31 mars 2017

[Abbé Xavier Beauvais, fsspx - Acampado] Dites-moi les jeunes, avez-vous pensé à la vocation?

SOURCE - Abbé Xavier Beauvais, fsspx - Acampado - avril 2017

S'il fallait décrire la caractéristique du Bon Pasteur et donc celle du sacerdoce de Notre Seigneur Jésus-Christ, on pourrait la résumer en un don de soi à Dieu et aux âmes. Malgré la faiblesse humaine qui joue là plus qu'ailleurs, le sacerdoce de Jésus-Christ est un don de soi à Dieu et aux âmes. Si le prêtre oublie cela, la conséquence pour lui et pour les autres ne peut être que dé- plorable. il n'amoncellerait que des ruines, ruines, on le sait qui se restaurent moins vite que les ruines de guerre dans les villages dévastés. le sacerdoce - être prêtre - ce n'est pas une affaire, on y gagne trop peu et quand même on y gagnerait quelque chose, c'est un crime que de juger le sacerdoce à sa valeur commerciale et au taux plus ou moins élevé dont il paie le capital qu'on y engage. il n'est pas non plus un refuge pour les imbéciles, les fainéants, les timorés, tous ceux qui manquent d'initiative. ii n'est pas un fauteuil bien capitonné où mollement l'on vient s'asseoir pour une longue sieste. il n'est pas la barque confortable et savamment équilibrée, où dans une manœuvre facile, on peut bercer son rêve humain le long de la traversée. il n'est pas une voie de garage contre le mal, contre le risque de vivre et où on se retirerait pour être tranquille et finir en paix ses jours. il n'est pas un refuge en cas de dépit amoureux, il n'est pas une manière de prospérer sans travailler, de dominer sans valoir, d'être noble sans ancêtre. il est aux âmes et à Dieu, le don de soi. 
     
Aux jeunes qui liront ces lignes, à quoi en vous le sacerdoce s'adresse-t-il ? lorsque son appel se fait entendre, à quoi en vous s'adresse-t-il ? Quelle corde doit-il faire vibrer ? Quelle résonance éveiller ? Et quoi, en vous, lui répond, si quelque chose y répond ? S'il était une affaire, il s'adresserait à votre instinct commercial. S'il était un refuge, il s'adresserait à votre peur de vivre. S'il était un fauteuil, il s'adresserait à votre paresse. S'il était une voie de garage, il s'adresserait à votre besoin de sécurité. S'il était ceci ou cela encore qu'il n'est pas, il s'adresserait à votre orgueil. Et ce serait une pitié que de vous entendre lui répondre, un effroi de voir gravir ces jeunes gens avec de telles dispositions, les degrés qui montent vers le Saint des Saints. il est un don de soi, c'est ce qui définit le Bon Pasteur.
     
C'est à votre foi qu'il parle, vous suppliant au nom de cette même foi, de regarder le monde, de comprendre l'immensité de la besogne dans un tel monde sans Dieu, et de compter avec certaine angoisse, sur les champs illimités, les trop rares pasteurs au travail. C'est à votre conscience aussi, à votre sens de la beauté morale, parce que dans cette conscience se formule le devoir, précis quand on est loyal, vaste quand on est généreux. C'est enfin à votre cœur surtout : cœur d'enfant, cœur de jeune. C'est, en effet, le cœur qui dicte les grandes réponses aux grands appels. En lui se préparent les grands dévouements, se conçoivent les initiatives superbes. C'est là aussi qu'est la douleur, et c'est là enfin qu'est l'amour. C'est dans son cœur de femme que Marie-Madeleine entendit l'appel au pardon. C'est dans son pauvre cœur d'homme que le larron entendit l'appel au repentir. C'est dans son cœur de jeune homme malheureux que le Prodigue entendit l'appel au retour. Et si ce n'est pas dans leur cœur d'abord que les pécheurs du lac ont entendu l'appel, ce fut bien, finalement, dans leur cœur, qu'ils durent l'entendre le jour où répondre, c'était, en se donnant, se donner jusqu'à la mort. C'est dans son cœur que saint Paul l'entendit. C'est de son cœur que jaillit le cri « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? ». C'est dans son cœur que le jeune riche de l'Evangile l'entendit, et c'est faute de cœur qu'il ne sut pas répondre. Combien de jeunes aujourd'hui, il faut bien l'avouer, sont secs, égoïstes. Faute de cœur, ils ne comprennent plus le don d'eux-mêmes. 
      
Il faut vouloir pourtant donner beaucoup. Votre foi, votre conscience, votre cœur qui seuls, jeunes gens, doivent, en vous révélant le vrai sens du sacerdoce, vous faire répondre à son appel doivent aussi vous encourager - puisqu'il est un don de soi - à apporter le plus possible. Nos ressources, il est vrai, ne dépendent pas de nous. Mais en un sens elles en dépendent. il y a des valeurs qu'on ne peut se donner. Mais il y en a que, pouvant se les donner, on ne se les donne pas. 
     
Il s'agit - pour les élus du sacerdoce - d'exploiter leurs ressources, de juger de leurs possibilités, avec le devoir, généreusement reconnu, d'offrir beaucoup au sacerdoce, parce que quoiqu'on lui offre, ce n'est jamais assez. le sacerdoce, c'est le don de soi. 
     
Et comment, prêtres nous-mêmes, ne pas nous sentir désolés, scandalisés presque, lorsque, en route vers le sacerdoce où ils devront se donner, les jeunes élus semblent gaspiller leurs ressources ou ne guère se soucier de les garder en les développant ? le jour venu, qu'aurontils à donner ? Du creux de leurs deux mains, que laisseront-ils sur la pierre de l'autel, pour l'offrande ? Du génie, de l'éloquence, on ne leur en demande pas, s'ils n'en ont pas. Mais, on leur demande du travail, de la conscience, du bon sens, de la piété, de l'effort vertueux. C'est une souffrance, quand on aime, de ne pas pouvoir tout ce qu'on veut. On se console en faisant tout ce qu'on peut. A ce prix seulement, la conscience est en paix. les grands moments d'une jeunesse appelée, c'est quand l'adolescent, pensif et grave, seul devant Dieu se regarde l'âme et se dit : « Au sacerdoce qu'apporterai-je ? » Sa conscience lui répond : « Ce que tu prépares ». les riches, au temple apportent leur agneau, les pauvres, la paire de tourterelles. ii est des cas où ceci vaut cela, et même plus. Mais il est des cas où non. Parce qu'il est des cas où la pauvreté n'est que de la paresse coupable, et où la richesse serait le devoir rigoureux.
     
Nous ne jugeons personne. Nous faisons appel à tous. Et aux jeunes que Dieu appelle, nous disons : le sacerdoce est un don de soi. Mettez-vous à même, en vous donnant, de donner quelque chose. Quoi ? Non pas une fortune, non pas des talents ou des aptitudes toutes particulières. Non ! Mais votre âme au moins. Même s'il n'y avait qu'elle à donner, eh bien donnez votre âme. C'est elle le principal. On peut vous dispenser du reste si vous ne l'avez pas. On ne vous dispense pas de votre âme. Et durant les années de préparation sacerdotale, on ne dispense pas les séminaristes de la préparer car, le matin du sacerdoce, ni Dieu, ni l'Eglise, ni le monde ne peuvent les dispenser de donner cette âme.
     
Enfin aux parents : qu'avons-nous à dire, nous, prêtres?
     
Nous avons à vous dire : «le sacerdoce est le don de vos enfants aux âmes et à Dieu». Il s'impose donc d'abord à vous de ne pas empêcher que cela se réalise. il ne suffit pas de reconnaître en principe, la beauté morale du don de soi à quelque noble cause, ni d'admettre que la personne humaine, arrivée à un point de son développement, ait le droit d'être elle-même selon ses aptitudes ou sa destinée reconnue, il faut en logique et en honnê- teté, si la question se pose, permettre que ces choses soient: même s'il s'agit d'un fils, même s'il s'agit du plus aimé des fils, même s'il s'agit d'un fils unique et même si ce fils veut être prêtre. les jardiniers respectent la loi des graines, les parents doivent respecter la loi vitale de leur fils et s'il est vrai qu'un jour, par goût réfléchi, par conscience éclairée, sous une poussée de Dieu, l'enfant songe à se donner dans le sacerdoce, où prendront-ils l'autorité de l'obliger à un autre rêve en lui interdisant celui-là?
     
A qui est un enfant ? A Dieu d'abord. A lui-même ensuite. A ses parents enfin. Et cet ordre est inviolable. il est hélas violé parfois, par ceux-là même qui ont constitué un foyer chrétien, par ceux-là même qui ont veillé à l'éclosion d'une vie chrétienne. De quel droit le faire ? De quel droit, si des parents le font, s'en justifier, se prétendre tranquilles et chrétiens quand même ? De quel droit permettre à un fils de se donner à n'importe qui, sauf à Dieu ? De quel droit, divin ou humain, social, maternel ou paternel, obliger quelqu'un, même son enfant, à s'user lui-même en se dévorant d'égoïsme, quand sa loi intime la plus sacrée serait de s'user en se livrant comme prêtre à Dieu et aux âmes? 
     
De quel droit? ... S'impose à vous, chers parents, l'obligation de ne pas non plus fausser la définition du sacerdoce dans la conscience de vos enfants. C'est si facile pourtant, et hélas, trop fréquent, inconsciente légèreté, ambition sotte, manque de sens chrétien, qu'importe la chose, si le résultat est là, qui fait un peu honte et qui navre. Supposez - et ce n'est pas calomnie - supposez des parents qui devant leur enfant disent et redisent : « le sacerdoce c'est un bon métier », d'où viendrait au petit, l'idée du sacerdoce «don de soi»?
     
S'ils disent: «Paresseux comme tu es, chétif, bon à rien, tu ne peux faire qu'un prêtre!», comment croira-t'il à la noblesse de son rêve ? S'ils disent: «riches comme nous sommes, intelligent comme tu l'es et capable d'être quelqu'un dans la vie, tu ne peux pas être prêtre » ; comment l'enfant verra-t-il dans le sacerdoce, un dévouement ? Ainsi parler en toute occasion, c'est éteindre des étoiles, et c'est en défigurant le sacerdoce dans une jeune âme qui en rêve, commettre contre ce rêve divin un péché dont les suites ne se peuvent calculer. S'impose alors l'obligation de permettre au sacerdoce de vos fils, un don aussi beau qu'il peut l'être. Aimez-vous Dieu ou ne l'aimez-vous pas ? De la réponse tout dépend. Je n'envisage que la première question. Si vous aimez Dieu...
      
On ne se moque pas des gens qu'on aime ; on ne trouve pas que tout soit toujours assez bon pour ceux qu'on aime. Dieu, quand on l'aime, s'il demande un fils, qu'en fera-t-on ? On ne le refusera pas. Mais est-ce assez ce non-refus si on aime ? Jamais trop beau, jamais trop bon, jamais trop pur, l'enfant qu'on prépare pour Dieu. Sur cette donnée, tout un travail paternel et maternel se poursuit. Non seulement, on n'en veut pas à Dieu de ce qu'il prend le meilleur - si c'est le meilleur qu'il prend - mais on se félicite de ce que le choix tombe si bien. les vrais parents chrétiens pensent qu'à plus noble service doivent répondre plus nobles serviteurs, que ce n'est pas enfouir ses capacités que de les employer pour Dieu dans l'Eglise et qu'il y aurait blasphème insultant, entre deux fils, à choisir pour Dieu le moindre. « Je ne sais qu'en faire, prenez-le ». On ne dit pas de pareilles choses, on ne les pense pas quand on aime vraiment Dieu. Dans les larmes mêmes du sacrifice, il y a pour un père et une mère, une légitime fierté à se dire : « il a tout pour lui, Dieu le veut. il s'y connaît. le meilleur à garder, mais le plus beau à offrir. Tant mieux!».
      
