15 octobre 2002

[Abbé Philippe Laguérie, fsspx - Le Mascaret] "Et maintenant… ?"

SOURCE - Abbé Philippe Laguérie, fsspx - Le Mascaret (bulletin de la chapelle de Bordeaux) - octobre 2002

J'ai dit, le 22 septembre, devant 15 de mes confrères venus un dimanche (merci chers amis, ça c'est le sacerdoce de Jésus-Christ!) et 1100 fidèles, ce que nous devions à Dieu de reconnaissance et d'action de grâce. On peut vraiment avoir le triomphe modeste quand on sait (n'est-ce pas Monsieur l'abbé Héry ?) que c'est Lui qui a tout fait. Jamais on ne Le remerciera assez pour ce cadeau somptueux qui est le prélude de toutes sortes de grâces.

Car Saint Eloi n'est absolument pas une fin en soi. C'est un merveilleux moyen, le plus adapté, mais un moyen. La fin, le but, c'est Dieu et les âmes. Et je vais vous le dire parce que je l'ai déjà connu, vu touché du doigt et vérifié quinze années durant comme curé de Saint-Nicolas du Chardonnet.

Le but ? C'est tout simplement de mettre devant ceux qui en ont tant besoin le vrai, le véridique, l'unique Saint Sacrifice de Notre Seigneur Jésus-Christ, notre Sainte messe catholique. Tout est là, Dieu fera le reste.

Je pense à l'article 2 de nos statuts : « La Fraternité est essentiellement missionnaire » et pourquoi ? : « Parce que, poursuit Mgr Lefebvre, le St Sacrifice de la messe l'est aussi ». Toute la Fraternité est là, tout l'apostolat est là et toute autre argutie est décadence. Souvenez-vous du sermon de Mgr Lefebvre à son jubilé (1979 - 50 ans de sacerdoce). Il nous a simplement raconté les fruits merveilleux de la messe catholique en Afrique, ces conversions, ces générosités incomparables, ces retours silencieux et merveilleux. Je l'ai vu à Paris et nous allons le voir à Bordeaux. Ces pleurs silencieux derrière un pilier, ces années de timidité et de prières jusqu'au jour où… . Ma dernière confession à Paris est celle d'un brave home qui assistait depuis 1977 à la messe presque tous les jours… Quant à sa confession, la précédente avait 72 ans et datait de sa 1ère communion.

Quand je dis, on va le voir, c'est déjà vu… ça commence, mais la discrétion m'en interdit davantage.

Les bordelais vont découvrir la messe, « les saints mystères », le sacrifice et la grâce de Jésus de Nazareth, Fils de Dieu et Fils de l'homme. Non plus dans un effort social surhumain mais en passant une porte qui ouvre sur un chef-d'œuvre du passé. Tous ne sont pas des héros mais tous seront touchés par la grâce. La grâce, elle peut passer par l'architecture, par l'encens, par un sourire, par le silence, par chacun des éléments multiformes de la beauté infiniment variée d'une vraie messe catholique. Mais elle vient toujours de cet autel mystérieux où le prêtre, en silence, est Jésus-Christ Lui-même qui offre à son père l'acte infini de charité de sa croix.

N'allez pas non plus vous étonner que le démon nous ait fait payer assez cher, et été, une telle grâce ; Et je ne parle pas du mauvais temps et de l'été pourri, qui a cessé… le 21 ! Je parle de cette formidable coalition contre Saint Eloi réunissant les socialistes, les verts surtout, les trotskards d'Utopia, les procès, les tracasseries sécuritaires et administratives, les ecclésiastiques (le dernier en date est le père Narcisse, o.p. de St Paul qui édite un tract où il nous traite de schismatiques ! au XXIe siècle !). Je croyais moi, que cette compétence relevait de l'ordinaire du lieu. Mais surtout ces prédécesseurs de l'Inquisition espagnole étaient quand même meilleurs : en condamnant et en brûlant, ils n'avaient pas l'incohérence, au moins, d'invoquer le décalogue, la liberté, les droits de l'homme et la démocratie… Les journalistes aussi et même quelques inquiets de chez nous, un instant déroutés - c'est compréhensible - et vite ressaisis grâce à Dieu.

Aujourd'hui, la tranquillité de l'ordre (c'est-à-dire la paix) revient. Saint Eloi marche et gagne du terrain. Notre-Dame du Bon Conseil regorge… et bravo. (Nous rajouterons les messes qu'il faut, passée l'installation totale de Saint Eloi. Notre école St Georges prospère sous sa nouvelle dynamique corse, le secondaire a pris un très bon départ (aidez, je vous en prie, notre valeureux et irremplaçable Maître Thomas Rivière). Sans oublier notre petite Sainte Colombe - que la gloire du grand saint Eloi ne doit pas occulter - et qui, coquette, attend d'être splendide (et elle le sera !) pour s'envoler.

Je vous bénis tous, anciens et nouveaux, en Notre Seigneur Jésus-Christ. Et surtout les anciens, les vieux compagnons d'une route sans faille. A ceux qui imagineraient que le Père de la parabole a préféré l'enfant prodigue, je renvois à la lecture de ce texte. C'est absolument faux. Le Père aime ses deux enfants et sûrement plus l'aîné. Bien sûr que le terrible a besoin de plus de manifestations. Mais l'aîné n'a pas besoin d'un veau gras, parce que, justement, il est plus aimé que l'autre ; c'est simplement la routine qui l'en a fait douter. Mais c'est bien à l'aîné - et non au prodigue - que le Père déclare cette communion absolue : « Tout ce qui est à moi est à toi ».