2 juillet 2016

[Mgr Williamson - Initiative St Marcel] Des avantages de la campagne

SOURCE - Mgr Williamson - Initiative St Marcel - 2 juillet 2016

Les villes et les banlieues sont nocives pour l’homme,
Mais rien ne peut l’empêcher d’élever sa prière à Dieu.

Puisque tout être humain a été créé par Dieu sur cette terre dans le seul but qu’il aille au Ciel (I Tim. II, 4), la bonté de Dieu est tout le temps à l’œuvre sous une forme ou une autre, plus ou moins forte, pour y attirer les âmes. Et si un homme commence à répondre à cette attraction, il réalisera tôt ou tard que la masse des âmes qui l’entoure aujourd’hui est ou bien inconsciente de cette attraction, ou y résiste positivement. Et plus il est sérieux lui-même pour aller au Ciel, plus sérieusement il se demandera ce que c’est dans le monde qui l’entoure qui rend les âmes à ce point négligentes pour le Ciel, ou au moins pour y parvenir.

Quelques-unes des raisons peuvent lui en être immédiatement évidentes, comme l’avancée récente du vice contre nature et son triomphe dans la légalisation du « mariage » de même sexe. Sur d’autres raisons, peut-être a-t-il besoin de plus de temps pour en apprécier la gravité, parce qu’elles sont moins clairement opposées à la vertu, et parce qu’ elles font partie de son environnement depuis beaucoup plus longtemps, par exemple le fait de vivre dans les villes ou les sous-villes, c’est-à-dire les banlieues. Bien sûr, seul un sot affirmerait que tout campagnard est plein de vertu alors que tout citadin est plein de vice. D’autre part, la vie à la campagne est évidemment plus proche de la Nature que la vie en ville, et alors si la Nature fut créée par Dieu pour être le support indispensable de cette Surnature sans laquelle aucune âme ne peut entrer au Ciel, alors les campagnards, en tant que tels, seront plus proches de Dieu que les citadins, et un citadin désireux d’aller au Ciel doit au moins réfléchir sur le tissu quotidien de sa vie en ville.

« Apprenez de vos ennemis », disaient les Latins. Le communisme est un des ennemis les plus terribles du catholicisme, et deux communistes insignes sont célèbres pour leur haine envers les campagnards ou les paysans. Pour Lénine (1870–1924), chef de la Révolution russe en 1917, un obstacle majeur sur le chemin de la Révolution athée était les paysans d’hier, enracinés dans la terre, profondément conscients de leur néant en tant que créatures, entourés par le mystère de la Création dont ils dépendaient, alors que le citadin vivant dans un monde de fabrications humaines et artificielles, d’usines, de machines, de robots humains, un monde accablé de toutes sortes de rancunes (s’enrager contre la pluie est un exercice de futilité alors que la « rage au volant » augmente tout le temps), était tout disposé à la Révolution (voilà pourquoi de Corte disait que les politiciens modernes promettent constamment le « changement »).

Pour Antonio Gramsci (1860–1937), maître de la transition clef de la Révolution après Lénine et Staline du communisme « à la dure » au globalisme « à la douce », la paysannerie représentait aussi un redoutable ennemi dont la Révolution devait se défaire. Avec son « sens commun » et son « ordre naturel », la paysannerie fut le soustrat de tout ce système de valeurs qui devait disparaître. La religion, la famille, la terre, l’armée, la nature, la culture devaient céder le passage à une nouvelle façon de penser au diapason du Nouvel Ordre Mondial. Pour sortir les hommes de leur ancienne mentalité, toute leur culture devait être subvertie, non pas en s’attaquant violemment à leur système économique, mais en « marchant à travers les institutions », toutes leurs institutions. La Révolution devait donc refaçonner leur éducation, leurs arts, leurs divertissements, leurs nouvelles, leurs sports, etc., tout composant de leur culture au sens le plus large du mot, pour subvertir de fond en comble tout le mode de vie personnifié autrefois par la paysannerie. Et la Révolution de Gramsci a si bien réussi à renverser l’ancien ordre naturel que les fermiers qui travaillent aujourd’hui la terre se trouvent dans une telle dépendance des machines et des gangsters qui sont maîtres des banques, qu’ils ne ressemblent plus, ou à peine, aux paysans d’antan.

Mais la Révolution aujourd’hui fait une guerre si totale à « tout ce qui s’appelle Dieu » qu’il n’y a plus moyen humain de s’y opposer en reconstruisant la paysannerie telle qu’elle était. De fait, la toute meilleure des paysanneries, en tant que telle, ne suffirait plus comme solution, car le problème n’est pas simplement culturel. Le vrai problème est notre apostasie, notre refus de Dieu. La véritable solution commence avec la prière qui nous ouvre à Dieu, et que la Révolution apparemment toute-puissante est toutefois impuissante à empêcher.

Kyrie eleison.