En outre, si des parents aiment Dieu, quand Dieu choisit leur fils, ils aident à la mise en valeur du sujet, pour qu'au matin du sacerdoce, à la présentation au pied des autels, le nouveau prêtre ait du laurier à sa couronne, le laurier du savoir et du talent, s'il se peut, et toujours comme il se doit le laurier plus sacré d'une vertu intacte ou retrouvée, d'une âme loyale et généreuse, d'un dévouement qui attend son heure. 
      
Les parents peuvent beaucoup pour la préparation de l'enfant à son avenir sacerdotal. ils peuvent tellement que sans eux, la tâche ne se réalise jamais en perfection, et qu'à cause d'eux hélas, trop souvent, elle est compromise sans retour. Que peuvent-ils ? Deux derniers mots : ils peuvent garder ; garder à sa pureté une jeune fille, garder à son intégrité morale un jeune homme, vous savez, vous parents, ce que c'est aujourd'hui. Mais garder un appelé de Dieu à son idéal, un cœur de dix-huit ans à sa chasteté, garder, dans le monde, un enfant qui ne soit pas du monde, vous en devinez j'espère le problème, les risques, les échecs possibles.
     
Or nul, mieux que les parents ne peut garder. Ils font l'âme de la maison, ils créent son atmosphère. ils constituent autour de cette jeune conscience tremblante et menacée, la vigilance discrète sans laquelle tant de périls deviennent mortels.
       
Combien à vingt-cinq ans ou plus, ne se donneraient pas si à dix-huit ans, les parents ne les gardaient pas. ils peuvent encourager, et ce n'est pas inutile. A peu près toujours, les jeunes gens que Dieu appelle, sont un peu solitaires dans la vie. ils représentent dans leur génération, l'exception. S'ils ne poussent pas contre le vent, sur le rivage désert, ils ne poussent pas non plus ensemble dans l'épaisse forêt. leur ascension représente un effort constant, une lutte sans arrêt contre les milieux hostiles. Et souvent ils tremblent, ils hésitent, ils ont peur. leur propre poids les écrase, la hauteur où porter leur cime les décourage. Voilà ce qu'il était peut-être utile de dire, à l’heure où manquent tant les prêtres. il faut aider nos vocations en les suscitant, les gardant, les protégeant.
     
Seigneur, donnez-nous beaucoup de saints prêtres
     
(sources : oeuvres du R.P. Bellouard O.P. )

[Paix Liturgique] En Italie, la liturgie traditionnelle permet la renaissance d'un sanctuaire eucharistique

SOURCE - Paix Liturgique - lettre 588 - 31 mars 2017

Le jour de Pâques 1171, dans une église de Ferrare, au moment où le célébrant rompt l’hostie lors de la fraction du pain, celle-ci se transforme en chair et un puissant jet de sang arrose la voûte qui surplombe l’autel. Reconnu par l’Église, ce miracle eucharistique fera de l’église Sainte-Marie in Vado un sanctuaire prisé des habitants de la région jusqu’à ce qu’en 2012 un tremblement de terre n’endommage l’édifice et conduise à sa fermeture. Rouvert partiellement fin 2013, le sanctuaire, qui n’était plus desservi que par deux missionnaires originaires de Tanzanie, est depuis la rentrée 2016 confié à la fraternité sacerdotale Familia Christi dont les jeunes prêtres célèbrent la forme extraordinaire du rite romain. Et le lieu de culte, jusque-là déclinant, reprend vie.
I – FOI, TRADITION ET MESSE EN LATIN : LA RENAISSANCE DE SAINTE-MARIE IN VADO
Dimanche 26 mars 2017, article de Luigi Pansini pour le quotidien Il Resto del Carlino.

À Ferrare, les membres de la Familia Christi, société sacerdotale reconnue le 8 septembre 2016 par l’archevêque, Mgr Negri, ont redonné vie au sanctuaire du Très Précieux Sang, endommagé par le séisme de mai 2012.

Don Matteo est à Ferrare. Avec sa longue soutane noire et, bien entendu, son vélo. Sauf qu’il ne s’agit pas de Terence Hill jouant la comédie (NdT: l’acteur incarne depuis 2000 la figure d’un prêtre de campagne pour une série télévisée italienne à succès) mais d’un vrai prêtre catholique. Ou, plus exactement, de sept qui, depuis octobre 2016, veillent aux destinées du sanctuaire de Sainte-Marie in Vado sous le signe du retour à la Tradition. Immédiatement reconnaissables à leur soutane, les membres de la Familia Christi ont pris le relais des Missionnaires du Précieux-Sang, repartis en Tanzanie. Accueillis en septembre dernier par Mgr Negri, ils sont jeunes (le vicaire, don Emanuele, a 32 ans), nombreux (17 en comptant les séminaristes) et bien décidés à faire resplendir de nouveau le sanctuaire du Très Précieux Sang après les dégâts provoqués par le tremblement de terre.

Logés dans l’ancien couvent des Jésuates (NdT : ordre mendiant supprimé par Clément IX en 1668) en raison de l’inaccessibilité du presbytère, on les voit chaque matin prendre le chemin de l’église pour la messe en latin. En effet, et c’est unique en Italie (*), ils ont fait de la liturgie traditionnelle, désormais appelée « forme extraordinaire du rite romain », le quotidien de la paroisse. De la sacristie sortent chandeliers astiqués et chasubles. Le banc de communion est réapparu pour l’eucharistie, la barrette comme couvre-chef du prêtre et, lors des célébrations solennelles, le chant grégorien. Un retour au passé anachronique aux yeux, et aux oreilles, du profane ?

« En réalité, nous n’avons fait qu’ajouter notre offre à celle de la forme ordinaire qui est maintenue. Plus qu’un obstacle, la redécouverte de nos racines en liaison avec la tradition est un enrichissement » explique le curé, don Riccardo Petroni. La compréhension est selon lui un faux problème car devant Dieu c’est le mystère qui prévaut : « La communication ne passe pas seulement à travers la langue. Les gestes, les sons, les parfums sont autant de codes bien plus universels auxquels la liturgie sait recourir. La rendre immédiatement compréhensible signifie lui retirer sa nature propre, à savoir sa dimension surnaturelle. »

« La musique la plus diffusée est l’anglais et, loin d’éloigner les jeunes, elle les incite à s’y intéresser » ajoute don Emanuele : « Il faut s’affranchir d’une certaine aversion idéologique envers le latin et d’une conception erronée qui veut que comprendre une parole signifierait automatiquement la faire sienne. »

(…)

Et les fidèles, jusqu’ici plus habitués aux accents africains, comment ont-ils réagi ? Plusieurs, mal à l’aise face à l’audacieuse nouveauté, ont changé d’église. Certains, initialement déboussolés, sont revenus. D’autres s’habituent peu à peu. « Une dame me demandait comment nous pouvions être aussi joyeux alors que nous prions en latin » s’amuse don Matteo. « Comme s’il y avait contradiction ! Elle fait maintenant partie de nos fidèles assidus ».

Ici, l’habit fait décidément le moine. « Il s’agit d’un élément immédiat d’identification. Il devient plus facile de nous demander conseil ou de nous lancer une insulte », rigole don Riccardo. En somme, il ne manque que le saturne, le chapeau à large bord ? « Non, il n’a rien d’obligatoire, il ne sert que pour se promener. Si on doit servir d’épouvantail, autant bien le faire ! » Et le dialecte romain de chasser le latin.
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(*) C’est vrai si l’on considère les paroisses territoriales, mais rappelons l’existence de la paroisse personnelle de la Trinité des Pèlerins à Rome confiée en 2008 par Benoît XVI à la Fraternité Saint-Pierre et la célébration quotidienne de la messe dans quelques églises non paroissiales.
II – LES COMMENTAIRES DE PAIX LITURGIQUE
1) Désormais émérite, l’archevêque de Ferrare-Comacchio, Mgr Luigi Negri, fait partie des prélats italiens ayant accueilli avec bienveillance le motu proprio Summorum Pontificum en 2007. À l’époque évêque de Saint-Marin-Montefeltro, il avait immédiatement remercié le pape Benoît XVI pour son « geste exemplaire ». En 2011, lors d’une visite du Saint-Père dans son diocèse, la messe célébrée pour l’occasion avait frappé les observateurs par le grand recueillement de la foule : « Pour la première fois depuis bien longtemps », commentions-nous dans notre lettre 297, « la quasi-totalité des fidèles assistant à une messe papale ont communié sur les lèvres et même souvent à genoux, répondant volontiers au rappel fait par haut-parleurs des normes liturgiques en vigueur pour la communion. » Bien que n’ayant jamais célébré lui-même la forme extraordinaire de façon pontificale, rappelons aussi que Mgr Negri avait délivré, en 2015, un superbe sermon au peuple Summorum Pontificum rassemblé en la basilique vaticane (à lire ici). Atteint par la limite d’âge, Mgr Negri a présenté sa démission fin 2016. Qui a été immédiatement acceptée…

2) Issue d’une association de fidèles liée au Serviteur de Dieu don Giuseppe Canovai (1904-1942), prêtre romain rappelé à Dieu à 38 ans alors qu’il était conseiller de nonciature en Argentine, la Familia Christi est désormais une société de vie apostolique érigée dans l’archidiocèse de Ferrare, sous statut Ecclesia Dei (comme sont en France les Missionnaires de la Miséricorde, du diocèse de Fréjus-Toulon). Composée essentiellement de jeunes romains, la Familia Christi est guidée par don Riccardo Petroni, désormais curé de Sainte-Marie in Vado. Mal vue à Rome par le Vicariat (1) car trop traditionnelle, trop dynamique, et trop bien insérée dans le paysage sacerdotal de la Péninsule où les cloisonnements sont bien moins étanches qu’en France, la Familia Christi bénéficiait depuis plusieurs années du soutien de Mgr Negri qui avait accueilli quelques-uns de ses séminaristes quand il était encore à Saint-Marin. En tant que nouvelle communauté traditionnelle née d'un prêtre et de séminaristes diocésains, on pourrait tout à fait parler de communauté Summorum Pontificum, formant des prêtres prêts à l'exercice paroissial.

3) À Rome, ayant été éloigné de la paroisse où il était vicaire pour l’aumônerie d’un hôpital, don Riccardo Petroni avait obtenu des autorités civiles la permission de célébrer la messe traditionnelle en la chapelle du Palais Altemps, superbe musée de sculptures antiques situé entre le Tibre et la place Navone. Le lieu ne relevant pas de son autorité, le Cardinal-Vicaire n’avait pas pu s’y opposer.

4) Il convient sans doute de laisser du temps au temps pour juger de la solidité et de l’ampleur réelle du renouveau impulsé à Sainte-Marie in Vado par l’arrivée de la Familia Christi. Bien entendu, pour les derniers fidèles du sanctuaire, qui s’étaient habitués à leurs missionnaires venus de Tanzanie, le changement a été important. Alors que les jeunes prêtres italiens se font rares – les vocations y restent encore bien plus nombreuses qu’en France mais, en proportion, le vieillissement du clergé y est comparable –, voici tout d’un coup qu’en arrivent sept, accompagnés d’une dizaine de séminaristes. Jeunes, Romains – donc directs et volontiers gouailleurs dans leur approche – et, encore plus inattendu !, traditionnels... Comme le relève l’auteur de l’article, la nouveauté avait de quoi déboussoler même les fidèles les mieux disposés. Concrètement, comme toujours en matière de liturgie traditionnelle, une fois tombés les premiers préjugés, la greffe traditionnelle commence à prendre : la renaissance du sanctuaire, au rythme de la forme extraordinaire du rite romain, n’en est qu’à ses débuts. Nous aurons certainement l’occasion d’y revenir.
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(1) Évêque de Rome en titre, le Pape est représenté en pratique par un Cardinal-Vicaire, Depuis 2008, ce Vicaire est Mgr Agostino Vallini, intimement hostile à la diffusion de la messe traditionnelle en dehors de la paroisse personnelle. Il arrive en fin de mandat cette année.

