2 septembre 2012

[Abbé Pfeiffer] "Nous ne pouvons servir deux maîtres : Dieu et Mammon"

SOURCE - version française par "Avec l'Immaculée" - 2 septembre 2012

[ndlr : Nous nous éloignerons un peu du script anglais, au moment de citer Mgr Lefebvre pour pouvoir donner les citations exactes en français de Mgr Lefebvre, mais le sens revient au même que ce qui est dans le script.]
Vidéo en anglais :
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.
 
L'Evangile d'aujourd'hui est tiré du Sermon sur la Montagne. "Nul ne peut servir deux maîtres: ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre."

Depuis le Concile Vatican II, Nous sommes à une époque où nous essayons de trouver un moyen de servir deux maîtres. C’est la tentation pour nous tous, parce que notre monde est devenu plus matérialiste qu'il ne l'a jamais été dans toute son histoire. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et Mammon. Le passage entier de l'Evangile d’aujourd’hui est sur Mammon. Mammon se réfère à l'argent. Cela se réfère à la nourriture, l'habillement, le logement, toutes ces choses dont nous avons besoin pour notre vie humaine. Ces choses-là sont appelés Mammon. Nous ne pouvons pas servir Dieu et Mammon.
 
Un jour viendra forcément un conflit, dans notre vie surnaturelle, où nous aurons à choisir entre Dieu et Mammon. Il y aura toujours dans l'Église ces personnes qui sont tentées d'essayer de trouver une façon de servir deux maîtres. Chaque homme doit manger… Certaines personnes vivent pour manger. Pour certains d'entre nous, c’est plus que problématique... Mais tout de même, certains vivent pour manger, certains vivent pour des plaisirs variés, certains vivent pour l'argent.
 
Notre culture d'aujourd'hui est devenue la théologie de Mammon. La théologie de Mammon est entré dans l'Église catholique. Elle est entrée dans nos rangs. Le pape saint Pie X nous a dit que le Grand Égout de toutes les hérésies est le Modernisme. Le modernisme est non seulement la croyance que la vérité change et ce qui était vrai hier n'est plus vrai aujourd'hui  (l'évolution à l'intérieur de l'Église, l'erreur la plus grande de notre temps)  c'est non seulement l'évolution, mais c'est un des principes de l’évolution qui entre en jeu.

Un des principes de l'évolution est la survie du plus fort. Et si l’on applique cette idée de la survie du plus fort, qui survit ? L'homme, qui prend soin de lui en priorité numéro 1… Mon travail consiste à prendre soin de moi. Mon travail consiste à m'occuper de mes propres affaires.
Maintenant, vous pouvez profiter de cette croyance et vous pouvez devenir un animal. Vous entrez dans le monde des affaires. C’est un monde d'animaux où chaque chien, seul tente de tuer tous les autres chiens. Le but de chaque homme d'affaires est d'augmenter son entreprise et de détruire son voisin.

Mais aussi, vous pouvez prendre cette erreur et vous pouvez lui donner une apparence de bonté. Vous pouvez, en quelque sorte, l’asperger d’eau bénite. Quand vous l’aspergez d’eau bénite, vous la rendez honorable, vous la spiritualisez. Prenez une même erreur : Charles Darwin l’a nommée la survie du plus fort, Jésus-Christ l'a appelé le service de Mammon. Charles Darwin lui a donné un nouveau nom puis ensuite, dans le monde entier, les disciples de Charles Darwin et des évolutionnistes lui ont donné une philosophie entière et une théologie entière : il y a les gens qui survivent parce qu'ils sont durs ou qu’ils ont de la chance et il y a les gens qui ne survivent pas parce qu'ils ne sont pas durs et qu’ils n’ont pas de chance. Et ces idées entrent dans notre Église. Et comment l’idée de la survie des plus forts entre-t-elle dans l'Église catholique ?
 
Quel est le but d'un jeune homme catholique?
 
 Nous disons à nos fidèles : « vous avez besoin de grandir et de prendre soin de vous. Vous devez sauver votre âme. » 
 
- Le Christ nous a dit que nous devions sauver nos âmes. Nous considérons cette idée du  salut de nos âmes et nous nous disons : «  je dois sauver mon âme ». Nous déformons cette idée et nous la transformons en une nouvelle théologie : sauver mon âme signifie que je dois prendre soin de moi. Tout ce qui importe, c'est que j'ai une messe traditionnelle à ma porte. La seule chose qui importe est que j'aie tout ce dont j'ai besoin.

Vous savez, quand on se rend compte qu'il n'y a pas assez d'électricité, tout le monde veut une centrale électrique et tout le monde vote pour une centrale électrique. Mais voici qu’ensuite, vous découvrez qu'ils vont construire la centrale électrique dans votre jardin. Vous commencez alors une nouvelle campagne ayant pour thème : « Nous n'avons pas besoin d'une centrale électrique ! » Avant, vous étiez en faveur d'une centrale électrique parce que vous aviez besoin d'électricité. Mais  lorsque vous découvrez qu'ils vont la mettre dans votre jardin, vous commencez une campagne en disant : Pourquoi faut-il que ce soit dans ma cour? Pourquoi ne peut-elle pas être dans l'arrière-cour de quelqu'un d'autre ? Vous gagnez votre campagne… Puis quelqu'un d'autre commence une campagne. Il ne veut pas d'une centrale électrique, car elle s'est déplacée dans son arrière-cour. Et tout le monde pense à son « moi ». Je veux de l'électricité pour moi, mais je ne veux pas d'une centrale électrique dans ma cour.

Ce qui importe ? Le but de l'électricité, c'est moi. Le but des routes, c'est moi. Dieu est pour moi. L'Eglise, est pour moi. La femme est pour moi. Le mari est pour moi. Les enfants sont pour moi. Une femme qui est féministe mène une vie féministe. Elle court partout et elle va être une femme d'affaires. Mais elle commence à  se sentir seule à 35 ans… et voici qu’elle se met à prendre 6.000 pilules favorisant la fertilité. Avant, elle avait pris 6.000 pilules abortives. Mais à présent, elle prend 6.000 pilules pour la fertilité et elle veut un bébé. Pourquoi? Parce qu'elle se sent seule étant plus âgée et qu’elle veut un petit bébé pour la réconforter… Puis le bébé naît, et quel est le but de ce bébé ? Moi. Puis la théologie est ensuite transmise au bébé. Et puis ils vont à la messe en latin. Les dames « se sanctifient » et mettent des robes… Les hommes, eux, deviennent des durs à cuire…Vous savez, ils boivent un autre type de bière… et ils vont à l'église et ils vont à la messe en latin…Ont-ils changé leur théologie? Non.
 
