27 juillet 2013

[Mgr Tissier de Mallerais - Le Sel de la Terre] Y a-t-il une Eglise conciliaire?

SOURCE - Mgr Tissier de Mallerais - Le Sel de la Terre - via Gentiloup - Eté 2013

"Dans un article de 16 pages Mgr Tissier de Mallerais répond à la question: Y a-t-il une Eglise conciliaire? Il termine cette étude par une très vigoureuse profession de foi en l'Eglise catholique par opposition à l'Eglise conciliaire. Ce sont donc les deux dernières pages et demie de cet article que je copie pour leur très plaisante vigueur. [...] Toutes les notes concernant ce texte n'ont pas été reprises, je n'ai répercuté que celles qui me semblaient les plus significatives. Pour avoir cette analyse en entier avec toutes ses notes, se reporter au Sel de la Terre N° 85 - Eté 2013, qui vient de paraître. GL"

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Les méthodes par lesquelles subsiste l'Eglise conciliaire
Vouée à l'autodémolition, l'Eglise conciliaire n'en subsiste pas moins vigoureusement. En quoi consiste ta ténacité? En ce que sa hiérarchie use de tout le pouvoir de la hiérarchie catholique qu'elle occupe, détient et dévoie.

Depuis l'instauration de la messe de Paul VI, elle a continuellement persécuté les prêtres fidèles à la vraie messe, au vrai catéchisme, à la vraie discipline sacramentelle, et les religieux fidèles à leur règle et à leurs vœux. Nombreux sont les prêtres qui sont morts de chagrin de devoir, par obéissance, croyaient-ils, adopter les nouveaux rites et usages. Nombreux aussi sont ceux qui sont morts dans l'ostracisme, la relégation canonique et psychologique, mais heureux de porter un témoignage inflexible au rite catholique, à la foi intègre, au Christ-Roi. Les menaces, la crainte, les censures et autres punitions ne les ont pas ébranlés. Mais hélas, combien sont ceux qui ont cédé à ces méthodes de violence, au chantage de la "désobéissance" et de la destitution exercé sur eux par leurs supérieurs. C'est là qu'on touche du doigt la malice libérale de ces chefs: ne dit-on pas à raison qu'il n'y a pas plus sectaire qu'un libéral? N'ayant pas de principes pour faire régner l'ordre, ils font régner un régime de soumission par la terreur.

La malice de la hiérarchie conciliaire est achevée par l'usage qu'elle fait du mensonge et de l'équivoque. Ainsi le motu proprio du pape Benoît XVI déclarant que la messe traditionnelle n'a jamais été supprimée et que sa célébration est libre, assortit cette liberté de conditions contraires à cette dernière, et va jusqu'à qualifier la messe authentique et sa contrefaçon moderniste de "forme extraordinaire et ordinaire du même rite romain"..

Le mensonge se poursuit dans la soi-disant "levée" des excommunications, soi-disant encourue par les quatre évêques consacrés par S.E. Mgr Lefebvre en 1988, comme si elles avaient été réellement encourues.