30 mars 2017

[Confraternité Saint Pierre] "On reconnaîtra mes disciples à ce qu'ils s'aiment..."

SOURCE - Confraternité Saint Pierre - mars 2017

Chers amis membres de la Confraternité,

On reconnaîtra mes disciples à ce qu'ils s'aiment! Dans les premiers siècles de l'Eglise, les païens selon Tertullien disaient des chrétiens, voyez comme ils s'aiment! Pourrait-on toujours dire cela aujourd'hui au sein de nos familles ou de nos communautés? Cette charité entre frères qui devrait être notre signe de reconnaissance pourrait être une belle résolution de Carême, puisqu'il faut bien prendre des résolutions de Carême, dont l'une doit regarder la charité à l'égard du prochain.

Au soir de la vie, nous serons jugés sur l'amour. Saint Jean de la Croix.

N'y aurait-il pas dans notre entourage une personne avec laquelle nous avons un peu plus de mal? Une personne qui nous semble insupportable pour mille et une raisons, et que nous avons de fait étiquetée comme telle depuis un certain temps déjà? Une personne dont nous aimons dire du mal, ou à laquelle nous aimons dire du mal, ou que même peut-être, nous souhaitons voir faire le mal pour pouvoir justifier notre animosité? Et bien c'est cette personne (au bureau ou à la maison) que peut-être nous pouvons choisir comme résolution charitable de Carême.

Que faire concrètement? Tâcher de la regarder avec les yeux avec lesquels le Seigneur la regarde. Le Chrétien doit s'efforcer de reproduire en lui la vie du Christ, afin de pouvoir dire avec Saint Paul, ce n'est plus moi qui vit, c'est le Christ qui vit en moi. Nous pouvons aussi prendre la résolution de prier pour elle de tout notre coeur pendant quarante jours, le premier transformé sera certainement nous-mêmes.

Souvenons-nous que le Seigneur Jésus que nous contemplerons avec émotion le vendredi saint donnant sa vie pour nous sur la Croix, ce Seigneur a donné sa vie pour cette personne avec laquelle nous avons pourtant tant de mal. Il l'a aimée et Il nous demande à sa suite de l'aimer et de nous rappeler que nous serons servis avec la même mesure avec laquelle nous aurons servis les autres. Alors au travail et tâchons de mettre beaucoup de charité autour de nous. Sans en attendre aucun retour comme le Christ qui dans sa passion n'a pas connu beaucoup de compassion ni de gratitude.

La Messe mensuelle à vos intentions sera célébrée le 20 mars prochain, fête reportée de saint Joseph.

Bon et saint Carême!

Nouvelles de la Fraternité

Le site internet du District de France fait peau neuve. Allez vite le visiter!

Nouvel apostolat dans l'Ile des saints: après Cork, la Fraternité assure depuis le mois de janvier, toujours à partir la Maison générale de Fribourg, une messe mensuelle le dimanche à la Cathédrale de Waterford en Irlande.

Le 11 février, dix séminaristes étaient ordonnés sous-diacres à Denton par Mgr Thomas Paprocki, évêque de Springfield, Illinois. Une semaine plus tard, sept étaient ordonnés sous-diacres à Wigratzbad par Monseigneur Schneider que l'on ne présente plus; parmi eux, quatre Français, un Italien, un Polonais et un Brésilien.

Après les toutes premières ordinations sacerdotales en Angleterre annoncée pour le mois de juin, ce sera au tour du Nigéria d'avoir lui aussi son premier prêtre ordonné "au pays" le 15 août prochain; en résumé, il y aura donc cet été des ordinations sacerdotales aux Etats-Unis, en Angleterre, en Allemagne et au Nigéria. Seigneur donnez-nous de saints prêtres!

Avec beaucoup d'avance: le pèlerinage de rentrée du séminaire de Wigratzabd aura lieu le 16 septembre prochain à Paray le Monial. Préparez-vous à venir rendre avec nous hommage au Sacré-Coeur. Nous en reparlerons.

Vous trouverez ici la lettre du Chapelain général de la Confraternité, l'abbé Armand de Malleray, à l'occasion de notre dixième anniversaire.

Pour les membres Québécois de la Confraternité, nous recommandons deux conférences de Monsieur Jean Sévillia à Montréal les 10 et 11 mars prochain à Montréal.

Coup de coeur enfin pour l'aumône de Carême: pour les bretons et tous ceux qui aiment la Bretagne, vous êtes invités à soutenir le Collège Notre-Dame des Flots de Brest dont l'abbé Courtois, FSSP, est l'aumônier. Tous les dons seront les bienvenus.

Nous recherchons comme l'an dernier des familles de bonne volonté pouvant accueillir un séminariste étranger, germanophone ou anglophone la veille du pèlerinage de Chartres à Paris. Il y en aura cette année beaucoup.

[Abbé Alain Lorans, fsspx - DICI] Un précieux soutien pour la croisade du rosaire

SOURCE - Abbé Alain Lorans, fsspx - DICI - 30 mars 2017

Le 23 septembre 1979, à l’occasion de son jubilé sacerdotal à Paris, Mgr Marcel Lefebvre lançait une croisade : « Il nous faut faire une croisade appuyée précisément sur cette notion de sacrifice, afin de recréer la chrétienté, refaire une chrétienté telle que l’Eglise la désire, l’a toujours faite avec les mêmes principes, le même sacrifice de la messe, les mêmes sacrements, le même catéchisme, la même Ecriture sainte ».

Le 2 juillet 2016, au cours des ordinations sacerdotales au séminaire de Zaitzkofen, Mgr Bernard Fellay annonçait une nouvelle croisade du rosaire du 15 août 2016 au 22 août 2017, qui doit s’achever par un pèlerinage international à Fatima, les 19 et 20 août, pour célébrer le centenaire des apparitions de Notre Dame aux trois pastoureaux.

Aujourd’hui paraît Le rosaire avec Mgr Marcel Lefebvre de l’abbé Patrick Troadec, qui apporte un précieux soutien à cette croisade. Dans sa préface, Mgr Fellay écrit : « Durant la croisade du rosaire qui a débuté le 15 août 2016, je souhaite ardemment que la récitation fervente de votre chapelet réponde aux intentions indiquées par Notre Dame, à savoir un accroissement de dévotion à son Cœur Immaculé pour en assurer le triomphe, et la consécration de la Russie à ce même Cœur Immaculé. » Aux intentions données par la Très Sainte Vierge, le Supérieur général a ajouté une intention particulière, lui demandant sa protection maternelle sur la Fraternité Saint-Pie X et tous ses membres, ainsi que sur les communautés religieuses de la Tradition.

Comme un écho de l’exhortation de Mgr Lefebvre, en 1979 : « C’est vous, mes bien chers frères, vous qui êtes le sel de la terre, vous qui êtes la lumière du monde, vous auxquels Notre-Seigneur Jésus-Christ s’adresse en vous disant : ‘Ne perdez pas le fruit de mon Sang, n’abandonnez pas mon Calvaire, n’abandonnez pas mon Sacrifice’. Et la Vierge Marie, qui est tout près de la Croix, vous le dit aussi. Elle qui a le cœur transpercé, rempli de souffrances et de douleurs, également rempli de joie de s’unir au Sacrifice de son divin Fils, Elle vous le dit aussi : ‘Soyons chrétiens, soyons catholiques!’».

Abbé Alain Lorans

Le rosaire avec Mgr Marcel Lefebvre, Via Romana, 150 p., 9 €.