Quel est le but de l'école? J'ai besoin d'une école qui dure aussi longtemps que j'ai des enfants en âge scolaire. Après cela, ils peuvent fermer l'école. Si je déménage trop loin ou que je n'aime pas l'école, ils peuvent fermer l'école. Si ce n'est plus bon pour moi, il n'a plus besoin d'école. Mais si j'ai besoin d'une école, il doit y avoir une école. C’est très important d'avoir des écoles… Mais si vous n'avez pas d'enfants, l’école est un gaspillage d'argent. Si vous n'avez pas d'enfants, l'école n'est pas nécessaire. Si vous n'aimez pas l'école, l'école devient mauvaise et ils devraient fermer cette école parce que, après tout, c'est une mauvaise école.

Quelle est le principe ? Moi, moi, moi : la survie du plus fort. Mais ce qui est dit dans l'Evangile d'aujourd'hui, c’est que nous ne pouvons servir deux maîtres : Dieu et Mammon.

Saint Augustin, quand il parle de Mammon, dit : « Deux amours ont construit deux villes : l'amour de Dieu, conduisant au mépris de soi et l'amour de soi, conduisant au mépris de Dieu. »

Pourquoi aimons-nous manger ? Pourquoi aimons-nous les maisons ? Pourquoi aimons-nous les églises ? Pourquoi aimons-nous chacun selon nos propres sensibilités ? Parce que nous nous aimons. Et quand nous considérons la foi catholique, nous la dévions. Cela arrive lentement. Le Père Hannifin, mon vieux prêtre irlandais, avait coutume de dire : « Quand on perd la foi, on ne la perd pas en une minute. Cela s’étale dans le temps, lentement, lentement, lentement…Nous avons notre maison confortable. Nous prenons nos aises…

Je me souviens d'un homme au goulag, en Russie, il a été capturé par les communistes. Il a été torturé : pas de problème. Il mourait de faim : pas de problème. Cet homme a décrit, plusieurs années plus tard, la journée la plus difficile et la plus grande torture qu'il a  reçue au goulag : une fois, le chef communiste vient à lui et lui dit : « Les choses s'améliorent pour toi. Nous avons écrit à la ville et au le chef du bureau politique dans ta ville, et ta femme, elle pourrait bien être autorisée à venir te rendre visite. » Et on  lui en a parlé pendant plusieurs mois... Puis ils ont dit : « Nous avons enfin obtenu la permission. Ta femme peut venir te voir. Elle va venir dans trois semaines… Elle va venir dans deux semaines. Elle va venir dans une semaine. Elle va venir demain… » Puis ils l’ont nettoyé, on lui a donné de la bonne nourriture. Et après l'avoir nettoyé, lui avoir donné de la bonne nourriture, avoir tout mis en ordre avec de bons vêtements propres, ils lui ont donné une douche. Ensuite, ils sont allés dehors et lui ont dit : « Ta femme, nous ne lui avons jamais parlé. Ta femme ne viendra pas. Pour autant que nous le sachions, ta femme est morte. Remets tes haillons et retourne au goulag ou bien signe cette confession. » Il s’est alors effondré... Il a dit que de toutes les tortures qu'il avait reçues, c’était la plus grande. Ils lui avaient peu à peu construit, puis encore construit, puis construit un espoir…Il pensait que sa femme allait venir. Et quand il a découvert que les lettres étaient fausses, que l'information était fausse, et qu’au dernier moment, ils lui ont dit : « Enlève tes beaux habits propres et reprend tes haillons. » Il a cédé.
 
C'est la tentation à laquelle est soumise la Fraternité Saint-Pie X pour le moment. Des promesses sont faites : Rome veut que l’on revienne dans l'Église. Que voulons-nous ? La justice. Que dit le supérieur ? Nous voulons que justice soit rendue à Mgr Lefebvre. Nous voulons la justice pour nous-mêmes.
 
Mgr Lefebvre n'a jamais demandé la justice pour lui-même. 

Vous savez, saint Athanase a été excommunié plusieurs fois, et ils ont menacé de le tuer à plusieurs reprises. Si vous regardez l'histoire de l'Eglise, les excommunications de saint Athanase n'ont jamais été levées. Il a pensé que qu'être au ciel et être un saint, c’était bien assez bon. La levée des excommunications n’est pas nécessaire.  Il n’y a pas besoin de justification pour saint Athanase, car sa justice, c'est qu'il a résisté aux excommunications. Sa justice, c’est qu'il n'avait pas peur d'être tué pour la foi. Sa justice, c’est qu'il a gardé son esprit, son cœur et sa foi en tout rectitude, devant Dieu, jusqu'à sa mort. Et donc l'Eglise lui a rendu justice comme lorsque qu’Elle canonise un saint. Pas besoin de lever des excommunications non justifiées et insensées.
 
Alors, quelle est la tentation ? … : « Nous allons lever les excommunications, et les gens vont vous respecter plus, les gens vont vous aimer davantage. Vous allez être plus respecté et aimé parce que les excommunications ont été levées, et ne voulons- nous pas tous la justice ? »
 
Je me souviens de l'une de nos réunions de prêtres il y a quelques mois : Ne voulons-nous pas tous la justice pour Mgr Lefebvre ? Et trois d'entre nous, prêtres, avons dit : Non, nous ne voulons la justice pour Mgr Lefebvre. Nous n'avons pas besoin de la justice pour Mgr Lefebvre. Il est mort pour la justice qui est la justice de la droiture de Dieu à l'intérieur de nos cœurs, à l'intérieur de nos esprits, à l'intérieur de notre Sainte Église. Il est mort pour la justice de Dieu, et il a vécu selon la justice.

Nous n'avons pas besoin qu’un homme nous rende justice. Nous n'avons pas besoin qu’un homme nous approuve. S'il nous approuve…Très bien, il sera béni par Dieu. S'il nous désapprouve, très bien, il sera maudit par Dieu. Mais dans aucun des deux cas, cela ne m’avantage. En tant que soldat du Christ, mon devoir est de suivre le Christ.

C'était une tentation pour la Fraternité Saint-Pie X qu’on lui dise : Nous allons lever vos excommunications. Vous allez recevoir la médaille d'honneur à nouveau. Vous allez être en mesure de vous montrer de nouveau fièrement à l'intérieur de l'Eglise… Et nous avons oublié que notre but est de lutter contre le modernisme, que notre but est de lutter contre les erreurs de l'Eglise. Notre but est de lutter contre la perte de la foi. Et la réponse est que lorsque la foi reviendra au pape, quand la foi reviendra aux évêques, quand la foi reviendra aux prêtres, quand elle reviendra à l'église, ce sera notre justification. Ce n'est pas notre justification que excommunications soient  levées. S'ils les lèvent, très bien - sauf qu'elles ne peuvent pas être levées puisque les évêques n’ont jamais été excommuniés-. S'ils les déclarent nulles et non avenues, très bien. Mais ce n'est pas nécessaire pour autant. Ce n'est pas ce dont l'Église a besoin. En outre, cela peut causer un scandale parce que lever une excommunication est un acte de miséricorde et que cela sous-entend que l'excommunication était valide.

