5 août 2013

[Clémence Houdaille - La Croix] Sur le dossier traditionaliste, le pape rappelle un expert

SOURCE - Clémence Houdaille - La Croix - 5 août 2013

La nomination de Mgr Guido Pozzo au secrétariat de la commission Ecclesia Dei, poste qu’il a quitté il y a huit mois, intervient au moment où les discussions entre Rome et la Fraternité Saint-Pie-X sont au point mort.
Mgr Guido Pozzo est un fin connaisseur
de la galaxie traditionaliste.

En charge de la question des fidèles traditionalistes, qu’ils soient ou non en pleine communion avec Rome, la commission pontificale Ecclesia Dei ne disposait plus de secrétaire depuis que Mgr Pozzo, qui avait occupé ce poste de juillet 2009 à novembre 2012, avait été élevé à la dignité d’archevêque et nommé aumônier du pape. 

Le rappel « de quelqu’un qui connaît très bien les dossiers », selon le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), à laquelle est rattachée Ecclesia Dei, permettra à celle-ci de « bénéficier de son expérience et de son savoir », à un moment où elle est confrontée à plusieurs sujets cruciaux.

Au sujet de la Fraternité Saint-Pie‑X, fondée par Mgr Lefebvre, l’heure est au « constat d’un échec des négociations, des rencontres et des dialogues, analyse le cardinal Ricard. La récente déclaration des évêques lefebvristes, à l’occasion du 25e anniversaire des ordinations épiscopales par Mgr Lefebvre, le 30 juin 1988, constitue une fin de non-recevoir. » 
DÉSENSABLER LES DOSSIERS
La pierre d’achoppement demeure la non-reconnaissance du concileVatican II. « Le nouveau préfet de la CDF, Mgr Gerhard ­Müller, comprend plus difficilement ce refus, poursuit le cardinal Ricard. Quant à Mgr Di Noia, vice président de la commission Ecclesia Dei depuis le 26 juin 2012, il ne peut que constater la complexité de la situation », après plusieurs années de main tendue et de discussions doctrinales, depuis que Benoît XVI a lancé un processus de dialogue en 2009.

En appelant Mgr Pozzo, pour sa première intervention dans le dossier intégriste, le pape François fait le choix d’un fin connaisseur de la galaxie traditionaliste, apprécié de Benoît XVI, qui avait travaillé avec lui à la CDF. Le « nouveau » secrétaire pourrait, selon les termes du cardinal Ricard, être à même de « savoir si l’on peut désensabler quelques dossiers ». Car Ecclesia Dei doit aussi traiter la question des communautés traditionalistes ralliées à Rome, dont plusieurs connaissent de graves difficultés internes. 

Ainsi, « le problème de l’Institut du Bon-Pasteur (IBP) est très difficile à régler », reconnaît Mgr Ricard, qui avait effectué en 2011 la visite canonique de cet institut fondé en 2006 par d’anciens membres de la Fraternité Saint-Pie‑X. Depuis le dernier chapitre général de l’IBP, en juillet 2012, les résultats de l’élection d’un nouveau supérieur général sont violemment contestés en interne. À tel point qu’un délégué du Saint-Siège a été nommé à la tête de l’IBP pour organiser une nouvelle élection, le 31 août prochain.
LES FRÈRES FRANCISCAINS DE L’IMMACULÉE SOUS SURVEILLANCE
Autre communauté traditionaliste sous surveillance du Saint-Siège, les Frères franciscains de l’Immaculée, qui ont vu nommer à leur tête un commissaire apostolique vendredi dernier, pour une durée indéterminée. Cet institut, né en 1970, avait décidé, en 2007, de privilégier la forme extraordinaire du rite romain. Le pape François a décidé que tout religieux de cette communauté devait désormais célébrer la liturgie selon le rite ordinaire de la forme romaine, l’usage de la forme extraordinaire devant être explicitement autorisé par les autorités compétentes. 

Une décision qui vise à répondre à des problèmes spécifiques et à des tensions au sein des Frères franciscains de l’Immaculée, a précisé le P. Federico Lombardi, directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, assurant qu’il ne s’agissait pas de contredire le motu proprio Summorum Pontificum libéralisant l’usage de l’ancien rite.

Clémence Houdaille