[Cardinal Sarah - L'Homme Nouveau] Summorum Pontificum: la source de l'avenir

SOURCE - Cardinal Sarah - L'Homme Nouveau - 30 mars 2017

Du 29 mars au 1er avril se tiennent à Herzogenrath, au nord d'Aix-la-Chapelle, les 18èmes rencontres liturgiques de Cologne, organisées par l'abbé Guido Rodheudt. Ne pouvant être présent lors de cette rencontre, le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le Culte divin, a adressé aux organisateurs un message substantiel que nous reproduisons ci-dessous avec son autorisation.
Je désire avant tout remercier du fond du cœur les organisateurs du Colloque intitulé : « La source de l’avenir », à l’occasion du 10e anniversaire du motu proprio Summorum Pontificum du pape Benoît XVI, à Herzogenrath, car ils me permettent d’introduire votre réflexion sur ce sujet si important pour la vie de l’Eglise, et, plus particulièrement, l’avenir de la liturgie ; je le fais avec une grande joie. Je voudrais saluer très cordialement tous les participants à ce Colloque, en particulier les membres des associations suivantes, dont les noms sont mentionnés sur l’invitation que vous avez eu la grande bonté de m’envoyer, en espérant n’en oublier aucune. Il s’agit de l’Association Una Voce-Allemagne, du Cercle catholique des Prêtres et Laïcs des Archidiocèses de Hambourg et de Cologne, de l’Association Cardinal Newman, du Réseau des prêtres de la paroisse catholique sainte Gertrude de Herzogenrath. Comme je l’écrivais à M. l’abbé Guido Rodheudt, curé de la paroisse sainte Gertrude de Herzogenrath, je regrette beaucoup d’avoir dû renoncer à participer à votre Colloque à cause d’obligations qui sont survenues à l’improviste et se sont ajoutées à un agenda déjà bien chargé. Toutefois, croyez bien que je serai parmi vous par la prière : celle-ci vous accompagnera chaque jour, et, bien entendu, vous serez tous présents à l’offertoire de la sainte messe quotidienne que je célébrerai durant les quatre jours de votre Colloque, du 29 mars au 1er avril. Je vais donc de mon mieux introduire vos travaux par une brève réflexion sur la manière dont il convient d’appliquer le motu proprio Summorum Pontificum dans l’unité et la paix.
Restaurer la liturgie
Comme vous le savez, ce que l’on a appelé, au début du XXe siècle, le « mouvement liturgique », ce fut cette volonté du pape saint Pie X, exprimée dans un autre motu proprio, intitulé Tra le sollicitudini (1903), de restaurer la liturgie pour en rendre les trésors plus accessibles, et qu’elle redevienne ainsi la source d’une vie authentiquement chrétienne. D’où la définition de la liturgie comme « sommet et source de la vie et de la mission de l’Eglise »présente dans la Constitution sur la sainte Liturgie Sacrosanctum Concilium du concile Vatican II (n. 10). Et on ne répétera jamais assez que la liturgie, en tant que sommet et source de l’Eglise, trouve son fondement dans le Christ lui-même. En effet, Notre Seigneur Jésus-Christ est l’unique et définitif Souverain Prêtre de l’Alliance Nouvelle et Eternelle, puisqu’Il s’est offert lui-même en sacrifice, et « par une oblation unique a rendu parfaits pour toujours ceux qu’Il sanctifie » (cf. He 10, 14). Ainsi, comme le déclare le Catéchisme de l’Eglise catholique, « C’est le Mystère du Christ que l’Eglise annonce et célèbre dans la liturgie, afin que les fidèles en vivent et en témoignent dans le monde » (n. 1068). C’est dans ce cadre du « mouvement liturgique », dont l’un des plus beaux fruits fut la Constitution Sacrosanctum Concilium, qu’il convient de considérer le motu proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 2007, dont nous sommes heureux de célébrer cette année, avec grande joie et action de grâce, le dixième anniversaire de sa promulgation. On peut donc affirmer que le « mouvement liturgique » initié par le pape saint Pie X ne s’est jamais interrompu, et qu’il continue encore de nos jours à la suite de la nouvelle impulsion qui lui a été conférée par le pape Benoît XVI. A ce sujet, on peut mentionner le soin particulier et l’attention personnelle, dont il faisait preuve en célébrant la sainte liturgie en tant que pape, puis, ses références fréquentes, dans ses discours, concernant sa centralité dans la vie de l’Eglise, et, enfin, ses deux documents magistériels Sacramentum Caritatis et Summorum Pontificum. En d’autres termes, ce que l’on appelle l’aggiornamento liturgique (« aggiornamento » est un terme italien qui signifie littéralement : « mise à jour ». Nous avons fêté le cinquantième anniversaire de la Constitution sur la sainte Liturgie du concile Vatican II Sacrosanctum Concilium en 2013, puisque celle-ci a été promulguée le 4 décembre 1963) a été en quelque sorte complété par le motu proprio Summorum Pontificum du Pape Benoît XVI. De quoi s’agissait-il ? Le pape émérite établissait la distinction entre deux formes du même rite romain : une forme dite « ordinaire », qui concerne les textes liturgiques du Missel Romain révisés suivant les indications du concile Vatican II, et une forme dénommée « extraordinaire », qui correspond à la liturgie qui avait cours avant l’aggiornamento liturgique. Ainsi, actuellement, dans le rite romain ou latin, deux Missels sont en vigueur : celui du bienheureux Pape Paul VI, dont la troisième édition date de l’an 2002, et celui de saint Pie V, dont la dernière édition, promulguée par saint Jean XXIII, remonte à 1962.
Pour un enrichissement mutuel
Dans la Lettre aux évêques accompagnant le motu proprio, le pape Benoît XVI précisait bien que sa décision de faire coexister les deux missels n’avait pas seulement pour but de satisfaire le désir de certains groupes de fidèles attachés aux formes liturgiques antérieures au concile Vatican II, mais aussi de permettre l’enrichissement mutuel des deux formes du même rite romain, c’est-à-dire non seulement leur coexistence pacifique, mais encore la possibilité de les perfectionner en mettant en évidence les meilleurs éléments qui les caractérisent. Il écrivait notamment que « les deux formes d’usage du rite romain peuvent s’enrichir réciproquement: dans l’ancien Missel pourront être et devront être insérés les nouveaux saints, et quelques-unes des nouvelles préfaces… Dans la célébration de la messe selon le Missel de Paul VI, pourra être manifestée de façon plus forte que cela ne l’a été souvent fait jusqu’à présent, cette sacralité qui attire de nombreuses personnes vers la forme ancienne du rite romain ». C’est donc dans ces termes que le pape émérite manifestait son désir de relancer le « mouvement liturgique ». Dans les paroisses où le motu proprio a pu être mis en œuvre, les curés témoignent de la plus grande ferveur autant chez les fidèles que chez les prêtres, comme l’abbé Rodheudt lui-même peut en témoigner. On a pu noter également une répercussion et une évolution spirituelle positive dans la manière de vivre les célébrations eucharistiques selon la forme ordinaire, en particulier la redécouverte des attitudes d’adoration envers le Saint Sacrement : agenouillement, génuflexion…, et aussi un plus grand recueillement caractérisé par ce silence sacré qui doit marquer les moments importants du Saint Sacrifice de la messe pour permettre aux prêtres et aux fidèles d’intérioriser le mystère de la foi qui est célébré. Il est vrai aussi qu’il faut fortement encourager et faire œuvre de formation liturgique et spirituelle. De même, il faudra promouvoir une pédagogie parfaitement ajustée pour dépasser un certain « rubricisme » trop formel en expliquant les rites du Missel tridentin à ceux qui ne le connaissent pas encore, ou le connaissent d’une manière trop partielle et parfois… partiale. Pour cela, il est opportun et urgent de mettre au point un missel bilingue latin-langue vernaculaire, en vue d’une participation pleine, consciente, intime et plus fructueuse des fidèles aux célébrations eucharistiques. Il est aussi très important de souligner la continuité entre les deux missels par des catéchèses liturgiques appropriées... Beaucoup de prêtres témoignent qu’il s’agit d’une tâche stimulante, car ils sont conscients de travailler au renouveau liturgique, en apportant leurs propres pierres au « mouvement liturgique », dont nous parlions tout à l’heure, c’est-à-dire, en réalité, à ce renouveau spirituel et mystique, et donc missionnaire, voulu par le concile Vatican II, et auquel nous appelle avec vigueur le Pape François. La liturgie doit donc toujours se réformer pour être plus fidèle à son essence mystique. Mais la plupart du temps, cette « réforme » qui s’est substituée à la véritable « restauration » voulue par le concile Vatican II, a été réalisée avec un esprit superficiel et sur la base d’un seul critère : supprimer à tout prix un héritage devant être perçu comme totalement négatif et dépassé afin de creuser un abîme entre l’avant et l’après-Concile. Or, il suffit de reprendre la Constitution sur la sainte Liturgie et de la lire honnêtement, sans en trahir le sens, pour voir que le véritable but du concile Vatican II n’était pas d’engager une réforme qui puisse devenir l’occasion d’une rupture avec la Tradition, mais bien au contraire, de retrouver et de confirmer la Tradition en sa signification la plus profonde. De fait, ce que l'on appelle la « réforme de la réforme » et qu'on devrait peut-être appeler plus précisément « l’enrichissement mutuel des rites », pour reprendre une expression du magistère de Benoît XVI, est une nécessité avant tout spirituelle. Et elle concerne bien évidemment les deux formes du rite romain. Le soin particulier à apporter à la liturgie, l’urgence de tenir en haute estime et de travailler à sa beauté, sa sacralité et au maintien d’un juste équilibre entre fidélité à la Tradition et légitime évolution, et donc en rejetant absolument et radicalement toute herméneutique de discontinuité et de rupture ; ce sont là le cœur et les éléments essentiels de toute liturgie chrétienne authentique. Le cardinal Joseph Ratzinger a inlassablement répété que la crise qui secoue l’Eglise, depuis une cinquantaine d’années, principalement depuis le concile Vatican II, est liée à la crise de la liturgie, et donc à l’irrespect, à la désacralisation et à l’horizontalisation des éléments essentiels du culte divin. « Je suis convaincu, écrit-il, que la crise de l’Eglise, que nous vivons aujourd’hui, repose largement sur la désintégration de la liturgie » (Joseph Ratzinger, Ma vie. Souvenirs 1927-1977, Fayard, p. 135) Certes, le concile Vatican II a voulu promouvoir une plus grande participation active du peuple de Dieu et faire progresser de jour en jour, la vie chrétienne chez les fidèles chrétiens (cf. Sacrosanctum Concilium, n. 1). Certes, de belles initiatives ont été réalisées dans ce sens. Pourtant, nous ne pouvons pas fermer les yeux sur le désastre, la dévastation et le schisme que les promoteurs modernes d’une liturgie vivante ont provoqués en remodelant la liturgie de l’Eglise selon leurs idées. Ils ont oublié que l’acte liturgique est, non seulement une PRIÈRE, mais aussi et surtout un MYSTÈRE dans lequel se réalise pour nous quelque chose que nous ne pouvons comprendre pleinement, mais que nous devons accepter et recevoir dans la foi, l’amour, l’obéissance et un silence adorateur. Et c’est cela le véritable sens de la participation active des fidèles. Il s’agit non pas d’une activité seulement extérieure, d’une répartition des rôles ou des fonctions dans la liturgie, mais plutôt d’une réceptivité intensément active : la réception est, dans le Christ et avec le Christ, l’offrande humble de soi dans la prière silencieuse, et une attitude pleinement contemplative. La grave crise de la foi, non seulement au niveau des fidèles chrétiens, mais aussi et surtout chez nombre de prêtres et d’évêques, nous a mis dans l’incapacité de comprendre la liturgie eucharistique comme un sacrifice, comme l’acte identique, accompli une fois pour toutes par Jésus-Christ, rendant présent le Sacrifice de la Croix d’une manière non-sanglante, partout dans l’Eglise, à travers les divers temps, lieux, peuples et nations. On a souvent la tendance sacrilège de réduire la sainte messe à un simple repas convivial, à la célébration d’une fête profane et à une autocélébration de la communauté, ou pire encore, à un divertissement monstrueux contre l’angoisse d’une vie qui n’a plus de sens ou contre la peur de rencontrer Dieu face à face, parce que son regard dévoile et nous oblige à regarder en vérité et sans dissipation la laideur de notre intériorité. Mais la sainte messe n’est pas un divertissement. C’est le sacrifice vivant du Christ mort sur la Croix pour nous libérer du péché et de la mort et en vue de révéler l’amour et la gloire de Dieu le Père. Beaucoup ignorent que la finalité de toute célébration est la gloire et l’adoration de Dieu, le salut et la sanctification des hommes, puisque, dans la liturgie « Dieu est parfaitement glorifié et les hommes sanctifiés » (Sacrosanctum Concilium, n. 7). Cet enseignement du Concile, une majorité de fidèles – prêtres et évêques compris – l’ignorent. Tout comme ils ignorent que les vrais adorateurs de Dieu ne sont pas ceux qui, selon leurs idées et créativité, réforment la liturgie en vue d’en faire quelque chose qui plaise au monde, mais ceux qui, avec l’Evangile, réforment en profondeur le monde pour lui permettre d’accéder à une liturgie qui soit le reflet de la liturgie qui se célèbre de toute éternité dans la Jérusalem céleste. Comme l’a souvent souligné Benoît XVI, à la racine de la liturgie, se trouve l’adoration, et donc Dieu. Dès lors, il faut reconnaître que la grave et profonde crise qui, depuis le Concile, affecte et continue d’affecter la liturgie et l’Eglise elle-même, est due au fait que son CENTRE n’est plus Dieu et son adoration, mais les hommes et leur prétendue capacité à « faire » quelque chose pour s’occuper pendant les célébrations eucharistiques. Même aujourd’hui, un nombre important d’ecclésiastiques sous-estiment la grave crise que traverse l’Eglise : relativisme dans l’enseignement doctrinal, moral et disciplinaire, graves abus, désacralisation et banalisation de la sainte liturgie, vision purement sociale et horizontale de la mission de l’Eglise. Beaucoup croient et affirment haut et fort que le concile Vatican II a suscité un vrai printemps de l’Eglise. Cependant, un nombre croissant d’ecclésiastiques envisagent ce « printemps » comme un rejet, une renonciation de son héritage multiséculaire, ou même comme une remise en cause radicale de son passé et de sa Tradition. On reproche à l’Europe politique d’abandonner ou de nier ses racines chrétiennes. Mais la première à avoir abandonné ses racines et son passé chrétiens, c’est incontestablement l’Eglise catholique postconciliaire. Certaines Conférences épiscopales refusent même de traduire fidèlement le texte original latin du Missel romain. Certains réclament que chaque Eglise locale puisse traduire le Missel romain, non pas selon l’héritage sacré de l’Eglise et suivant la méthode et les principes indiqués par Liturgiam authenticam, mais selon les fantaisies, les idéologies et les expressions culturelles susceptibles, dit-on, d’être comprises et acceptées par le peuple. Mais le peuple désire être initié au langage sacré de Dieu. L’Evangile et la Révélation, eux-mêmes, sont « réinterprétés », « contextualisés » et adaptés à la culture occidentale décadente. En 1968, l’évêque de Metz, en France, écrivait dans son bulletin diocésain une effroyable énormité qui était comme la volonté et l’expression d’une rupture totale avec le passé de l’Eglise. Selon cet évêque, nous devons aujourd’hui repenser la conception même du salut apporté par Jésus-Christ, car l’Eglise apostolique et les communautés chrétiennes des premiers siècles du christianisme n’avaient rien compris de l’Evangile. C’est seulement à partir de notre époque qu’on a compris le dessein de salut apporté par Jésus. Voici l’audacieuse et surprenante affirmation de l’évêque de Metz : « La transformation du monde (mutation de civilisation) enseigne et impose un changement dans la conception même du salut apporté par Jésus-Christ ; cette transformation nous révèle que la pensée de l’Eglise sur le dessein de Dieu était, avant la présente mutation, insuffisamment évangélique… Aucune époque autant que la nôtre n’a été en mesure de comprendre l’idéal évangélique de vie fraternelle » (cité par Jean Madiran, L’hérésie du XXe siècle, Nouvelles Editions Latines (NEL), 1968, p. 166). Avec une telle vision, on ne s’étonne pas des dévastations, des destructions et des guerres qui ont suivi et qui persistent de nos jours au niveau liturgique, doctrinal et moral, car on prétend qu’aucune époque autant que la nôtre n’a été en mesure de comprendre « l’idéal évangélique ». Beaucoup refusent de regarder en face l’œuvre d’autodestruction de l’Eglise par elle-même par la démolition planifiée de ses fondations doctrinales, liturgiques, morales et pastorales. Alors que des voix d’ecclésiastiques de haut rang se multiplient, affirmant obstinément des erreurs doctrinales, morales et liturgiques manifestes, pourtant cent fois condamnées, et travaillent à la démolition du peu de foi qui reste dans le peuple de Dieu, alors que la barque de l’Eglise sillonne la mer orageuse de ce monde décadent, et que les vagues se jettent sur la barque, si bien que déjà elle se remplit d’eau, un nombre croissant d’ecclésiastiques et de fidèles hurle : « Oh, tout va bien, madame la marquise ! ». Mais, la réalité est tout autre : en effet, comme le disait le cardinal Ratzinger, « les papes et les Pères conciliaires s’attendaient à une nouvelle unité catholique et, au contraire, on est allé vers une DISSENSION qui - pour reprendre les paroles de Paul VI – semble être passée de l’autocritique à l’autodestruction. On s’attendait à un nouvel enthousiasme, et on a trop souvent abouti au contraire à l’ennui et au découragement. On s’attendait à un bond en avant et l’on s’est trouvé au contraire face à un processus évolutif de décadence, qui s’est développé dans une large mesure en se référant notamment à un prétendu esprit du Concile et qui de cette manière l’a de plus en plus discrédité » (Joseph Ratzinger, Entretien sur la foi, pp. 30-31). « Personne aujourd’hui n’ose plus honnêtement et sérieusement contester les manifestations de crises et de guerres liturgiques auxquelles le concile Vatican II a conduit » (Joseph Ratzinger, Principes de la théologie catholique, Téqui, 1985, p. 413). Aujourd’hui, on procède à la fragmentation et à la démolition du saint Missale Romanum en l’abandonnant aux diversités culturelles et aux fabricants des textes liturgiques. Je suis heureux ici de féliciter le travail gigantesque et merveilleux réalisé, à travers Vox Clara, par les Conférences épiscopales de langue anglaise, et les Conférences épiscopales de langue espagnole et coréenne, etc. qui ont traduit fidèlement et en parfaite conformité aux indications et principes de Liturgiam authenticam le Missale Romanum, et la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements leur a octroyé la recognitio.
Une guerre liturgique
A la suite de la publication de mon ouvrage Dieu ou rien, on m’a interrogé sur cette « guerre liturgique », qui divise trop souvent les catholiques depuis des décennies. J’ai affirmé qu’il s’agit là d’une aberration, car la liturgie est le domaine par excellence où les catholiques devraient faire l’expérience de l’unité dans la vérité, dans la foi et dans l’amour, et que, par conséquent, il est inconcevable de célébrer la liturgie en ayant dans le cœur des sentiments de lutte fratricide et de rancœur. D’ailleurs, Jésus n’a-t-il pas prononcé des paroles très exigeantes sur la nécessité d’aller se réconcilier avec son frère avant de présenter sa propre offrande à l’autel ? (cf. Mt 5, 23-24). Car « la liturgie elle-même pousse les fidèles rassasiés des ?mystères de la Pâque? à n’avoir plus ?qu’un seul cœur dans la piété" (Cf. Postcommunion pour la Vigile et le Dimanche de Pâques) elle prie pour ?qu’ils gardent dans leur vie ce qu’ils ont saisi par la foi? ; et le renouvellement dans l’Eucharistie de l’Alliance du Seigneur avec les hommes attise et enflamme les fidèles à la charité pressante du Christ. C’est donc de la liturgie, et principalement de l’Eucharistie, comme d’une source, que la grâce découle en nous et qu’on obtient avec le maximum d’efficacité cette sanctification des hommes dans le Christ, et cette glorification de Dieu, que recherchent, comme leur fin, toutes les autres œuvres de l’Eglise » (Sacrosanctum Concilium, n. 10). Dans ce « face à face » avec Dieu, qu’est la liturgie, notre cœur doit être pur de toute inimitié, ce qui suppose que chacun doit être respecté dans sa propre sensibilité. Cela signifie concrètement que, s’il faut réaffirmer que le concile Vatican II n’a jamais demandé de faire table rase du passé et donc d’abandonner le Missel dit de saint Pie V, qui a généré tant de saints, à ne nommer que ces trois prêtres si admirables que sont saint Jean-Marie Vianney, le Curé d’Ars, le saint Padre Pio et saint Josemaria Escriva de Balaguer, dans le même temps, il est essentiel de promouvoir le renouveau liturgique voulu par le même Concile, et donc les livres liturgiques mis à jour à la suite de la Constitution Sacrosanctum Concilium, en particulier le Missel dit du bienheureux pape Paul VI. Et j’ajoutais que ce qui importe avant tout, que l’on célèbre dans la forme ordinaire ou extraordinaire, c’est d’apporter aux fidèles ce à quoi ils ont droit : la beauté de la liturgie, sa sacralité, le silence, le recueillement, la dimension mystique et l’adoration. La liturgie doit nous placer face à face avec Dieu dans une relation personnelle et d’intense intimité. Elle doit nous plonger dans l’intimité de la Très Sainte Trinité. Parlant de l’usus antiquior dans sa Lettre d’accompagnement de Summorum Pontificum, le pape Benoît XVI disait que « aussitôt après le Concile Vatican II, on pouvait supposer que la demande de l’usage du Missel de 1962 aurait été limité à la génération plus âgée, celle qui avait grandi avec lui, mais entre-temps, il est apparu clairement que des personnes jeunes découvraient également cette forme liturgique, se sentaient attirées par elle et y trouvaient une forme de rencontre avec le mystère de la Très Sainte Eucharistie qui leur convenait particulièrement ». Il s’agit d’une réalité incontournable, un vrai signe de notre temps. Quand les jeunes sont absents de la sainte liturgie, nous devons nous demander : pourquoi ? Nous devons veiller à ce que les célébrations selon l’usus recentior facilitent aussi cette rencontre, qu'elles conduisent les gens sur le chemin de la via pulchritudinis qui mène au Christ vivant et à l’œuvre dans son Église aujourd’hui à travers ses rites sacrés. En effet, l’Eucharistie n’est pas une sorte de « dîner entre amis », un repas convivial de la communauté, mais un Mystère sacré, le grand Mystère de notre foi, la célébration de la Rédemption accomplie par Notre Seigneur Jésus-Christ, la commémoration de la mort de Jésus sur la Croix pour nous libérer de nos péchés. Il convient donc de célébrer la sainte messe avec la beauté et la ferveur d’un saint Curé d’Ars, d’un Padre Pio ou d’un Josemaria, et c’est la condition sine qua non pour qu’on parvienne « par le haut », si je puis dire, à une réconciliation liturgique (cf. Entretien au site internet catholique Aleteia, du 4 mars 2015). Je refuse donc avec vigueur que nous occupions notre temps en opposant une liturgie à une autre, ou le Missel de saint Pie V à celui du bienheureux Paul VI. Il s'agit plutôt d'entrer dans le grand silence de la liturgie, en se laissant enrichir par toutes les formes liturgiques, qu’elles soient d’ailleurs latines ou orientales. En effet, sans cette dimension mystique du silence et sans un esprit contemplatif, la liturgie demeurera une occasion de déchirements haineux, d'affrontements idéologiques et d’humiliations publiques des faibles par ceux qui prétendent détenir une autorité, au lieu d'être le lieu de notre unité et de notre communion dans le Seigneur. Ainsi, au lieu de nous affronter et de nous détester, la liturgie devrait nous faire parvenir tous ensemble à l’unité dans la foi et à la vraie connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la plénitude de la stature du Christ… et, en vivant dans la vérité de l’amour, nous grandirons dans le Christ pour nous élever en tout jusqu’à Lui, qui est la Tête (cf. Ep 4, 13-15) [cf. Entretien à La Nef, octobre 2016, q. 9].