Le Président a le pouvoir de choisir n’importe quel meurtrier condamné à mort et de lui dire : Je vous pardonne, de son propre chef, pour faire un acte de miséricorde. Et ce n'est pas seulement un droit présidentiel, c'est un droit traditionnel des rois de tous les temps. Et tous les rois chrétiens ont exercé ce pouvoir afin d'imiter la miséricorde du Christ. Dans tous les royaumes catholiques, les rois disaient : « Allez choisir un meutrier dans les rangs des condamnés et dites-lui : Vous êtes pardonné… » Et lorsque  l'assassin était gracié, et il pouvait sortir dans la rue, obtenir un emploi et un travail dans la société et ne pouvait plus être puni pour le crime grave qu'il avait commis.

Cela montre la puissance de la bonté du roi. Cela ne démontre pas l'innocence de l'homme qui a été gracié. Donc, même quand nos excommunications sont soi-disant "levées", cela ne démontre pas la rectitude des quatre évêques. Il montre la « miséricorde » du « saint » pape.

A présent, dans notre cas, ce n'est pas un acte de miséricorde du saint pape. Dans ce cas, c'est le pape qui l'utilise comme un outil pour séduire les traditionalistes, en leur faisant croire qu'il a changé. Cet outil est également utilisé pour que les modernistes commencent à nous accepter plus qu'ils ne le faisaient auparavant. Ainsi, les modernistes et les traditionalistes vont devenir amis, et ce qui se passe, quand un milliard de modernistes deviennent amis avec 1.000 traditionalistes et vont à une fête ensemble, c’est que les modernistes ne s’arrêtent pas de boire. Vous ne pouvez pas les mettre tous au régime O’Doul’s (boisson à 0,5% d’alcool). Tout le monde peut prendre une O'Doul’s… Votre O'Doul’s, ils vont la jeter dans les toilettes.

Nous pensons que nous pouvons aller avec les modernistes et boire avec eux et qu’ils vont cesser d'être des ivrognes. Et nous, allons-nous nous tenir au comptoir avec eux et leur dire : « Vous voyez tout ce bon whisky du Kentucky ? Vous voyez toutes ces bonnes bières ? Vous voyez toutes ces bonnes choses ? N’en buvez  plus, c'est mauvais. Voici O'Doul’s. » Ça ne va pas marcher…

 

Normalement, nous disons aux alcooliques qu’en général, c'est une mauvaise chose d’aller dans un bar, d’y rester pendant quatre heures et de dire: « Je ne vais pas boire, je ne vais pas boire, je ne vais pas boire. » Cela ne marche pas. Nous ne pouvons pas aller à l'intérieur de la maison des modernistes, être avec les modernistes et dire: « Nous n'allons pas à boire. »
 
Quelle est la tentation? La tentation est de trop nous tenir trop en considération, que nous nous jugions trop de façon flatteuse que nous commencions à penser à notre justification, à notre levée des excommunications, à notre approbation par Rome… Imaginez le bien que nous pourrons faire lorsque nous aurons été approuvés... Une fois que nous aurons obtenu la reconnaissance, ce sera :
 
« - Ça y est, vous êtes reconnus aujourd'hui. - Nous sommes tellement heureux, répondrons-nous… » Mais quand la FSSPX sera approuvée, nous ne serons pas si heureux parce qu'ils n'aiment pas la Tradition catholique. S'ils acceptent de nous reconnaître, ils ne l'accepteront qu’en tant que compromis, parce que notre reconnaissance signifie que nous tolérons maintenant le Concile, que nous tolérons la Nouvelle Messe.

Lorsque je rendais visite à un prêtre du Novus Ordo, il y a un mois, un prêtre vint me voir - il dit la messe en latin parfois – et il me dit :
Vous êtes un prêtre de la Fraternité Saint-Pie X ?
- Oui, je suis un prêtre de la Fraternité Saint-Pie X.
- Bienvenue. J'ai entendu dire que vous retourniez à Rome.   Bienvenue à Rome
Sweet Home.
"Bienvenue à Rome Sweet Home ?"


Il croit cela, à cause de nos excommunications qui ont été « levées », il croit cela  parce que nous « revenons à l'Eglise », nous « revenons à Rome » et nous abandonnons notre «schisme» des 25 dernières années. Et il prie pour que nous renoncions à notre « schisme. » Et c'est le point de vue de centaines et de centaines de milliers de catholiques à travers le monde.

Lorsque le jour viendra où nous serons approuvés, ce jour-là, tous croiront, et à juste titre, que nous avons bien évolué, que nous avons pris soin de notre santé spirituelle et nous avons été guéris de nos maladies spirituelles d'excommunication, que nous avons été guéris de notre maladie spirituelle de schisme, que nous avons été guéris notre maladie spirituelle de critique excessive d’extrême droite du Concile Vatican II.

Nous allons certes avoir encore des bosses et des contusions. Nous continuerons à ne pas tout aimer. Nous allons toujours critiquer… Cela sera autorisé pendant un certain temps… Nous comprenons. C'est bon de revenir au bercail... Et quand vous essayez de leur dire que ce n'est pas de cette façon que cela se passe, ils ne vous croient pas. Et c’est la définition du scandale. Un scandale signifie une pierre d'achoppement, ce qui fait tomber les gens, ce qui les fait s’éloigner de Dieu.

Mgr Lefebvre l’a dit très clairement: Nous ne pouvons pas servir Dieu et Mammon. Nous servons Dieu et ce n'est pas dans notre intérêt de prendre soin de nos intérêts
. « Car celui qui cherche à sauver sa propre vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de Moi la trouvera. »

Donc, la meilleure façon de vivre est d'être prêt à mourir. Mais pour quoi sommes-nous prêts à mourir ? Tout le monde est prêt à mourir pour quelque chose. Je me souviens, quand je suis arrivé à Phoenix, en Arizona, il y avait un homme (dans la Fraternité, nous vivons toujours dans un quartier mal famé, donc nous avions l'habitude d'entendre des coups de feu toutes les nuits. Quand j'étais en Inde, j'ai entendu le bruit, j'ai pensé que c'était des coups de feu. C'était comme si j’étais de retour à Phoenix. Ils m'ont dit que non, que c'était des pétards. Je suis habitué aux coups de feu, j’ai été « déçu ».) Mais tout de même, à Phoenix, nous avions l'habitude d'entendre des coups de feu tous les soirs, les gangs se tirent dessus. La police ne se montre jamais. Ils ramassent les cadavres dans la matinée. Un homme a été abattu devant notre église, ils sont venus chercher le cadavre dans la matinée. Un autre gars blessé par un coup de feu est arrivé un jour en courant à travers notre église, blessé, saignant dans l’église.