Mais par un surprenant contraste, la hiérarchie conciliaire n'a jamais été capable de faire respecter le cinquième commandement de Dieu, "tu ne tueras pas", qui ne fut guère prêché par les évêques: les pays naguère catholiques sont ceux où l'avortement est le plus en cours; et l'encyclique Humanae vitae du pape Paul VI n'a guère été relayée par les évêques, si bien que la pilule anti-conceptionnelle est d'usage courant chez la plupart des jeunes-filles et des femmes dans l'Eglise catholique. Les meurs immonde du monde actuel ne sont que le débordement du vice auquel la hiérarchie conciliaire n'a su opposer aucun obstacle. Cette Eglise conciliaire attire dans sa pseudo-communion une masse de chrétiens vivant en réalité dans le péché et le paganisme pratique.
Ne pas appartenir à l'Eglise conciliaire est une grâce et un témoignage providentiel
Bienheureux ceux qui ne sont pas de cette "communion des profanes", qui en sont providentiellement exclus ou sont menacés d'en être exclus! Heureuse relégation ou déréliction! La vocation de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, depuis son érection par l'Eglise catholique en 1970 et le décret de louange qui l'a honorée en 1971, n'a jamais été de recevoir les bénédictions et reconnaissances de cette Eglise conciliaire! Il était sans doute nécessaire que cette société sacerdotale, avec toute la famille de la Tradition, fût comme le flambeau allumé et qu'on ne met pas sous le boisseau conciliaire, mais sur le chandelier du pilori, afin qu'elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison de Dieu. Il était probablement préférable, selon les voies de la Providence, que cette partie saine de l'Eglise, devenue, comme le divin Maître, pierre de scandale, pierre rejetée par les bâtisseurs de la dissociété ecclésiale conciliaire, devienne la pierre angulaire et la clef de voûte de la cathédrale catholique indestructible. Notre témoignage inflexible envers la vraie Eglise de Jésus-Christ, envers le sacerdoce et la royauté du Christ prêtre et roi exige sans doute, de la part de l'Eglise conciliaire, l'exclusion et l'ostracisme prononcés contre nous et ce que nous représentons. Mais de même que Saint-Joseph dans son exil d'Egypte portait l'Enfant-Jésus et sa divine Mère, qui constituaient le germe de l'Eglise, de même, dans son exil, la famille de la Tradition porte l'Eglise en elle, sans avoir sans doute l'exclusive de cette glorieuse fonction, mais en ayant la moelle et le cœur, l'intégrité et l'incorruption. Elle porte par conséquent en elle le pontife romain, en qui le successeur de Pierre se libérera un jour d'une longue captivité (A) et sortira du somme de ses grandes illusions, pour proclamer comme jadis le premier pape à Césarée de Philippe à l'adresse de son Maître: "Tu es Christus, Filius Dei vivi!"

Dés lors, si nous sommes compliqués, nous regretterons d'être privés de la communion conciliaire ou de son apparence de communion ecclésiale et nous serons malheureux et inquiets, sans cesse en quête d'une solution. Si en revanche nous avons une foi et une simplicité d'enfant, nous chercherons simplement quel témoignage rendre à la foi catholique. Et nous trouverons: c'est d'abord le témoignage de notre existence, de notre permanence, de notre stabilité, avec celui de notre profession de foi catholique intégrale et de notre refus des erreurs et des réformes conciliaires. Un témoignage est absolu. Si je rends témoignage à la messe catholique, au Christ-Roi, il faut que je m'abstienne des messes et des doctrines conciliaires. C'est comme le grain d'encens aux idoles: c'est un seul grain ou pas du tout. Donc "c'est pas du tout". Et puis ce témoignage c'est aussi la persécution, c'est normal de la part des ennemis de cette foi, qui veulent réduire notre opposition radicale à la nouvelle religion, et aussi longtemps qu'il plaira à Dieu qu'ils persévèrent dans leurs desseins pervers. N'est-ce pas Dieu lui-même qui pose cette inimitié entre l'engeance du diable et les fils de Marie? Inimicitias ponam! (B)

Alors, dés que, dans le recueillement de l'oraison, on a perçu cette vocation propre qui est la nôtre, adaptée par Dieu à la crise actuelle, on y acquiesce en parfaite droiture et grande paix: droiture incapable d'avoir une quelconque complicité avec l'ennemi, paix sans amertume. On y court, on y bondit et on dit comme Sainte-Thérése de l'Enfant-Jésus: "Dans l'Eglise ma Mère, j'ai trouvé ma vocation!"Et on demande à la sainte magnanime: "Obtenez-moi la grâce d'avoir dans l'Eglise et pour l'Eglise une âme de martyr ou au moins de confesseur de la foi!"

Mgr Tissier de Mallerais
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(A) "Et voici qu'un ange du Seigneur apparut, et une lumière brilla dans l'appartement; et l'ange, touchant Pierre au côté, l'éveilla, en disant: lève-toi vite (Surge velociter). Et les chaînes tombèrent de ses mains Ac 12,7
(B) "Je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta race et la sienne. Elle te brisera la tête et tu tâcheras de la mordre par le talon." gen 3,15