Comme vous le savez, le grand liturgiste allemand Mgr Klaus Gamber (1919–1989) désignait par le mot : « Heimat »cette maison commune ou « petite patrie » qui est celle des catholiques réunis autour de l’autel du Saint Sacrifice. Le sens du sacré, qui imprègne et irrigue les rites de l’Eglise est corrélatif, indissociable de la liturgie. Or, ces dernières décennies, de très nombreux fidèles ont été malmenés, voire profondément troublés par des célébrations marquées par un subjectivisme superficiel et dévastateur, au point de ne pas reconnaître leur « Heimat », leur maison commune, et pour les plus jeunes, de ne l’avoir jamais connue ! Combien sont partis sur la pointe des pieds, en particulier les plus petits et les plus pauvres d’entre eux ! Ils sont devenus en quelque sorte des « apatrides liturgiques ». Le « mouvement liturgique », auquel les deux formes sont associées, vise donc à leur rendre leur« Heimat », et, ainsi, à les réintroduire dans leur maison commune, car nous savons bien que, dans son œuvre de théologie sacramentaire, le cardinal Joseph Ratzinger, bien avant la publication de Summorum Pontificum, avait mis en évidence que la crise de l’Eglise et donc la crise et l’affadissement de la foi, provient en grande partie de la manière dont nous traitons la liturgie, selon le vieil adage : lex orandi, lex credendi. Dans la préface qu’il avait accordée à l’ouvrage magistral de Mgr Gamber : Die Reform der römischen Liturgie (« la réforme de la liturgie romaine »), le futur pape Benoît XVI affirmait ceci, je le cite :

« Un jeune prêtre me disait récemment : il nous faudrait aujourd'hui un nouveau mouvement liturgique. C'était là l'expression d'un souci que, de nos jours, seuls des esprits volontairement superficiels pourraient écarter. Ce qui importait à ce prêtre, ce n'était pas de conquérir de nouvelles et audacieuses libertés : quelle liberté ne s'est-on pas déjà arrogée ? Il sentait que nous avions besoin d'un nouveau commencement issu de l'intime de la liturgie, comme l'avait voulu le mouvement liturgique lorsqu'il était à l'apogée de sa véritable nature, lorsqu'il ne s'agissait pas de fabriquer des textes, d'inventer des actions et des formes, mais de redécouvrir le centre vivant, de pénétrer dans le tissu proprement dit de la liturgie, pour que l'accomplissement de celle-ci soit issu de sa substance même. La réforme liturgique, dans sa réalisation concrète, s'est éloignée toujours davantage de cette origine. Le résultat n'a pas été une réanimation mais une dévastation. D'un côté, on a une liturgie dégénérée en show, où l'on essaie de rendre la religion intéressante à l'aide d’inventions à la mode et de maximes morales aguichantes, avec des succès momentanés dans le groupe des fabricants liturgiques, et une attitude de recul d'autant plus prononcée chez ceux qui cherchent dans la liturgie non pas le « showmaster » spirituel, mais la rencontre avec le Dieu vivant devant qui tout "faire" devient insignifiant, seule cette rencontre étant capable de nous faire accéder aux vraies richesses de l'être. De l'autre côté, il y a conservation des formes rituelles dont la grandeur émeut toujours, mais qui, poussée à l'extrême, manifeste un isolement opiniâtre et ne laisse finalement que tristesse. Certes, il reste entre les deux tous les prêtres et leurs paroissiens qui célèbrent la nouvelle liturgie avec respect et solennité; mais ils sont remis en question par la contradiction entre les deux extrêmes, et le manque d'unité interne dans l'Eglise fait finalement paraître leur fidélité, à tort pour beaucoup d'entre eux, comme une simple variété personnelle de néo-conservatisme. Parce qu'il en est ainsi, une nouvelle impulsion spirituelle est nécessaire pour que la liturgie soit à nouveau pour nous une activité communautaire de l'Eglise et qu'elle soit arrachée à l'arbitraire. On ne peut pas “fabriquer” un mouvement liturgique de cette sorte – pas plus qu'on ne peut “fabriquer” quelque chose de vivant – mais on peut contribuer à son développement en s'efforçant d'assimiler à nouveau l'esprit de la liturgie et en défendant publiquement ce qu'on a ainsi reçu ».