La première semaine où je suis arrivé, il y avait un homme qui a refusé de se faire racketter et pour cela, il a été tué et on a trouvé 4,13 $ sur lui. Il est mort plutôt que de perdre 4,13 $. Seulement, il y avait deux problèmes. Un, il est mort. Deux, il a perdu 4,13 $. Cela ne lui a profité d’aucune manière de choisir de mourir quand on lui a posé le revolver sur la tempe en lui disant :
Donne-moi tout ton argent.
Il a dit : je ne te donnerai pas mon argent.
- Si tu ne me donnes pas ton argent, je te fais sauter la cervelle.
- Je ne veux pas, je ne te donnerai pas mon argent.
Alors on lui a brûlé la cervelle. Et on lui a pris 4.13 $. Il est mort.

Tout le monde est prêt à mourir pour quelque chose. La question est de savoir pour quoi ? Nous devons être prêts à mourir pour le Christ, prêts à mourir pour la vérité, prêts à mourir pour la foi et pas prêts à mourir pour notre propre justice, pour notre propre agrément. Ce ne sont pas des raisons de mourir, et ce ne sont pas des raisons de vivre, non plus. Nous n'allons pas dans l'Église afin d'être approuvés. Mgr Lefebvre l’a dit très clairement.

Je vais lire quelques-unes de des citations de ce dépliant, publié par le Père Libietus :

En 1987, Mgr Lefebvre parle au cardinal Ratzinger, aujourd'hui le pape Benoît XVI :

- Vous devez être approuvées à l'intérieur de l'Eglise. Vous devez rentrer dans l'Église.
Et Mgr Lefebvre a dit : « J’ai résumé au cardinal Ratzinger [aujourd’hui pape Benoît XVI], en quelques mots : même si vous nous accordez un évêque, même si vous nous accordez une certaine autonomie par rapport aux évêques, même si vous nous accordez toute la liturgie 1962, même si vous nous permettez de continuer nos séminaires de la Fraternité comme nous faisons maintenant, nous ne pouvons pas collaborer. C’est impossible, impossible, parce que nous travaillons dans des directions diamétralement opposées. Vous, vous travaillez à la déchristianisation la société, de la personne humaine et de l'Eglise, et nous nous travaillons à la christianisation. On ne peut pas s’entendre !  Rome a perdu la foi, mes chers amis. Rome est dans l'apostasie. Je ne parle pas de vains mots. Telle est la vérité. Rome est dans l'apostasie. C’est pas des paroles, c’est pas des mots en l’air, c’est la vérité. Rome est dans l’apostasie…On ne peut plus avoir confiance dans ce monde-là. Il a quitté l’Eglise, ils ont quitté l'Eglise. Ils quittent l'Eglise. Ils ont quitté l'Eglise. C’est sûr, sûr, sûr, sûr. "
Il est très clair que c’était son opinion.

Et en 88, il dit :  « comment des personnes intelligentes peuvent affirmer qu’elles préfèrent se tromper avec le pape que d'être dans la vérité contre le pape, ce n'est pas cela que nous enseigne la loi naturelle, ni le magistère de l'église. »
 
Saint Thomas d'Aquin dit : « Si c’était une question de danger pour la foi, les supérieurs devraient être réprimandés par leurs inférieurs, même en public. »

Plusieurs prêtres m’ont dit récemment : «  Pourquoi ne prêchez-vous pas sur l'épître et l'évangile ? Prêchez sur l'épître et de l'évangile et ne prêchez pas sur ces choses qui divisent. » Chacune de ces citations est tirée d'un sermon de Mgr Marcel Lefebvre, fondateur de notre fraternité. Il a dit une fois dans un sermon à Ridgefield, dans le Connecticut : « On m'appelle un rebelle. Ils ont raison. Je suis un rebelle. Je suis rebelle contre cette église moderniste. Je suis rebelle contre ces choses modernistes. Mais je ne suis pas rebelle contre la Rome éternelle et notre Sainte Eglise. » Il est rebelle contre ces choses. Il l’a dit dans un autre sermon.

Que sommes-nous censés prêcher ? Saint Jérôme nous dit le prêtre sera jugé s'il ne prévient pas ses fidèles des péchés et les dangers qui sont devant eux, il sera jugé pour ces péchés et ces dangers. Mais s'il avertit les fidèles sur les péchés et les dangers qui sont devant eux, alors il ne sera pas jugés pour leurs péchés et ces dangers.

Le devoir d'un prêtre est d’aboyer. Saint Bernard dit le prêtre est un chien. Et un chien ne vaut rien s'il n'aboie pas. Si vous avez un gars qui entre dans votre maison et vous avez un de ces chiens qui se précipitent pour lécher tout le monde, ce n'est pas un très bon chien. Le chien doit aboyer. Le chien doit avertir. Et saint Bernard dit que le prêtre est un chien qui doit aboyer.

En 1997, certains de nos prêtres ont quitté la Fraternité Saint-Pie X. Ils sont allés rencontrer Rome et ont conclu un accord avec Rome : le Père Carlos Urrutigoity et quelques autres… Le Père Hewko, un de nos prêtres, était tenté d'aller avec eux. Et il apprit qu'ils étaient à Shohola, qu’ils étaient à Scranton. Ils ne savaient pas qu'il allait venir. Alors il s’est dit : je vais m’arrêter pour les voir. Donc il alla les voir, et il y avait sept prêtres qui ne s'attendaient pas à ce qu’il vienne. L’abbé Bisig, supérieur de la Fraternité Saint-Pierre, était là. Ainsi que d’autres prêtres de la Fraternité Saint-Pierre, le Père Urrutigoity, et certains de nos prêtres qui avaient quitté, sept d'entre eux. Et il leur dit :

 
-Très bien, messieurs les abbés, qu'en est-il de Vatican II ?
- Eh bien, vous savez, nous devons l’accepter
- Mais le Concile Vatican II ne contient-il pas des hérésies ?
Et ils ont dit : - Eh bien, non, non, pas vraiment. Nous devons le comprendre de la bonne façon.
- Mais quand vous avez quitté la Fraternité il y a deux mois, vous avez dit que vous alliez continuer à condamner les erreurs du Concile et maintenant que vous êtes approuvés par l'évêque local, maintenant que vous êtes amis avec l’abbé Bisig, allez-vous continuer à condamner le Concile ?
- Eh bien, non. Nous sommes contre toutes les mauvaises choses, mais nous devons être équilibrés. Nous devons faire preuve de compréhension.


