9 août 2014

[Le Maître-Chat Lully] Rappel à Dieu du Révérend Père Jean Charles-Roux.

SOURCE - Blog du Maître-Chat Lully - 9 août 2014

Rappel à Dieu du Révérend Père Jean Charles-Roux.Un nouveau deuil pour la famille légitimiste.
Nous avons appris hier soir, 8 août, le rappel à Dieu, à Rome, du Révérend Père Jean Charles-Roux : né le 12 décembre 1914, il était donc dans sa centième année.

Fils aîné du diplomate, homme d’affaires et historien François Charles-Roux, le Père Jean Charles-Roux était le frère de la redoutable Edmonde Charles-Roux (et donc le beau-frère de Gaston Defferre !) et de Cyprienne Charles-Roux, devenue par son mariage Princesse Marcello del Drago.
Il avait lui-même embrassé la carrière diplomatique avant d’entrer dans les ordres : son choix s’était alors porté sur l‘Institut de la Charité (dit des Pères Rosminiens), ce qui avait provoqué l’ire de son père qui avait vu dans cette voie un obstacle aux dignités ecclésiastiques ; il avait alors fallu l’intervention de Sa Sainteté le Pape Pie XII pour que l’ambassadeur de France près le Saint-Siège accepte la vocation de son fils.
Le Père Jean Charles-Roux avait été ordonné prêtre en 1954, dans sa quarantième année.

Une grande partie de son apostolat s’était déroulée à Londres, dans l’église des Pères Rosminiens – où il avait toujours célébré la Sainte Messe latine traditionnelle – , avant de se retirer à Rome auprès de sa soeur Cyprienne.

Il racontait lui-même avec beaucoup d’humour (un des traits particuliers de son caractère) que lorsque la nouvelle messe avait été imposée, il l’avait « essayée » mais s’était rendu compte de son indigence : « J’ai donc écrit au pape Paul, que j’avais connu quand il était cardinal Montini, et dit : Saint-Père, soit vous me permettez de célébrer l’ancienne messe, soit je quitte la prêtrise et j’épouse la première jolie fille que je rencontre. »

Homme d’une immense culture, d’un raffinement exquis, d’un humour toujours très subtil – même s’il était parfois un peu décapant – , d’une charité sacerdotale exemplaire, il fut non seulement fidèle à la Sainte Messe traditionnelle (et l’on se souvient que c’est lui qui la célébrait quasi tous les jours dans les studios du tournage du film de Mel Gibson « La Passion du Christ »), mais il fut également fidèle à la légitimité dynastique : nous nous souvenons tous de sa silhouette fine et racée, de son sourire et de son extrême affabilité, lorsqu’il venait à Paris ou à Saint-Denys pour les cérémonies religieuses en l’honneur du Roi-martyr, de la Reine Marie-Antoinette, ou pour la Messe de fondation des Invalides…

Le Père Charles-Roux est l’auteur d’un ouvrage émouvant intitulé « Louis XVII – la mère et l’enfant martyrs », publié en janvier 2007 aux éditions du Cerf, dont voici la dédicace :
« Ces pages sont dédiées à la mémoire, sainte et sacrée, de Marie-Antoinette d’Autriche, de France et de Navarre, en tant que Reine mère, selon le Cœur Immaculé de Marie ; et toujours, en les palais comme en les prisons, à l’image de ces lys, inscrits en trinité dans les armes de France, et proposés par Jésus en modèle de beauté !
Ainsi qu’au Sang de France, très particulièrement en ces princes prometteurs à avoir souffert et expiré enfants, tels le Duc de Valois, fils d’Henriette d’Angleterre, Duchesse d’Orléans, et le Duc de Bourgogne, frère aîné de Louis XVI, et le Dauphin Louis Joseph, fils aîné des souverains martyrs, et, jusqu’en notre siècle, le Prince François de France, Duc de Bourbon, frère aîné de Louis XX ! 
À ce Sang, en effet, qui pour refléter en son cours le destin et la mission d’un peuple et d’une nation, incite si intensément à se demander avec Novalis : « Wer kann sagen daß er das Blut versteht ? » (*)
À ce Sang, qui est pour le peuple français celui choisi par Jésus, afin d’être, en aval de Son Incarnation, l’équivalent de ce qu’avait été en amont celui de David pour le Peuple élu ; c’est-à-dire le flot qui, par communion avec le Sang de la Personne même du Rédempteur, entraîne les destins des États et des populations, à affluer en la sereine vallée aux « vertes pâtures », entre « les collines éternelles » du Royaume des cieux. »

Que le Roi du Ciel lui accorde la récompense qu’Il a promise pour Ses bons et fidèles serviteurs !
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(*) traduction : « Qui peut dire qu’il comprend le sang ? » (in Geistliche Lieder (1798) VII Hymne > ici)