28 mars 2016

[Riposte Catholique] L'impasse de la "Résistance"

SOURCE - Riposte Catholique - 28 mars 2016

L’information a été très peu commentée. Le 19 mars dernier, Mgr Richard Williamson a sacré un bénédictin brésilien, Miguel Ferreira da Costa, au monastère brésilien de Santa Cruz. C’était un an jour pour jour après que le prélat britannique éleva son vieil ami, l’abbé Jean-Michel Faure, à l’épiscopat. À l’époque, Rome n’avait pas fait de communiqué. Tout au plus, lors d’un entretien, Mgr Guido Pozzo avait signifié que l’excommunication était automatique. La Fraternité sacerdotale Saint-Pie X avait pris ses distances, constatant l’absence de nécessité, alors que le monde traditionnel dispose déjà de plusieurs évêques. Cette fois, la cérémonie a eu lieu dans l’indifférence d’un l’évènement se répétant si rapidement, comme si l’acte exceptionnel de la consécration sans mandat pontifical pouvait se banaliser, comme si Rome avait tout simplement disparu, aucun essai de concertation préalable n’ayant été envisagé.

On est loin de la situation de Mgr Lefebvre et de Mgr de Castro Mayer, dont les consécrations reposent sur une situation plus complexe et plus tendue. Leur acte a indirectement, mais objectivement, donné naissance aux communautés Ecclesia Dei et, chaque année, tant la Fraternité Saint-Pie X que ces instituts issus des formations de Mgr Lefebvre ont ordonné des dizaines et des dizaines de prêtres et de religieux. Mais dans le cas du sacre brésilien, la nécessité d’ordonner de nouveaux prêtres est quasi-inexistante. En quatre ans, la mouvance résistante n’a quasiment pas donné de nouveaux prêtres : deux ordinations sacerdotales, dont une sous condition. Pour parler vrai, depuis 2012, « la résistance » a créé autant d’évêques que de prêtres. Il est grand le danger d’initier une lignée schismatique comme en a engendré Mgr Thuc, archevêque émérite de Hué, dont les membres se comptent maintenant par centaines. Il semble bien que l’héritage de Mgr Lefebvre ne se situe guère dans ces dérives idéologiques et excentriques.

Mais l’indifférence n’est pas que du côté de Rome et d’Écône. Ce sacre a visiblement été effectué en l’absence des autres prêtres de la petite mouvance résistante. Ni les dominicains d’Avrillé, ni les dissidents français n’ont fait le déplacement. Ils se sont gardés de médiatiser l’événement et de le relayer. La lassitude des sacres répétés en est-elle la cause ? Ce qui est avéré, c’est que les mises en garde entre prêtres de la « résistance » se répètent. Les trois évêques, Williamson, Faure et Ferreira da Costa ne font plus l’unanimité. Dans une lettre ouverte, l’abbé Altamira parlait de la « crise de la Résistance ». La résistance à la « résistance » commence-t-elle déjà à se dresser… À quand les grandes divisions sous couvert de nécessité ? Où échoueront les prochains purs parmi les purs, étonnés de n’être plus qu’une poignée à conserver la vérité. À plus d’un titre, la « résistance » a le mérite de servir de garde-fou au monde traditionnel dans sa globalité. Elle illustre le risque de l’enfermement sectaire qui a pu guetter une partie de ce monde traditionnel. La Fraternité Saint-Pie X semble l’avoir conjuré. La crise de l’Église ne justifie pas tout. Et tout enfermement aboutit, tôt ou tard, à une impasse.