Alors le père Hewko leur a dit :
- Saint Bernard dit qu’un prêtre est un chien et un chien est sans valeur à moins qu'il aboie. Où sont vos aboiements ?
Et voilà, ils l’ont dit ...
L’abbé Bisig a écrit un volumineux document de plusieurs centaines de pages qui défendent Assise… le même abbé Bisig qui a dit en 1988 :
Nous n'allons jamais faire de compromis, nous acceptons l'approbation de Rome, nous acceptons le protocole du 5 mai que vous , Mgr Lefebvre, avez refusé d'accepter. Nous allons avec  Rome, mais nous n'allons pas faire de compromis. Nous sommes seulement approuvés...

Mais c’est là le problème d'être approuvé : le moment arrive où vous devez décider : Qu'est-ce qui est le plus important, être approuvé ou être fidèle à Dieu ?

Mgr Lefebvre ne s’inquiétait pas d'être approuvé. En 1988, lors du sermon prononcé aux sacres il a dit  « évidemment, ils vont titrer sans doute en tête de leurs journaux : « Le schisme », « L’excommunication », tant qu’ils pourront.  Pour nous, nous sommes persuadés, toutes ces accusations dont nous sommes l’objet, toutes ces peines dont nous sommes l’objet sont nulles, absolument nulles ! »

 
Mgr Lefebvre pensaient qu’elles ne signifiaient rien pour nous, car nous faisons le travail de la Tradition : «  je pense que c’est mon devoir de donner les moyens de faire ce que j’appellerais cette opération survie, opération survie de la Tradition (…) C’est pourquoi aujourd’hui, en consacrant ces évêques, je suis persuadé de continuer, de faire vivre la Tradition, c’est-à-dire l’Eglise catholique. » Le travail que nous faisons, c'est pour le bien de la sainte Église. Et il disait régulièrement : Nous devons avertir les fidèles.

Pour lire quelques citations supplémentaires de Mgr Lefebvre : en 1989, après les sacres, dans la revue Fideliter n°70 de juillet-août 1989, revue française de la Fraternité, Mgr Lefebvre déclare: « Se mettre à l’intérieur de l’Église, qu’est-ce que cela veut dire ? Et d’abord, de quelle Église parle-t-on ? Si c’est de l’église Conciliaire, il faudrait que nous, qui avons lutté contre elle pendant vingt ans parce que nous voulons l’Église catholique, nous rentrions dans cette église Conciliaire pour soi-disant la rendre catholique ? C’est une illusion totale ! »

 
C'est l'illusion que l’on m’a exposée hier, l'illusion qui a été proposée par plusieurs prêtres aux fidèles au cours des dernières semaines, l’illusion que nous devons aller dans l'Église conciliaire, que nous pourrons aller dans les cathédrales, que nous allons entrer dans les diocèses et être professeurs dans les séminaires modernistes, que nous allons convertir l'Eglise. Mais Mgr Lefebvre, qui était un homme d'Église depuis plus longtemps que la Fraternité existe, a déclaré: « C’est une illusion totale. Ce ne sont pas les sujets qui font les supérieurs, mais les supérieurs qui font les sujets. Dans toute cette Curie romaine, parmi tous les évêques du monde qui sont progressistes, j’aurais été complètement noyé. Je n’aurais rien pu faire, ni protéger les fidèles et les séminaristes. »
 
Nous constatons déjà cela chez de nombreux prêtres. L’abbé Emerson, de la Fraternité Saint-Pierre, fut le premier prêtre autorisé à être curé, maintenant, il n'est plus membre de la Fraternité Saint-Pierre, mais il a été le premier prêtre américain, ex-FSSPX , à être curé en Pennsylvanie ou en Angleterre, je ne sais plus. C'était peut-être en Angleterre. Mais il a eu un problème parce qu'il avait des prêtres Novus Ordo sous ses ordres en tant que curé. Il y a eu des combats à propos de la Sainte Communion. Donc il a dû mettre dans son bulletin : Quand les gens reçoivent la communion dans la main, nous ne pouvons rien y faire, nous allons devoir le permettre. Nous savons que, dans notre messe traditionnelle, nous ne donnons pas la communion dans la main. Mais avec la nouvelle messe, nous ne pouvons pas interdire aux autres de communier dans la main
 
C'était dans le bulletin. Le curé, le Père Emerson, ne pensait pas que cela allait lui arriver, mais c'est arrivé.

Je me souviens, d’un cas aux Indes : nous avions été autorisés à dire la messe dans l'église où se trouve la tombe de l'apôtre saint Thomas. Nous étions programmés pour la messe 9 heures. Et juste le jour avant la messe, comme nous entrions pour dire à 9 h messe en latin dans l'église principale… [Ici, Father Pfeiffer s’interrompt momentanément pour expliquer la situation :]

 
J'avais  parlé avec un prêtre, deux semaines auparavant. Je suis ami avec le curé de cette église, et j'ai dit : Regardez, le Concile Vatican II est mauvais, la nouvelle messe est mauvaise, tout mon discours habituel. Et il n'avait aucun problème avec ces affirmations. Alors ils ont décidé - je ne l'ai pas demandé, ce sont quelques fidèles qui l’ont demandé - que nous pourrions avoir une messe à l'intérieur.
 
Et juste avant la messe, la veille au soir, alors que tout était programmé : Oh, au fait, vous ne pouvez pas condamner le Concile. Et au fait, vous ne pouvez pas critiquer la nouvelle messe. Dites uniquement des choses positives.

La condition a été donné. Quand a-t-elle été donnée ? Au dernier moment. Nous pouvions avoir des centaines et des centaines de personnes à la messe. Regardez tout le bien qui pouvait être fait… Tout ce que j'avais à faire était de  fermer la bouche. Et nous avons dit : Non, nous ne pouvons pas accepter ces fausses conditions. Ce sont des pièges.
 
