4 février 2013

[NE PAS PUBLIER] [Un prêtre - antimodernisme.info] Lettre ouverte à l’abbé Lorans, responsable du GREC et chargé de la Communication...

SOURCE - Un prêtre - antimodernisme.info - 2 février 2013

Antimodernisme : nous espérons que cette lettre ouverte rédigée par un confrère permettra de crever un abcès qui plombe la tradition depuis une dizaine d’années...
Lettre ouverte à l’abbé Lorans, responsable du GREC et chargé de la Communication de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X
Monsieur l’abbé et cher confrère,
 
Seuls votre honneur et la crédibilité de votre charge m’amènent vers vous. Trois mois après la remise, le 14 septembre 2011, par le Cardinal Levada à Monseigneur Fellay, d’un document en vue d’une solution canonique pour la Fraternité, le Père Michel Lelong faisait paraître un ouvrage intitulé « Pour la nécessaire réconciliation ». Ce livre nous apprend qu’avec Madame Huguette Pérol, le Père Dominicain Olivier de La Brosse et le Père Lelong (fondateur du Groupe d’Amitié Islamo-Chrétienne), vous avez, en 1997, à l’occasion d’un repas, créé le GREC : Le Groupe de Réflexion Entre Catholiques.
Le but du GREC : « une vraie réconciliation »
Après la première séance publique du GREC, le 23 mai 2000, les réunions, « discrètes et amicales », se firent de plus en plus fréquentes, « environ une fois par mois ». En 2004, il fut décidé d’inviter à ces rencontres « un plus grand nombre de participants représentant les courants les plus divers de l’Église de France ». « À ces réunions participaient — et continuent à participer — des prêtres et des laïcs appartenant au diocèse de Paris et à des diocèses de province, à la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, à la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre, à l’Institut du Christ-Roi et à d’autres institutions ecclésiales ». Le souci du GREC est « de contribuer à l’unité de l’Église, dans le respect des légitimes diversités ». Ainsi que le dit M. Airiau, il « peut exister des catholiques de rite grec, des catholiques de rite latin mais également des catholiques de rite romain de 1969 et de rite romain de 1962 ». Pour Madame Huguette Pérol, « le fait de se connaître change absolument tout » et  « les différences » entre « traditionalistes » et « conciliaires » sont comparables à celles « entre une Napolitaine » et « un Hollandais. » Le but du GREC est donc de « maintenir un dialogue entre les différents courants » afin que « la Tradition » ait « son mot à dire au sein de l’Église, quand elle y aura retrouvé sa place ».
 