Je pense que cette longue citation, si juste et si limpide, devrait vous intéresser, au début de ce Colloque, et aussi contribuer à lancer votre réflexion sur « la source de l’avenir » (« die Quelle der Zukunft ») du motu proprio Summorum Pontificum. En effet, laissez-moi vous transmettre une conviction qui m’habite depuis longtemps : la liturgie romaine réconciliée dans ses deux formes, qui est elle-même le « fruit d’un développement », selon l’expression d’un autre grand liturgiste allemand, Joseph Jungmann (1889-1975), peut lancer le processus décisif du « mouvement liturgique » que tant de prêtres et de fidèles attendent depuis si longtemps. Par où commencer ? Je me permets de vous proposer les trois pistes suivantes que je résume dans ces trois lettres : SAF : silence-adoration-formation en français, et en allemand : SAA : Stille-Anbetung-Ausbildung. Tout d’abord, le silence sacré, sans lequel on ne peut rencontrer Dieu. Dans mon ouvrage La force du silence, j’écris ceci : « Dans le silence, l’homme ne conquiert sa noblesse et sa grandeur que s’il est à genoux pour écouter et adorer Dieu » (n. 66). Puis, l’adoration ; à ce propos, je fais part de mon expérience spirituelle dans ce même livre La force du silence : « Pour ma part, je sais que les plus grands moments de ma journée se trouvent en ces heures incomparables que je passe à genoux dans l’obscurité devant le Très Saint Sacrement du Corps et du Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ. Je suis comme englouti en Dieu et entouré de toutes parts par sa présence silencieuse. Je voudrais ne plus appartenir qu’à Dieu et me plonger dans la pureté de son Amour. Et pourtant, je mesure combien je suis pauvre, si loin d’aimer le Seigneur comme Il m’a aimé jusqu’à se livrer pour moi » (n. 54). Enfin, la formation liturgique à partir d’une annonce de la foi ou catéchèse ayant comme référence le Catéchisme de l’Eglise Catholique, ce qui nous protège des éventuelles élucubrations plus ou moins savantes de certains théologiens en mal de « nouveautés ». Voici ce que je disais à cet égard dans ce qu’il est maintenant convenu d’appeler, non sans un certain humour, le « Discours de Londres » du 5 juillet 2016, prononcé au cours de la troisième Conférence internationale de l’Association Sacra Liturgia : « La formation liturgique est avant tout et essentiellement une immersion dans la liturgie, dans le profond mystère de Dieu. Il s’agit de vivre la liturgie dans toutes ses dimensions, de s’enivrer en buvant à une source qui n’éteint jamais notre soif de richesse, d’ordre et de beauté, de silence contemplatif, d’exultation et d’adoration, de ce pouvoir qui nous fait rejoindre intimement Celui qui est à l’œuvre dans et par les rites sacrés de l’Eglise » (cardinal Robert Sarah : Troisième Conférence internationale de l’Association Sacra Liturgia, Londres. Discours du 5 juillet 2016. Cf. site internet de l’Association Sacra Liturgia : Vers une authentique mise en œuvre de Sacrosanctum Concilium, 11 juillet 2016).

C’est donc dans ce contexte global et dans un esprit de foi et de profonde communion à l’obéissance du Christ sur la Croix, que, humblement, je vous demande d’appliquer avec grand soin Summorum Pontificum ; non pas comme une mesure négative et rétrograde, tournée vers le passé, ou comme quelque chose qui construit des murs et crée un ghetto, mais comme une importante et véritable contribution à l’actuelle et future vie liturgique de l’Eglise, ainsi qu’au mouvement liturgique de notre époque, auquel de plus en plus de personnes, plus particulièrement les jeunes, puisent tant de choses vraies, bonnes et belles.

Je voudrais conclure cette introduction par ces mots lumineux de Benoît XVI à la fin de l’homélie qu’il prononça en 2008, en la solennité des saints Pierre et Paul: «Lorsque le monde, dans son ensemble, sera devenu liturgie de Dieu, lorsque dans sa réalité, il sera devenu adoration, alors il aura atteint son objectif, alors il sera sain et sauf».

Je vous remercie pour votre bienveillante attention. Et que Dieu vous bénisse et emplisse vos vies de sa Présence silencieuse!

Robert Card. Sarah
Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin
et la Discipline des Sacrements

29 mars 2017

[Rome Reports] Cardinal Castrillon: Les Lefebvristes n'ont jamais été complètement schismatiques

SOURCE - Rome Reports - texte français de la vidéo - 29 mars 2017

[texte français de la vidéo] Le cardinal Darío Castrillón a été pendant près de 10 ans le médiateur du pape auprès des traditionalistes lefebvristes. C'est pourquoi il est heureux d'une possible solution au conflit existant.
Cardinal Dario Castrillon: «Nous avons toujours reconnu une chose: ils ne sont jamais tombés dans l'hérésie, ils ont eu des moments où ils étaient absents, mais techniquement ils n'ont jamais fait un schisme ou une hérésie complète. Une juridiction hors de la juridiction de l'Église, cela signifie que vous voulez vous séparer.»
Bien que le nom n'est pas correct, ils sont appelés «lefebvristes». Il s’agit de la Fraternité de Saint-Pie X, un mouvement traditionaliste fondé en 1970 par la voix critique la plus agressive contre le Concile Vatican II, l'archevêque français Marcel Lefebvre.

Invoquant une crise dans l'Église, il a sacré en 1988 quatre nouveaux évêques de son propre chef, malgré l'interdiction expresse de Jean-Paul II. Et donc, les nouveaux évêques et lui ont été automatiquement excommuniés.

En 2009, Benoît XVI a retiré l'excommunication, en geste de bonne volonté pour tenter de faciliter la réconciliation. Après l'année du Jubilé, le pape François leur permit ensuite de confesser valablement, dans l'Église.

À l'heure actuelle, ils rejettent certains principes du Concile Vatican II, tels que la liberté religieuse ou le dialogue inter-religieux, et en conséquence aussi quelques points du Magistère qui a suivi.

Le Cardinal Castrillón insiste sur le fait que la majorité des lefebvristes veulent une union totale avec l'Eglise. Il justifie certains de leurs points de vue comme étant dus à des interprétations et des mises en œuvre incorrectes de ce qui a été décidé au Concile Vatican II.
Cardinal Dario Castrillon: «Certains points manquaient de clarté. Beaucoup d'architectes d'un post-concile ont traité ces questions d'une manière qui n'était pas conforme au Concile, qui a en soi toute sa valeur. Ils ont fait des interprétations qui ne sont conformes ni au Concile ni au Magistère.»
Selon lui, la Fraternité de Saint-Pie X est active dans 63 pays et compte environ 600 prêtres et 200 séminaristes, qui s’occupent d’environ un demi-million de personnes. [fin du texte de la vidéo] 

27 mars 2017

[Bénédictins de l’Immaculée] 21 mars: l’érection canonique du monastère de Villatalla

« Accueillez-moi, Seigneur, selon
votre parole et je vivrai et je ne
serai pas confondu dans mon attente ».
(Rituel de profession)
SOURCE - Bénédictins de l’Immaculée - 27 mars 2017

Ce 21 mars, fête du trépas de notre bienheureux Père Saint Benoît: jour de grâce et de liesse à Villatalla. Dans une église comble, Mgr Gugliemo Borghetti vient ériger notre monastère en Institut de Vie Consacrée de droit diocésain au cours de la messe solennelle célébrée dans le rite traditionnel par l’ancien vicaire général de Mgr Oliveri, Mgr Giorgio Brancaleoni.

Étaient présents une quinzaine de prêtres du diocèse et plusieurs de diocèses voisins amis de la communauté. Monsieur le Maire avec son écharpe tricolore et le maréchal des carabiniers accompagné de son second représentaient les autorités officielles du pays. Nos voisins et nombreux fidèles, amis et oblats sont venus assister et s’unir de cœur et par la prière à la grâce de cette si belle et émouvante cérémonie au cours de laquelle le Père Jehan et Frère Antoine ont renouvelé leurs vœux solennels monastiques, tandis que Frère Marie promettait obéissance, conversion des mœurs (chasteté et pauvreté) et stabilité pour trois ans.

Dans son homélie, Mgr Borghetti a développé avec éloquence la définition du moine que donne Saint Benoît, « un chercheur de Dieu », de ce Dieu dont le moine a fait l’Absolu de toute sa vie. En voici un extrait dont on peut admirer la profondeur :

« L’étymologie du terme “moine“ signifie celui qui est “seul“. Alors on se demande légitimement: pourquoi l’Église Catholique devrait soutenir le choix de celui qui veut “demeurer seul “ ? Ne serait-il pas plus utile d’orienter les vocations vers une vie plus semblable à celle des paroisses, surtout aujourd’hui où les prêtres sont toujours moins nombreux ?

En réalité, à bien considérer la vie monastique, celle-ci a une importance particulière dans la vie de l’Église, comme l’a toujours souligné le magistère pétrinien. L’homme, par nature a une dimension religieuse qu’on ne peut supprimer et qui oriente son cœur à la recherche de l’Absolu, de Dieu dont il ressent plus ou moins clairement ou confusément l’insatiable besoin.

Quand au cours des évènements de la vie ce besoin affleure à la conscience, il fait de l’homme un chercheur de Dieu. Pour Saint Benoît cela est le signe fondamental et le critère d’une authentique vocation monastique. En milieu chrétien, cette recherche est devenue la « sequela Christi », c’est-à-dire « la voie qui mène à Dieu » dans l’écoute obéissante de sa Parole de grâce, de vérité et de vie.

Le moine n’est donc pas un homme seul mais un homme qui, à travers la solitude de son style de vie, met au centre de tout, Dieu créateur du ciel et de la terre, Dieu auteur de la grâce qui donne sens à la vie présente et future, à la vie qui continuera après le passage crucial de la mort et de la déchéance du corps mortel. La vie et la mort y sont assumées dans l’espérance du Royaume. C’est tout le sens de la fameuse vision que Saint Benoît eut quand il contempla le monde entier ramassé sous un unique rayon de lumière qui l’unissait à Dieu : c’est dans leur rapport intime avec Dieu que toutes les réalités d’ici-bas sont assumées et transfigurées.

C’est donc la recherche de Dieu qui définit le moine et constitue l’axe sur lequel repose sa vie de prière, de travail et d’exemple pour nous tous qui sommes dans le monde sans être du monde »

Après la liturgie solennelle et grandiose de la prière vient celle, tout autant sacrée de la liturgie de l’amitié autour d’un apéritif. Ce sont alors les agapes joyeuses où se retrouvent tous ceux qui se sont unis dans le silence ébloui d’une même communion sacrée.