Et Mgr Lefebvre l'explique encore davantage. Continuons de citer ce même passage de 1989 : « Je ne pense pas que ce soit un vrai retour à la Tradition. » (à propos du pape qui nommait des évêques conservateurs). Le pape Jean-Paul II a nommé en 89 quelques évêques. Mgr Lefebvre répond : «Je ne pense pas que ce soit un vrai retour [à la Tradition]. C'est comme dans un combat, quand on a l’impression que les troupes vont un peu trop loin, on les retient, on freine un tout petit peu l’élan de Vatican II, parce que les tenants du Concile vont trop loin. D’ailleurs ces théologiens ont bien tort de s'émouvoir. Ces évêques sont tout acquis au Concile réformes post-conciliaires, à I’œcuménisme et au charismatisme. »

Interrogé sur les signes de la bienveillance à la Tradition, il répond :
« Il ya beaucoup de signes qui nous montrent que ce dont vous parlez est tout simplement exceptionnel et temporaire ».

Voici un excellent exemple : 2006, l’Institut du Bon Pasteur. [Rome leur dit]: « Vous pouvez avoir votre messe en latin dans ce diocèse en France. Vous pouvez enseigner le catéchisme. Vous pouvez condamner le Concile. Vous pouvez condamner les erreurs. »

 
« Il ya beaucoup de signes que cela est tout simplement exceptionnel et temporaire», affirme Mgr Lefebvre [du temps de Jean-Paul II, dans une situation analogue]. Qu’en sait-il ? Peut-être est-ce seulement un homme 80 ans atteint de la maladie d'Alzheimer… Mais c'est ce qu'il a dit. Devinez ce qui est arrivé ? Six ans plus tard, le 23 mars 2012, Mgr Pozzo écrit une lettre à l'Institut Pasteur Bon dans laquelle il dit (cf. paroles exactes en annexe à la fin du sermon): selon la décision de la Commission Ecclesia Dei, vous êtes trop exclusif dans votre usage de la messe en latin. Vous ne pouvez pas être exclusif dans l'usage de la messe en latin. Vous devez pratiquer la messe en latin dans l'esprit du Motu Proprio Summorum Pontificum. Vous devez accepter la nouvelle messe Vous devez enseigner le Catéchisme de l'Eglise catholique (un catéchisme moderniste publié en 1991) dans votre séminaire. Vous devez enseigner les 16 documents du Concile Vatican II : vous le ne faites pas.

Et le supérieur est retiré, remplacé. Maintenant, son cas canonique est exposé à Rome. L'abbé Laguérie a fait appel de sa révocation devant les hommes mêmes qui sont responsables de son expulsion. L'appel est en cours en ce moment. [Comme le disait Mgr Lefebvre,] c’était bien « exceptionnel et temporaire ».

2012 a été la fin de la paix temporaire de l’Institut du Bon Pasteur et le début de la planification de notre paix à nous. Et la paix qui est prévue pour nous sera « exceptionnelle et temporaire », également.

Continuons à citer Mgr Lefebvre : C'est pourquoi ce qui peut apparaître comme une concession n'est en réalité qu'une manœuvre pour parvenir à détacher de nous le plus possible de fidèles. C'est dans cette perspective qu'ils semblent donner toujours un peu plus et aller très loin. Il nous faut absolument convaincre les fidèles qu’il s’agit bien d’une manœuvre… »

 
Comment pouvons-vous convaincre les fidèles ? Où est le lieu où il est du devoir d'un prêtre de convaincre les fidèles? C’est le lieu qui est appelé la chaire. C'est l'endroit où le prêtre doit se tenir et convaincre les fidèles.

Supposons que notre maison est entourée par toutes sortes d'agents d'Al-Qaida à l'extérieur, qu’il y ait des bombes à la porte, des mitrailleuses et des canons et qu’ils s’apprêtent à nous tuer tous. Et voici que le prêtre se lève et fait un sermon ainsi : « Aujourd'hui, nous allons lire l'interprétation de saint Athanase et saint Jérôme sur le passage du sermon d'aujourd'hui. » Et il ne dit rien à propos de la bataille, ne dit rien sur la façon de se préparer à la mort, il ne dit rien sur la façon de résister en tant que catholique, au milieu de cette lutte, mais se contente de parler de l'épître et de l'évangile dans une sorte de commentaire spirituel, peut-être, vide de sens.

Nous sommes en guerre. Les âmes des catholiques de Tradition sont en danger de perdre la foi. Nous sommes en danger de nous éloigner de Dieu. Telle est notre situation aujourd'hui. Mgr Lefebvre nous a avertis à plusieurs reprises avant sa mort, car il a vu que le temps viendrait où nous aurions à faire face à cette tentation. Et notre Saint Fondateur lui-même nous a laissé ses paroles, auxquelles nous pouvons faire appel parce qu'il a tracé la route pour savoir comment faire face en cette période de crise : « Il nous faut absolument convaincre les fidèles qu’il s’agit bien d’une manœuvre, que c’est un danger de se mettre entre les mains des évêques conciliaires et de la Rome moderniste. C’est le plus grand danger qui les menace.» Et les propres membres [de la Fraternité] disent maintenant: « Nous allons pouvoir y rentrer. »[à Rome]
Je me souviens de ce jour-là en Inde [la veille du jour où la messe devait être célébrée dans l’Eglise] : il y avait un autre prêtre avec moi qui était un prêtre très fervent et anti-moderniste. Ce jour-là il était troublé. Il a dit : Bien, je vais y aller et dire la messe et je lui ai dit : Père, demain vous allez dire la messe sans condamner le Concile, en respectant les conditions qui vous sont données, et dimanche prochain, c’est moi qui suis programmé pour dire la messe, et je ne vais pas y aller et dire que je refuse de célébrer la messe. Et je vais dire la messe ici, dans cette école. Et les gens vont dire : Pourquoi un seul Père va à la messe là-bas et pourquoi les autres Pères refusent ? Et je vais leur dire : parce que le Père, avec qui je suis ami et avec lequel je suis toujours ami jusqu’à ce jour, ce Père dit que je ne peux pas prêcher contre les erreurs de Vatican II ou contre les erreurs de la nouvelle messe. Il dit que je dois être positif et non négatif quand je célèbrerai la Messe traditionnelle chez lui. Et c'est un compromis, par conséquent, je refuse de le faire. Et il y aura une séparation entre nous.

Et l’autre Père a dit : Vous avez raison. Il était dans un état de confusion temporaire. Et il n’est pas allé célébrer cette Messe.

Poursuite de la citation 1989 de Mgr Lefebvre : « Si nous avons lutté pendant vingt ans pour éviter les erreurs conciliaires, (maintenant nous pouvons dire 40 ans) ce n’est pas pour nous mettre maintenant dans les mains de ceux qui les professent »
Quelle est la personne entre les mains de laquelle nous nous plaçons en particulier ? C’est le cardinal Joseph Ratzinger, qui est aujourd'hui le pape Benoît XVI, celui-là même entre les mains duquel que Mgr Lefebvre refusait expressément de se remettre, 20 ans plus tard encore en vie et maintenant notre Pape.