M. l’abbé Lorans, avez-vous vraiment partagé ce but et cette vision des choses ? N’avez-vous jamais enseigné, au séminaire ou à l’Institut, que le libéralisme et le catholicisme sont irréconciliables ? Ne savez-vous pas que le mouvement du catholique vers le libéralisme est une trahison, que le mouvement du libéral vers le catholicisme est une conversion et que quelque soit son nom, libéralisme catholique ou catholicisme libéral, la conciliation des deux est un péché ?
« Qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas d’un différend entre Mgr Lefebvre et le pape Paul VI. Il s’agit de l’incompatibilité radicale entre l’Eglise catholique et l’Eglise conciliaire, la messe de Paul VI représentant le symbole et le programme de l’Eglise conciliaire. » (Note préliminaire de Mgr Lefebvre. 12 juillet 1976).
M. l’abbé Lorans, avez-vous suffisamment informé les cofondateurs du GREC et le représentant du pape, quand il vous a « reçu à la Nonciature, pour des entretiens approfondis » avec Madame Pérol et le Père Lelong, des décisions de la Fraternité ?
« Les contacts qu’elle entretient épisodiquement avec les autorités romaines ont pour seul but de les aider à se réapproprier la Tradition et non la recherche d’arriver à un impossible « accord » purement pratique. Le jour où la Tradition retrouvera tous ses droits, « le problème de la réconciliation n’aura plus de raison d’être » (Mgr Lefebvre à Jean-Paul II, Lettre du 2 juin 1988). » (Cor unum, n°85, octobre 2006)
Le GREC et les contacts romains
Le 28 octobre 1998, le Père Lelong adressait une lettre au Cardinal Sodano disant que :
« De nombreux prêtres et fidèles ont été conduits à se tourner vers la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, moins pour des raisons doctrinales que par attachement à la messe tridentine […] Avec quelques amis, nous avons constitué à Paris un groupe de travail qui s’efforce de préparer le jour où tous les « traditionalistes » pourront retrouver leur place dans l’Église, dans l’obéissance au Saint-Père et sous l’autorité de nos évêques. […] il me semble que le Jubilé de l’An 2000 pourrait être l’occasion de « poser des actes de réconciliation qui seraient à l’honneur de l’Église ». C’est dans cet esprit, dans une totale fidélité au Souverain Pontife et aux enseignements du concile Vatican II, qu’au nom de nombreux Catholiques français, je me permets de vous demander, Monsieur le Cardinal, si, dans un geste de charité envers nos frères, le Saint-Père pourrait lever l’excommunication qui avait été prononcée à l’encontre des évêques irrégulièrement sacrés par Monseigneur Lefebvre ».
À ce courrier, le Cardinal Sodano répondit, le 20 février 1999 :
« La question que vous soulevez est très présente dans le cœur du Saint-Père, qui ne cesse de s’engager pour l’unité de l’Église […] Pour cela, il est important que ceux qui veulent revenir dans le sein de l’Église en manifestent le désir […] ».
M. l’abbé Lorans, l’ouverture des Basiliques romaines lors du pèlerinage de la Fraternité à Rome en l’an 2000, l’initiative même de ce pèlerinage et les contacts romains qui s’en sont suivis, tout cela a-t-il été l’œuvre du GREC ?
Un document compromettant
Le 20 octobre 2008, une lettre « signée par les responsables du GREC et par un certain nombre de personnalités catholiques » a été « adressée au Saint-Père » :
« Voici que le Motu Proprio de 2007 est en train de créer peu à peu dans l’Église une véritable « nouvelle donne », au sein de laquelle la réception positive que lui a accordée Monseigneur Fellay au nom de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X nous avait rempli d’espérance. […] Convaincus d’exprimer l’attente de très nombreux Catholiques et en espérant que ce sera pour la Fraternité Saint-Pie X l’occasion de régulariser sa situation canonique et de pouvoir manifester ainsi sa volonté de rentrer en pleine communion avec le Saint-Père, nous nous permettons de demander humblement à Votre Sainteté de tout mettre en œuvre pour parvenir à la levée des excommunications qui pèsent sur les quatre évêques consacrés par Monseigneur Lefebvre en 1988. Dans le contexte actuel, il nous semble que ce geste du Pasteur commun contribuerait à adoucir les vieilles blessures. »
M. l’abbé Lorans, cette lettre du GREC signifie-t-elle que vous avez renoncé à être membre de la Fraternité ? Pourquoi, en 2008, avez-vous demandé une chose que notre Supérieur, en 2006, dit avoir refusée : « évidemment nous n’allons pas demander qu’on enlève quelque chose que nous ne reconnaissons pas. Nous avons toujours refusé de reconnaître la validité de ces excommunications, nous ne pouvons donc pas demander qu’on enlève quelque chose qui n’existe pas. » (Mgr Fellay Sermon à Flavigny, le 2 février 2006. DICI N° 130).
GREC et DICI : un même esprit
Le Père Michel Lelong, cofondateur du GREC, écrit :
« Aujourd’hui plus que jamais, je mesure l’importance des textes conciliaires, en particulier de la Déclaration Nostra Aetate qui appelle les Catholiques à connaître les valeurs des grandes religions ; il convient d’être aussi attentif au dialogue entre Catholiques qu’au dialogue auquel Vatican II nous appelle avec les Orthodoxes, les Protestants, les Juifs, les Musulmans, les agnostiques et les incroyants ; il faudrait que sur le procès fait au Saint-Père par la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X à partir d’expression dont il use volontiers — la « tradition vivante », par exemple — et sur des gestes peut-être contestables, mais qui n’engagent pas son infaillibilité, soit transformé en réserve ce qui est actuellement condamnation.  La Fraternité Saint-Pie X doit cesser de rejeter en bloc Vatican II et les admirables textes — hélas trop peu connus — qui ont tenté d’exprimer avec des mots d’aujourd’hui la présence de l’Église au monde.   Après le Motu proprio de juillet 2007, on peut espérer que l’ancien et le nouveau rite vont désormais non seulement cohabiter mais s’enrichir mutuellement, comme le souhaite Benoît XVI. Alors, après les désolantes divisions autour de l’autel entre « traditionalistes » et « conciliaires », l’Eucharistie sera vraiment ce qu’elle est : le sacrement de l’unité et de la charité.  Comme le disait Benoît XVI en recevant à Rome, en 2005, les ambassadeurs des pays musulmans auprès du Saint-Siège, nous devons ‘‘reconnaître avec loyauté ce qui nous sépare et avec joie ce qui nous unit.’’ »
M. l’abbé Lorans, partagez-vous ces jugements et ces espérances ? Pensez-vous, comme le Père Lelong, que pour arriver « sans tarder, à un accord », il faut « que la Fraternité Saint-Pie X accepte les grandes orientations de Vatican II en les interprétant comme le propose aujourd’hui le Saint-Père » ?
 
M. l’abbé Lorans, vous avez réussi à convaincre le Chanoine Jaÿr (Institut du Christ-Roi) de participer aux travaux du GREC malgré toutes ses « oppositions ». Etait-ce parce que vous partagiez les jugements des abbés Barthe (écrivain ?) et Ribeton (Fraternité Saint-Pierre) qui parlent de « liturgie extraordinaire », de « doctrine extraordinaire », d’une « pastorale extraordinaire », d’une « vraie charge d’âmes aux prêtres attachés aux pédagogies et modes « traditionnels » de la sanctification des âmes » ?
 