[Commission Pontificale “Ecclesia Dei”] Lettre aux ordinaires des Conférences Episcopales concernées au sujet des permissions pour la célébration de mariages de fidèles de la Fraternité Saint Pie X

SOURCE - Commission Pontificale “Ecclesia Dei” - 27 mars 2017

Prot. : 61/2010

Éminence,
Excellence Révérendissime,

Comme vous le savez, différents types de rencontres et d’initiatives sont en cours depuis longtemps pour ramener la Fraternité sacerdotale Saint Pie X dans la pleine communion. Ainsi le Saint-Père a-t-il récemment décidé d’accorder à tous les prêtres de cet institut les pouvoirs de confesser validement les fidèles (Lettre Misericordia et misera, n. 12), de manière à assurer la validité et la licéité du sacrement qu’ils administrent et à ne pas laisser les personnes dans le doute.

Dans la même ligne pastorale, qui veut contribuer à rasséréner la conscience des fidèles, malgré la persistance objective, pour le moment, de la situation canonique d’illégitimité dans laquelle se trouve la Fraternité Saint Pie X, le Saint-Père, sur proposition de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et de la Commission Ecclesia Dei, a décidé d’autoriser les Ordinaires du lieu à concéder aussi des permissions pour la célébration de mariages de fidèles qui suivent l’activité pastorale de la Fraternité, selon les modalités suivantes.

Dans la mesure du possible, la délégation de l’Ordinaire pour assister au mariage sera donnée à un prêtre du diocèse (ou du moins à un prêtre pleinement régulier) pour qu’il reçoive le consentement des parties dans le rite du Sacrement qui, dans la liturgie du Vetus ordo, a lieu au début de la Sainte Messe ; suivra alors la célébration de la Sainte Messe votive par un prêtre de la Fraternité.

En cas d’impossibilité ou s’il n’existe pas de prêtre du diocèse qui puisse recevoir le consentement des parties, l’Ordinaire peut concéder directement les facultés nécessaires au prêtre de la Fraternité qui célébrera aussi la Sainte Messe, en lui rappelant qu’il a le devoir de faire parvenir au plus vite à la Curie diocésaine la documentation qui atteste la célébration du Sacrement.

Certaine que, de cette façon aussi, on pourra éviter les débats de conscience chez les fidèles qui adhèrent à la FSSPX et les doutes sur la validité du sacrement de mariage, tout en facilitant le chemin vers la pleine régularisation institutionnelle, cette Congrégation sait qu’elle peut compter sur votre collaboration.

Au cours de l’audience du 24 mars 2017 accordée au Cardinal Président soussigné, le Souverain Pontife François a approuvé la présente Lettre et en a ordonné la publication.

Rome, au siège de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, 27 mars 2017.



Gerhard Card. Müller
Président

+ Guido Pozzo
Archevêque titulaire de Bagnoregio
Secrétaire

26 mars 2017

[Abbé Michel Simoulin, fsspx - Le Seignadou] Souvenir d'un pseudo-vicaire à St Nicolas du Chardonnet (1980-1983)

SOURCE - Abbé Michel Simoulin, fsspx - Le Seignadou - avril 2017

Je n’étais pas à la « prise » de St Nicolas du Chardonnet, le 27 février 1977. J’étais séminariste, et je me souviens fort bien des réactions diverses et contradictoires des séminaristes, et même des professeurs. Le directeur, vénérable sujet de la Confédération Helvétique, désapprouvait ce coup de force contraire à l’ordre et au respect des lois. Monseigneur était absent, et tout est rentré dans l’ordre avec son retour : heureux de l’évènement, il l’encourage et décide même d’apporter l’aide de la Fraternité ! C’est donc le district de France, l’abbé Aulagnier en tête, aidé par l’abbé Groche, qui s’investit aussitôt et aide avec enthousiasme ! Mgr Lefebvre lui-même se rend à St Nicolas dès le 22 mai suivant pour y confirmer une centaine d’enfants. Les séminaristes, lors de leurs congés, sont heureux d’apporter leur aide, et des prêtres y sont affectés dès leur ordination (abbé Claude Barthe, abbé Olivier de Blignières). Ils seront évacués peu après en raison de prises de position sédévacantistes. Nous arrivons ainsi à l’été 1980, avec la nomination de l’abbé Dominique Mihailovic à Saint-Nicolas, et de l’abbé Alain Lorans à l’Institut Saint Pie X. C’est alors que Monseigneur décide d’anticiper mon ordination au 20 septembre pour me nommer collaborateur de Mgr Ducaud-Bourget. (L’abbé Jean-Luc Veuillez nous y rejoindra en 1982). 

J’ai eu la grâce de narrer autrefois ces années à St Nicolas dans la revue Fideliter, mais le temps passé me permet un peu de recul, même si un peu de nostalgie vient teinter mon discours, non pas tant parce que "c’était le bon temps" – tous les temps sont bons ! – mais surtout parce que la plupart des figures évoquées et que j’ai aimées, dorment à présent au "lieu du rafraichissement, de la lumière et de la paix".

Après une arrivée en fanfare, je découvre donc une quasi-paroisse très originale, animée par beaucoup d’enthousiasme, mais livrée à beaucoup d’improvisations et autant de désordres ! C’était extraordinaire, mais tout était à régler, à ordonner, à nettoyer même, et Mgr Ducaud-Bourget me confia la charge redoutable de mettre un peu d’ordre. Je le fis, sans plaire à tous, ni aux messieurs doctement installés dans les stalles, ni à toutes les dames catéchistes, ni même parfois à notre cher monseigneur ! Il aimait tant que la foule chante le Pater avec le célébrant ! Sans doute ai-je usé parfois de trop de force, et ai-je commis des erreurs, mais ces trois années ont été très formatrices… 

Après une année de présence, j’avais tout fait, tout vu, tout entendu… même des obsèques un samedi-Saint, si je me souviens bien – même une extrême-onction dans la sacristie – même une pénitente me poursuivant dans le métro – même un crachat au visage sur le parvis – même une mécontente chassée de la sacristie par monseigneur l’obligeant à reculer jusqu’à la sortie en montant sur ses pieds et rythmant sa marche en avant de « mange » en réponse à cet autre mot qu’elle lui répétait en reculant et que je tairai ici – même cette famille fidèle aux vêpres dominicales et qui s’asseyait avec fracas dès qu’était entonné le Tu es Petrus – même la « motarde », ainsi nommée parce qu’elle circulait en pétrolette et assistait à la messe coiffée de son casque quand elle avait oublié sa mantille – même la « dame du Sacré-Cœur » qui squattait « sa » chapelle et la défendait contre les intrus à coup de parapluie, etc. 

Et tout ça faisait d’excellents chrétiens, comme le chantait Maurice ! Mais il y avait vraiment une ambiance peu banale… qui m’irritait parfois, hélas, et qui me ravissait souvent ! C’était vraiment une « paroisse vivante » !

Outre la Sainte Messe et les offices, les catéchismes, les confessions, les baptêmes, mariages et enterrements, les prédications, nous avons alors inauguré les prédications et les chemins de croix de carême, les concerts spirituels, les messes chantées du mercredi soir, dites messes des jeunes, avec le service liturgique assuré par la MJCF, et les premiers trémolos du Chœur Fra Angelico, etc.

Mais le plus précieux à ma mémoire, est le souvenir des prêtres et des fidèles que j’y ai connus. Mgr Ducaud-Bourget, d’abord, qui tenait à ce que personne ne touche au drapeau du pape présent dans le chœur ! Il ne voulait surtout pas être « curé » mais aimait bien baptiser l’abbé Aulagnier du titre de « co-curé » ! Il entonnait le Gloria de la messe royale de Du Mont avec une puissance décoiffante, alors qu’il semblait si frêle ! Il montait en chaire le dimanche pour commenter l’épitre et se trompait parfois de dimanche, mais c’était tellement prenant que personne ne s’en apercevait ! Et il avait aussi ce geste banal mais si amical de nous réunir le dimanche après les messes du matin pour un petit porto dominical ! « Les gens sérieux sont embêtants », aimait-il à nous dire, pour nous faire comprendre en douceur qu’il ne fallait surtout pas nous prendre au sérieux ! 

L’abbé Serralda venait rarement, trop occupé par la chapelle Ste Germaine. Mais nous avions alors une équipe régulière de prêtres anciens : Mgr Gillet, qui brandissait des pistolets en chaire lorsqu’il évoquait le Pape, l’abbé Juan et sa barbiche au vent, en continuel va-et-vient pour porter la communion aux malades, l’abbé Emmanuelli qui faisait la police à l’entrée le dimanche, et bloquait ainsi de son importante personne les entrées comme les sorties – c’est lui aussi qui clamait de sa voix de stentor dans la sacristie, lorsque quelqu’un tentait de calmer ses fréquentes colères : non monsieur, je ne suis pas en colère… je suis indigné ! – l’abbé Dinh Vin Son qui chantait en chaire l’Ave Maria en vietnamien, et même le cher et docte abbé des Graviers, assidu aux Vêpres dominicales mais qui n’entonnait que la troisième antienne, la seule dont il parvenait à retenir la mélodie.

Le personnage le plus pittoresque demeure quand même le bon Frère Gilles, incollable en liturgie depuis ses années à St Louis des Français, à Rome, dans la Fraternité Sacerdotale du Père Prévost, et d’un dévouement inlassable, malgré ses ronchonnements toujours agrémentés d’un gentil sourire un peu ébréché… Il était aidé parfois par le Fr. Edouard descendu de Suresnes… Mais sa (notre) terreur était quand même Sr Flodoberthe, qui trainait toujours avec elle une troupe d’enfants qu’elle catéchisait, et qu’il fallait baptiser sur-le-champ, ou confesser, ou communier sans attendre ! Et le pauvre frère n’avait jamais un prêtre sous la main (disait-il) ! 

Quand je vous disais que l’on ne s’ennuyait pas !

Il y avait aussi les bons et fidèles serviteurs : M. Ducaud, la famille Cagnon, de père en fils et petit-fils, Bernard Faribault, discret et efficace, le brave et solide Noureygat, ses amis de la garde et du « Père tranquille », M. de Milleville, le cher Lamy, M. et Mme Rota, et tant d’autres, sans oublier nos artistes : l’inoubliable Castafiore, MM. Sisung, Holiner et Avignon…(un moment épique entre tous : la grève de la chorale, assise en bloc au premier rang, les bras croisés et muette pendant la messe chantée du dimanche, pendant que je tentais de faire chanter les fidèles !) et Louis le Suisse, qui cachait tant de choses dans son réduit avec sa hallebarde ! Il y avait aussi celle dont je n’ai jamais su le nom, et que nous appelions Mlle de Saint-Cierge. Elle était un ange de silence et de douceur, et chaque jour, elle venait gratter et nettoyer les brûloirs où se consumaient les cierges offerts par les fidèles…d’où son amical surnom !

Quelques fidèles notables sont aussi à mentionner : Jean Madiran, avec qui j’ai eu une bien stupide querelle (péché de jeunesse) ; André Figueras (avec son épouse et ses fils), étonné d’apprendre que, pas plus que lui, je ne voyais Jésus dans l’Hostie ; Jean Dutourd, fidèle à accompagner son épouse à la messe du soir, qu’il passait à deviser fort élégamment dans la sacristie ; Jacques Dufilho, fidèle et discret, et son artiste de fille, Colette ; Michel Fromentoux, etc…

J’y ai aperçu parfois Jean-Marie Le Pen… entre autres lors d’une messe célébrée pour Béchir Gemayel, et à l’issue de laquelle il avait commenté le sermon sur les qualités d’un homme d’état chrétien : « On s’est bien fait eng… ! »

Mais je n’en finirais pas d’évoquer tant et tant de visages et d’âmes… tant de jeunes et de moins jeunes… ce brave homme, par exemple qui, septuagénaire, ne s’était jamais confessé et qui, après une belle, bonne et longue confession, est sorti rayonnant du confessionnal pour m’embrasser comme du bon pain… ou cet autre qui, heureux de s’être bien confessé, me dit qu’il voulait me faire un cadeau : une pensée qui lui était venue, à savoir que, lorsqu’il arriverait à la porte du ciel, sa richesse serait tout ce qu’il aurait donné… et tant d’autres que Notre-Dame du clergé n’a pas oubliés et qu’elle a gardés dans son cœur maternel !