En 1990, [Mgr Lefebvre dit en parlant des ralliés] : « Il y en a qui ont toujours envie de regarder de l’autre côté de la barrière. Ils ne regardent pas du côté des amis, de ceux qui se défendent sur le terrain même du combat, ils regardent toujours un peu du côté de l’ennemi. Ils disent qu’il faut être charitable, avoir de bons sentiments, qu’il faut éviter les divisions. Après tout, ces gens là disent quand même la bonne messe, ils ne sont pas si mauvais qu’on le dit… Mais ils nous trahissent. Ils donnent la main à ceux qui démolissent l’Église, à ceux qui ont des idées modernistes et libérales, pourtant condamnées par l’Eglise. Donc maintenant, ils font le travail du diable, eux qui travaillaient avec nous pour le règne de Notre Seigneur et pour le salut des âmes»
Nous répétons ces mots maintenant. 

Le pape Benoît XVI actuellement vient juste de faire la réunion d’Assise III, en octobre 2011. Mgr Lefebvre dit : « Le comble de cette rupture avec le magistère antérieur de l’Eglise s’est accompli à Assise, après la visite à la Synagogue. Le péché public contre l’unicité de Dieu, contre le Verbe Incarné et Son Eglise fait frémir d’horreur : Jean-Paul II encourageant les fausses religions à prier leurs faux dieux : scandale sans mesure et sans précédent… »
 

En 1986, le point culminant de cette rupture avec le Magistère de l'Eglise précédente a eu lieu à Assise après la visite à la synagogue. 

Le pape Benoît XVI a visité la synagogue au moins six ou sept fois. Chaque année, il rend visite à la synagogue. Jean-Paul II eu le temps de le faire deux fois en 27 ans…

 Mgr Lefebvre dit : C'est ici le point culminant. Rappelez-vous que les Juifs ont dit, il y a 2000 ans : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants. » Et maintenant, nous prenons à la synagogue des Juifs non convertis et nous leur disons qu’ils sont des moyens de salut, alors que ce sont eux qui ont rejeté Jésus-Christ. Et l'Église ainsi que l'Écriture sainte nous enseigne que les Juifs auront leur jour de gloire dans l'avenir quand ils se tourneront vers le Christ, quand ils convertiront au Christ. Mais actuellement, ce n'est pas leur jour de gloire. À la fin du monde, les juifs auront leur jour de gloire et ils seront les chefs de la lutte contre l’Antéchrist. Et ils reviendront au bercail de Notre-Seigneur Jésus-Christ et ils le reconnaîtront comme le Messie. Il n'y a pas d'autre gloire pour un Juif que Jésus-Christ. Et donc, nous ne participons pas un faux culte avec eux, mais Jean-Paul II l’a fait et Benoît XVI l’a fait a plusieurs reprises, et il a répété Assise il y a seulement quelques mois. Et il parle de : L'esprit d'Assise : Nous devons maintenir l'esprit d'Assise…Cet esprit qui a tellement scandalisé Mgr Lefebvre qu'il l’a considéré comme l'un des grands signes du ciel qu'il fallait consacrer des évêques, qu'il fallait poursuivre le travail de la Tradition, de « l’opération survie », opération qui est encore nécessaire en 2012. – «  Mais ils nous trahissent. Ils donnent la main à ceux qui démolissent l’Église, à ceux qui ont des idées modernistes et libérales, pourtant condamnées par l’Eglise. Donc maintenant, ils font le travail du diable » 

Ils disent à présent : Du moment qu'ils nous accordent l'ancienne messe, nous pouvons serrer la main de Rome, pas de problème. Et c'est essentiellement ce que Menzingen dit maintenant : Donnez-nous la liberté d'avoir notre Messe. Donnez-nous la liberté de continuer à prêcher la vérité et condamner les promoteurs de l'erreur, et non pas les erreurs elles-mêmes.

Mais nous, nous disons : nous allons voir comment ça marche. « Ils sont dans une situation impossible, impossible. On ne peut pas à la fois serrer la main des modernistes et garder la Tradition suivante, pas possible, pas possible. Mais rester en contact avec eux, pour les ramener à les convertir à la Tradition, oui, à la rigueur, c'est le bon type d’œcuménisme ». Voilà, c’est important, Mgr Lefebvre a dit cela. 


Les gens nous disent : vous dites de rester loin de l'Église. Vous dites que ce sont tous des hommes mauvais, que tous ces prêtres sont des hommes mauvais, que tous ces évêques sont des hommes mauvais, vous dites que nous ne devons rien avoir à faire avec eux. Vous dites que nous devons attendre jusqu'à ce qu'ils soient tous les saints parfaits, tout prêts à être canonisé, et qu’alors vous reviendrez...

La réponse est non. Nous maintenons toujours le contact avec eux. Dans mon cas, cela a été mon devoir de ces cinq dernières années, en visitant plus de 300 prêtres et plus de 20 à 25 évêques pour leur parler de la conversion à la Tradition, et non pas pour m’extasier sur leur vie merveilleuse à l'intérieur de leur Eglise conciliaire moderniste. Souvent, nous promenons dans les rues et nous parlons avec les hindous, les musulmans, les protestants et les catholiques Novus Ordo, et tout le monde est le bienvenu… 


Mais pourquoi les avons-nous rencontrés ? Pour leur apporter le Christ. Pourquoi les avons-nous rencontrés ? Pour les amener au Christ et leur apporter le Christ. Nous réalisons la vérité. Notre Seigneur Jésus-Christ a dit : Qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent l'Evangile de la Paix. [Romains 10:15; Isaïe 52:7] Et nous sommes censés être les porteurs de l'Evangile de la Paix. Et partout où nos pieds nous emmener, l'Évangile doit aller. C'est notre devoir. Et quand nous sommes en contact avec les Romains, avec modernistes, avec Conciliaires, nous les aimons. Nous sommes bien avec eux. Plus d’une fois nous avons pris une bonne bière avec un bon nombre d'entre eux. C’est encore mieux quand ils payent (humour)… Mais souvent, nous nous réunissons et nous sommes amis avec beaucoup. Mais quel est notre but ? Notre but est de les convertir.

