la reconnaissance unanime et fervente de la place absolument privilégiée que la Mère de Dieu occupe dans la Sainte Église, objet principal du présent Concile. Marie y occupe après le Christ la place la plus élevée et en même temps la plus proche de nous si bien que nous pourrions l’honorer du titre de Mater Ecclesiæ pour sa gloire et notre réconfort. »

Qui osera, après ces paroles, reléguer la Vierge Marie en dernière place dans le schéma de l’Église ou même en appendice ou n’en parler que par quelques allusions ? C’est en ces lignes que le Saint-Père se montre le plus affirmatif et indique de la manière la plus nette sa pensée et son désir.

Que Dieu soit loué qui a fondé son Église sur Pierre. Nous vivons des moments où le surnaturel, où l’action de l’Esprit Saint est visible, tangible. Qu’on interroge les observateurs du Concile ; ils n’auront pas de termes assez expressifs pour nous féliciter et nous envier d’avoir un évêque à qui a été donné le pouvoir suprême sur l’Église, un évêque vers qui nous tourner lorsque le doute ou les ténèbres nous accablent et en qui nous sommes assurés d’avoir la lumière. « Simon, Simon, voici que Satan va vous passer au crible comme le froment, cependant j’ai demandé pour toi que ta foi ne défaille pas, et toi quand tu seras converti, affermis tes frères » (Lc 22, 32)

C’est ce que le pape Paul VI, le successeur de Pierre, vient de faire par ce mémorable discours de clôture de la deuxième session du concile Vatican II.