Quand je vous disais que pendant ces trois années à Saint-Nicolas, j’en ai appris assez pour tenir toute une vie sans être surpris par rien ! Ce n’était pas une paroisse, et Mgr Ducaud-Bourget n’était pas curé… mais c’était mieux encore : c’était l’Église incarnée et vivante, parfois brouillonne mais toujours enthousiaste, pas cérébrale pour un sou et tellement chaleureuse, avec ses gloires et ses misères, ses grandeurs et ses faiblesses… l’Église telle que l’aimait Mgr Lefebvre et telle que je persiste à l’aimer, celle qui ne doit pas changer ! 

Abbé Michel Simoulin,
Heureux «pseudo-vicaire».

[Abbé Michel Simoulin, fsspx - Le Seignadou] "Nous avons évoqué déjà la belle figure de Sainte Maria Goretti..." (éditorial)

SOURCE - Abbé Michel Simoulin, fsspx - Le Seignadou - avril 2017

Nous avons évoqué déjà la belle figure de Sainte Maria Goretti. Elle nous donne, entre autres, une leçon sur laquelle nous pouvons méditer. Alors qu'elle se débat sous les coups d’Alessandro, elle lui dit: "Ne fais pas cela ! C'est un péché ! Tu iras en enfer!" Le lendemain, avant de lui donner l'hostie, le prêtre lui demande si elle pardonne à son agresseur comme Jésus a pardonné sur la croix à ses bourreaux. "Oui, pour l'amour de Jésus je pardonne. Je veux qu'il vienne lui aussi avec moi au Paradis. Que Dieu lui pardonne, car moi je lui ai déjà pardonné." Pas un instant, Maria ne considère sa propre souffrance ou le mal qu’il lui a fait, mais elle ne voit que cette pauvre âme qui risque d’aller en enfer et pour laquelle elle désire le paradis. 

Nous avons lu aussi, le mois dernier, l’histoire bouleversante de Laura Vicuña. Innocente et pure, elle s’évanouit de douleur lorsqu’elle apprend que sa maman est en état de péché mortel, et se trouve aux porte de l’enfer ! Pour la sauver, elle offre sa vie d’enfant, et à l’heure de vivre cette offrande, après avoir obtenu de sa maman la promesse de sa conversion, elle murmure avec un sourire : « Merci Jésus, merci Marie ! Maintenant je meurs contente ». Elle avait 12 ans et 9 mois. Ce qui me frappe le plus chez cette enfant, comme chez Maria Goretti, c’est le sens qu’elle avait du péché, et du malheur d’une âme en état de péché ! Elle aimait tellement sa mère que la pensée qu’elle puisse être éternellement malheureuse lui avait quasiment ôté la vie. Sans doute s’évanouir n’est pas mourir, mais ce fut chez elle l’effet d’une douleur intolérable. 

Comment ne pas penser encore à l’intervention de Notre-Dame à Fatima, pour demander aux enfants des prières et des sacrifices pour la conversion des pécheurs ? Elle ira jusqu’à leur montrer l’enfer pour les y encourager. La demande de la Vierge est encore de faire tout ce qui est possible pour « préserver les âmes du feu de l’enfer », comme elle l’exprime dans la belle prière qu’elle leur enseigne.

Je crains que nous n’ayons pas, quant à nous, la même crainte et la même douleur de l’âme devant le péché et ses conséquences dans l’âme du pécheur. Nous sommes trop pris par nos propres souffrances et le mal que nous subissons. Au mieux, nous pensons aux souffrances de Jésus-Christ victime des péchés des hommes, mais avons-nous de la douleur du danger mortel que courent les âmes en état de péché : mourir ainsi c’est l’enfer, c’est le malheur éternel ? Avons-nous un amour du prochain qui vit dans le sillage de l’amour du Cœur de Jésus pour tous les humains ?

Des saints ont eu cette douleur et ont dépensé toutes leurs forces, donné leur vie pour la conversion et le salut des pécheurs.

Et j’ose dire que si Jésus-Christ est mort sur la Croix, c’est par la douleur qui a brisé son cœur et mis fin à sa vie humaine, "la douleur qu’il éprouvait en voyant se condamner volontairement les âmes qui fouleraient aux pieds les peines intérieures de son cœur amoureux". Qu’on me pardonne l’audace de la formule, mais Jésus est mort à cause des damnés, à cause de la douleur devenue intolérable à ce cœur où tout n’était qu’amour, amour divin et douleur immense ! C’est là une douleur qu’il ne pouvait exprimer. Lorsque nous méditons la Passion, nous considérons les souffrances physiques, les douleurs morales de l’injustice et des humiliations, peut-être encore, comme le suppliera le Sacré-Cœur, les ingratitudes : « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce Sacrement d’amour. Mais ce qui m’est encore le plus sensible est que ce sont des cœurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi ».

Mais la douleur la plus profonde est toujours inexprimable, et seuls peuvent la comprendre ceux qui savent aimer comme Jésus. Plus l’amour est vrai, plus la douleur est profonde du malheur de ceux que l’on aime, et c’est la souffrance éternelle des damnés qui a causé la mort de ce cœur où il y avait trop d’amour. Toute la passion extérieure de Jésus est comme une gigantesque marée visible d’un océan invisible, dit le P. Faber, car les souffrances de l’esprit dépassaient de beaucoup celles du corps. Cette agonie intérieure causée par la malice des péchés des hommes lui occasionnait une expiation plus terrible, plus douloureuse que toutes les atrocités avec lesquelles ses bourreaux tourmentèrent son corps très saint.

La douleur du Christ était en son cœur le fruit de nos souffrances auxquelles son amour voulait mettre fin, mais celles des damnés lui furent insupportables. Elles étaient en même temps l’effet de son amour tout-puissant mais tenu en échec par leurs refus volontaires d’être aimés. Il est mort à cause des damnés.

Mais son amour a été vainqueur puisqu’il est mort pour ses élus, par l’offrande d’un amour plus fort que toute douleur, un amour vainqueur de la mort elle-même. 

La charité ne connaît pas la défaite – et c’est pourquoi j’ose espérer que les élus seront beaucoup plus nombreux que les damnés ! – et les damnés eux-mêmes dans leur éternel malheur crient au monde des vivants que leur malheur est encore une manifestation de la puissance et de la victoire de l’amour. Relisons ces réflexions admirables du Père de Chivré sur l’espérance :
Le surnaturel nous enveloppe; n'y échappent que les libertés perverties jusqu'au refus d'être aimées plus qu'elles n’aiment leurs horreurs morales ; le désespoir est le seul acte humain d'où Dieu soit nécessairement absent puisqu'il consiste non seulement à ne plus Le posséder, mais à ne plus croire aux possibilités de Le posséder, alors que Lui, Dieu, a épuisé toutes les possibilités surnaturelles et naturelles de demeurer avec nous et en nous; c'est vraiment l'acte stupide par excellence puisque il est privé de toute grâce et de toute espérance de la grâce. 
L'Espérance! L'Espérance! La flamme dans la nuit, l'élan subit dans une santé défaillante, le sourire fleurissant sur les lèvres salées par les sanglots... L'Espérance, cette espèce de certitude qu'on est idiot d'avoir douté, cette prise de conscience immédiate et consistante que les réponses sont, que les solutions existent... L'Espérance, cette résurrection printanière de tout, dans le cœur parfumé de bonheur et dans l'intelligence secouée d'enthousiasme... L'Espérance, cette marche en avant avec tout un ravitaillement de mots, de cris, de chants, appropriés pour être davantage à la disposition de l'espoir comme la voile est à la disposition du vent. Ô mon Dieu ! Merci d'avoir créé l'Espérance sans laquelle je n'oserais pas marcher. 
Tout péché a sa grâce à lui, son secours à lui : remords, rougeur de honte, dégoût, une sanction, une conséquence qui fera réfléchir...
Toute malice a sa contrepartie vertueuse,
Toute tentation a son angle propice à la victoire,
Toute déficience a son utilisation réparatrice. 
Tout, absolument tout, est accessible à la grâce et la grâce n'aura peut-être d'égal que la stupeur du monde lorsqu'au dernier jour les plus grands adversaires de Dieu, les plus farouches s'apercevront que, sans le savoir, leur malice était au service de la Sagesse divine, laquelle en définitive aura le dernier mot. 
Dieu ne recule devant aucune ruse pour faire aboutir la Grâce, mais le malin le lui rend bien pour la tenir en échec et pourtant, qu'il est consolant et vrai de constater qu'Elle a en définitive le dernier mot ; jusque dans ses succès, le Mal a le dessous par rapport au plan de Dieu. La grande humiliation de Satan sera de s'apercevoir au dernier jour qu'il aura travaillé pour la gloire de Dieu. Dans ses attaques, ses ruses, ses haines, ses triomphes et ses rages, il aura fait éclore de superbes prières, de sanglants sacrifices, s'épanouir de généreuses réparations, naître d'audacieuses initiatives, réveiller des vertus et des repentirs ; lui, le maudit, il aura fait chanter l'Amour et il en sera furieux ; lui, le ténébreux entêté, il aura obtenu pour Dieu d'éblouissantes soumissions et d'éberluantes fidélités qui le feront frémir de honte lorsque les bénis le jugeront. 
"Pas un cheveu ne tombe de vos têtes sans la permission du Père", traduisez : la Grâce veille à tout et sur tous. Quelle compagnie dans les solitudes les plus apparemment irrémédiables ! 
Comme on comprend le cri d'enthousiasme de l'Eglise au matin du Samedi Saint "Felix culpa", heureuse faute puisque non seulement le bien existe, mais la malice est vaincue, ce qui est un bien nouveau que la vertu ne pouvait pas produire à elle seule. 
Heureuse faute sans laquelle l'homme n'aurait pas ajouté à sa couronne originelle les diamants de ses larmes, les rubis de ses expiations et les lumières de ses aveux.
C’est l’éternelle victoire de la vie sur la mort, que nous célébrerons avec éclat la nuit de Pâques. Tout est fini ?… non, tout commence ! Tout est perdu ? … non, tout est gagné : la vie triomphe, l’amour est vainqueur, et le ciel est ouvert à tous ceux qui ont cru en l’amour.

Ste Thérèse de l’Enfant Jésus l’avait bien compris, et surtout bien vécu, comme elle l’exprimait dans une de ses dernières lettres
Cher petit Frère, au moment de paraître devant le bon Dieu, je comprends plus que jamais qu'il n'y a qu'une chose nécessaire, c'est de travailler uniquement pour Lui et de ne rien faire pour soi ni pour les créatures. 
Jésus veut posséder complètement votre coeur, il veut que vous soyez un grand saint. Pour cela il vous faudra beaucoup souffrir, mais aussi une joie inondera votre âme quand vous serez arrivé au moment heureux de votre entrée dans l'Eternelle Vie !... Mon frère, tous vos amis du Ciel, je vais aller bientôt leur offrir votre amour, les prier de vous protéger. Je voudrais vous dire, mon cher petit Frère, mille choses que je comprends étant à la porte de l'éternité, mais je ne meurs pas, j'entre dans la vie et tout ce que je ne puis vous dire ici-bas, je vous le ferai comprendre du haut des Cieux... (LT 244 à l'abbé Bellière le 9 juin 1897)
Belle fête de la Résurrection de Notre-Seigneur et beau temps pascal à tous et toutes, sous le doux regard du Cœur Immaculé de sa mère devenue la nôtre.