Saint Joseph Cafasso, un ami de saint Jean Bosco, dit : Rappelez-vous, un prêtre est un pêcheur et un pêcheur est un poseur de pièges. C'est ce qu’est un pêcheur. Et en tant que prêtres, a-t-il dit dans un discours aux prêtres, vous devez vous rappeler que partout où vous allez, vous portez un piège. Lorsque vous rencontrez quelqu'un, il y a un hameçon. Lorsque vous rencontrez quelqu'un, il y a un filet. Il pourra même y avoir un beau petit ver à l'extrémité du hameçon. On aimera peut-être le ver, mais nous, nous avons le hameçon. Et tout ce que nous faisons en tant que prêtres, c’est de la pêche. Saint Joseph Cafasso dit :
souvenez-vous qu’un prêtre est un pêcheur et qu’un pêcheur est un poseur de pièges. Partout où vous allez, vous voulez piéger les âmes. Partout où vous allez, vous voulez piéger les hommes pour Dieu.

Nous ne considérons pas notre propre bien-être ou notre propre justice ou notre propre protection ou notre propre nourriture, notre propre subsistance. Dieu prendra soin de cela, comme il est dit dans l'Evangile d'aujourd'hui : Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît.

C’est une fausse accusation de dire que nous sommes contre traiter avec les catholiques modernes. Nous nous en occupons de tous les jours et nous sommes heureux de traiter avec eux. Mgr Lefebvre
(06.09.1990) : « Qu’on ait des contacts pour les ramener à la Tradition, les convertir, à la rigueur. C’est le bon œcuménisme. Mais donner l’impression qu’on regrette presque, et qu’après tout on irait bien parler avec eux, ce n’est pas possible.

Il a été offensé de ce que les gens soient tourmentés à propos de l’excommunication. Oh, nous avons été excommuniés, je me sens tellement mal d'être excommunié. Vous savez, en 1988, nous ne nous sommes pas sentis mal. En 1988, tous les supérieurs, je ne sais pas combien, plusieurs centaines, ont écrit des lettres à Rome : S'il vous plaît excommuniez-nous. Vous n’avez excommunié que les quatre évêques. Nous nous sentons mal de ce que nous avons été laissés de côté. S'il vous plaît, excommuniez-nous. C'était notre attitude en 88. L'excommunication était une bannière.
Saint Athanase la porta comme sa gloire, tout comme Notre Seigneur Jésus-Christ, quand Il est ressuscité des morts, avait des blessures qui n'ont pas été enlevées de ses mains. Elles n'ont pas été enlevées de ses pieds. Elles n'avaient pas disparu parce qu'elles étaient sa gloire. Et de même dans la vie des saints, ces blessures sont notre gloire. Saint-Paul est représenté avec une épée. Pourquoi ? Parce que l'épée était sa gloire. C'est une épée qui lui a coupé la tête. Saint-Pierre est représenté avec sa croix à l'envers parce que c'était sa gloire, et ainsi de suite avec chacun des saints.


Les attaques du démon sont notre gloire. Nous ne sommes pas dérangés par ces attaques, nous n’essayons pas de les faire cesser. C'est plutôt par l'acceptation de ces attaques et en restant ferme dans la vérité, en condamnant pleinement les erreurs, en pratiquant la charité envers les âmes dans des circonstances réelles que nous amenons des âmes au Christ, que nous leur apprenons à chercher d'abord le Royaume de Dieu et sa justice. Et Il prend soin de nous.
Continuons à citer Mgr Lefebvre, en 1990 : 
« C’est ce qui nous pose parfois des problèmes avec certains très bons laïcs, qui sont pour nous et qui ont accepté les sacres, mais qui ont comme une espèce de regret intime de ne plus être avec ceux avec lesquels ils étaient auparavant, ceux qui n’ont pas accepté les sacres et qui maintenant sont coutre nous. « C’est dommage, je voudrais bien aller les retrouver, boire un verre avec eux, leur tendre la main ». Cela c’est de la trahison, parce qu’à la moindre occasion ils partiront avec eux. Il faut savoir ce que l’on veut. » 6 septembre 1990, Mgr Lefebvre, quelques mois avant sa mort, aux prêtres à Ecône.

Le père Libietus, qui a fait cette circulaire, poursuit : « Il faut donc en prendre notre parti. Nous ne pouvons pas servir Dieu et Mammon, la Tradition et le modernisme. Nous ne pouvons pas aimer la FSSPX et la néo-Fraternité en évolution. Nous aimerons l’une et haïrons l’autre... ou vice versa. Mgr Lefebvre, ancien supérieur général des Pères du Saint-Esprit et fondateur la Fraternité Saint Pie X, qui lui a donné son fondement et son esprit, parle encore aujourd'hui d'outre-tombe. Comme Notre Seigneur a dit de Lui-même : Mes paroles ne passeront point, on peut dire la même chose de l'archevêque. Il vous propose son esprit pour vous enseigner toutes choses et tout ce qu'il vous aura dit, il vous le rappellera. Ses paroles ne passeront point. Lisez-le, connaissez-le, aimez-le, suivez-le, et vous serez dans le bon chemin. »


Nous voulons maintenir le chemin sûr de notre saint Fondateur. Nous avons donné notre vie à notre sainte Église dans la Fraternité Saint-Pie X, et maintenant ils veulent nous jeter dehors, mais nous n'allons pas être jetés. Nous allons maintenir l'esprit et l'enseignement de notre fondateur, et que Dieu nous donne la grâce de le faire usque ad mortem («jusqu'à la mort»). Nous devons maintenir l'esprit de notre fondateur, car c'est l'esprit qui est nécessaire pour combattre les erreurs du Concile Vatican II, le modernisme, la crise dans notre Église d'aujourd'hui. Non pas à cause de lui, mais parce qu’il était un instrument de Dieu. Nous suivons notre Sainte Eglise. Nous suivons la sainte vérité. Nous devons condamner les erreurs. Nous ne devons pas nous préoccuper de nous-mêmes, nous n’avons pas besoin qu’on nous fasse justice en « levant » les excommunications. Ne nous préoccupons pas de cela, ni de ce que nous aurions besoin de l'approbation de Rome pour que les gens ne tempêtent plus contre nous.
[Puis le père termine sur une note d’humour]
Je pense que certains prêtres ne réalisent pas ce qu’est le mariage. Certains parmi vous ont entendu parler de gens qui se sont mariés : Quand on se marie, on  pense qu’on ne sera plus jugé. Mais une fois marié, on constate que chaque jour, elle nous attend pour nous accabler, nous critiquer, bref, faire de notre vie un enfer. Et on en a pour plus de 55 ans ! (rires)

Certains de nos prêtres ont oublié ce qu'est le mariage... Ils peuvent aller se marier à la Méchante Sorcière de l'Ouest. Nous, nous resterons où nous sommes.

Nous nous en arrêterons là , et que Dieu vous bénisse tous.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.