26 septembre 2013

[Jérôme Bourbon - Rivarol] Quand Bergoglio montre son vrai visage

SOURCE - Jérôme Bourbon - Rivarol - 26 septembre 2013

Nous l'avions écrit dès son élection : Jorge Mario Bergoglio est un moderniste pur et dur qui accélérera et parachèvera la révolution conciliaire. Sans prendre de gants, sans se grimer en conservateur comme aimaient à le faire certains de ses immédiats prédécesseurs. Déjà, dans l’avion qui le ramenait à Rome au lendemain des vomitives Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), le successeur de Benoît XVI avait déclaré aux journalistes qui l’interrogeaient sur la place de l’homosexualité dans les sociétés modernes et sur les réformes mises en œuvre un peu partout en Occident en faveur des invertis : « Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? » Voilà tout ce que trouve à répondre l’homme qui prétend être le vicaire du Christ alors même que le catéchisme de Saint-Pie X dit du péché contre-nature qu’il crie vengeance devant Dieu et que la Bible, tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, condamne sans ambiguïté cette « orientation sexuelle » comme on l’appelle aujourd’hui pudiquement. Au moment même où la famille et la morale traditionnelles subissent des assauts d’une violence inouïe, que sur les cartes de famille nombreuse et tous les papiers administratifs officiels les mentions de “père” et de “mère” ont été bannis et remplacés par « représentant légal 1 » et « représentant légal 2 », que dès la maternelle et l’école primaire on met en place les abominables théories du gender, obligeant par exemple les garçons à jouer aux poupées et les filles avec des voitures, lisant à de jeunes enfants des histoires avec deux papas et deux mamans ou avec un papa portant une robe, tout ce que trouve à dire l’homme en blanc qui usurpe le siège de Pierre, c’est qu’il ne faut surtout pas juger les invertis. Les grands media ont d’ailleurs reçu cinq sur cinq le message : le site internet d’Europe 1 posait ainsi une question à ses lecteurs dont voici les réponses : « Le pape François qui veut “intégrer” les homosexuels dans la société, c’est : pour 58 % une ouverture qui prouve que l’Eglise évolue ; pour 24 % surtout de la communication ; pour 18 % une déclaration aux antipodes de la doctrine traditionnelle. »

MAIS François ne s’est pas arrêté là. Dans un grand entretien à des revues culturelles jésuites européennes et américaines, il dit très clairement que les homosexuels ne doivent pas être rejetés et condamnés. « L’Eglise ne veut pas de cela ». Il faut au contraire les intégrer dans la société et dans l’église conciliaire. Et il considère que les questions liées à l’avortement, au mariage homosexuel et à la contraception sont finalement secondaires : « Lorsqu’on en parle, il faut en parler dans un contexte » déclare-t-il, ajoutant que lui-même a décidé de peu les évoquer. Autrement dit l’on se garde bien de rappeler à temps et à contretemps la doctrine sur ces questions pourtant essentielles. C’est qu’il importe de s’ouvrir davantage au monde, explique Bergoglio : « cherchons à être une Eglise qui trouve de nouvelles routes », c’est-à-dire dans les faits à être une structure qui rompe avec la doctrine, la morale, la liturgie et la discipline traditionnelles de l’Eglise catholique. Toujours soucieux de suivre les modes, François Ier a jugé nécessaire d’accorder une place plus grande à la femme. « Le génie féminin est nécessaire là où se prennent les décisions importantes », façon sournoise d’ouvrir le débat sur le célibat des prêtres comme l’a fait le secrétaire d’Etat du Vatican et à terme, n’en doutons pas, sur le sacerdoce des femmes, même si, comme tout moderniste, Bergoglio ne dévoile pas totalement sa pensée sur le sujet, préférant procéder par étapes. 

SONT également très éclairantes les réponses faites par François aux questions sur Vatican II : « Vatican II fut une relecture de l’Évangile à la lumière de la culture contemporaine. Il a produit un mouvement de rénovation qui vient simplement de l’Évangile lui-même. Les fruits sont considérables (sic !). Il suffit de rappeler la liturgie. Le travail de la réforme liturgique fut un service du peuple en tant que relecture de l’Évangile à partir d’une situation historique concrète. Il y a certes des lignes herméneutiques de continuité ou de discontinuité, pourtant une chose est claire : la manière de lire l’Évangile en l’actualisant, qui fut propre au Concile, est absolument irréversible. Il y a ensuite des questions particulières comme la liturgie selon le Vetus Ordo (sic !). Je pense que le choix du pape Benoît fut prudentiel, lié à l’aide de personnes qui avaient cette sensibilité particulière. Ce qui est préoccupant, c’est le risque d’idéologisation du Vetus Ordo, son instrumentalisation. » On le voit, Bergoglio analyse bien Vatican II comme une rupture par rapport au magistère traditionnel de l’Eglise, ce que Benoît XVI n’affirmait pas aussi clairement bien qu’il fût lui aussi moderniste, et il semble d’une certaine manière désavouer son prédécesseur sur la question sensible de la messe traditionnelle. Là où Benoît XVI voulait neutraliser la résistance traditionaliste en lui concédant un droit (relatif) à la liturgie tridentine (quoique déjà revue et corrigée par Jean XXIII), Bergoglio, à l’instar de Montini, semble se montrer beaucoup plus coercitif comme l’a montré tout récemment l’affaire des Franciscains de l’Immaculée qui doivent tous de nouveau célébrer la synaxe de Paul VI. Ce qui prouve que, même chez les modernistes, les stratégies et appréciations peuvent varier en fonction des circonstances et des hommes même si l’objectif et les fondamentaux, eux, ne changent pas depuis 1958 et la mort de Pie XII : l’ouverture au monde et pour ce faire la destruction méthodique de deux mille ans de christianisme, bref le règne de l’Antéchrist.

Jérôme Bourbon, éditorial de RIVAROL daté du 26 septembre 2013