M. l’abbé Lorans, vos contacts avec le GREC seraient-ils responsables du ton nouveau de DICI et des organes officiels de la Maison Générale ? Sur Internet, les interventions prétentieuses, quoique déficientes, de M. Jacques-Régis du Cray (Ennemond, de Prévigny…) qui, depuis 2007, n’a jamais « manqué l’occasion de se rendre aux réunions du GREC », font-elles partie de la Communication officieuse de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X ? Comment ce jeune homme, à la théologie tout aussi chétive qu’hautaine, aurait-il pu, seul, prétendre à exercer un rôle de censeur de la Tradition ? Ce professeur d’histoire qui disserte à tort et à travers sur l’esprit prétendu de Mgr Lefebvre, ne vous permet-il pas, M. l’abbé Lorans, à vous et à la Maison Générale, de ‘‘préparer’’ les opinions en disant ainsi tout haut ce que vous pensez tout bas ? Est-ce vraiment de son propre chef qu’avec mesquinerie il s’acharne à dénigrer un évêque persécuté et exclu qui a eu le malheur d’aimer la vérité comme il faut ?
Une tentation ancienne
Le livre du Père Lelong est préfacé par Dom de Lesquen. Il nous révèle que le prêtre de la Fraternité qui a le plus collaboré aux travaux du GREC est l’abbé Celier. Ceci n’est pas dû au hasard. Interrogé par le Père Lelong, l’abbé Aulagnier fait cette triste confidence : « Sachant le rôle que le Père Abbé Dom de Lesquen avait joué auprès de Dom Gérard lors de son rapprochement du 8 juillet 1988 avec Rome, je l’aborde et lui parle d’une normalisation de la situation de la FSSPX avec Rome. Ne pourrions-nous pas, avec certains de ses amis, organiser quelques réunions […] Dom de Lesquen consentit à la chose. » Douze réunions eurent ainsi lieu, de 1992 à Suresnes avec « M. l’abbé Celier qui se dévoua sans compter dans les conversations » jusqu’en 1995 à l’École Saint-Bernard à Courbevoie.
« De ces colloques, le Cardinal Ratzinger était informé très régulièrement par Dom de Lesquen. » « Nos interlocuteurs, précise l’abbé Aulagnier, comprenaient ainsi que la FSSPX était prête, dans l’heure, à tout accord, à tout arrangement pourvu que la foi catholique lui soit assurée pour elle et pour l’Église. C’est ce qu’exprimait quelque temps plus tard M. l’abbé Celier, au nom de la FSSPX, dans son livre ‘‘Benoît XVI et les traditionalistes’’. »
M. l’abbé Lorans, la Maison Générale vous a-t-elle chargé de continuer l’œuvre de l’abbé Aulagnier ? Et, à cette fin, a-t-elle voulu que « M. l’abbé du Chalard ne cessa d’apporter au GREC un soutien aussi discret qu’attentif » selon l’aveu du P. Lelong ? Quand notre Supérieur nous dit que « dans la Fraternité, on est entrain de faire des erreurs du Concile des super hérésies, comme un mal absolu. », est-ce sous l’influence du professeur d’histoire M. Airiau, intervenant du GREC pour qui « Vatican II » n’est pas « l’abomination de la désolation dans le saint lieu » ? M. l’abbé Lorans, quand vos collègues « membres du GREC » ont écrit « à Monseigneur Fellay, le 20 juin 2008 », que la FSSPX devait « reprendre sa place dans l’Église où elle a tant à apporter, mais aussi tant à recevoir », parlaient-ils de l’Eglise conciliaire ou de l’Eglise catholique ?
 
M. l’abbé Lorans, vu votre charge dans la Fraternité, vu que « Monseigneur Fellay » vous « a désigné pour suivre les travaux du GREC », il est dans votre intérêt et celui de notre société religieuse que vous éclaircissiez dans les plus brefs délais, publiquement, les problèmes soulevés par votre participation aux activités « discrètes mais pas secrètes » du GREC dont la règle est de « parler sans se fâcher des choses qui fâchent. »
 
Monsieur l’abbé Lorans, à l’heure où la communication de la Maison Générale étonne, trouble, déconcerte, inquiète, scandalise et révolte plus d’un fidèle et plus d’un prêtre, une mise au point franche de votre part, sans demi-vérité, peut éviter que la situation ne se détériore irréversiblement. Cela ne devrait pas être trop difficile puisque selon vous :
« Le GREC ne recherche pas un compromis fait de demi-vérités ou reposant sur des non-dits. Notre mutuelle charité n’exclut pas la franchise, au contraire elle l’exige. »
Avec mon religieux dévouement.
Un confrère