30 juillet 2012

[Peregrinus - Fecit] "L'intransigeance n'est pas une fin en soi"

SOURCE - Peregrinus - Fecit - 30 juillet 2012

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Je note bien que le but, selon vous, est de ne surtout pas être "comme la FSSP ou l'IBP", comble des déchéances.

Il me semble qu'au nom de "l'enseignement clair et immuable de l'Eglise", on entretient beaucoup de confusion. Mgr Fellay n'a pas réagi à Assise III comme à Assise I... parce qu'Assise III n'était pas Assise I. La présence de loges maçonniques au Vatican, jusqu'à nouvel ordre, n'est pas un dogme de foi - du reste, s'il y en a, ce qui est possible, il est très probable qu'il y en ait eu bien avant le Concile.

Avant de "convertir la jeunesse traditionaliste", convertissons-nous donc nous-mêmes. C'est à nous de faire briller par nos bonnes oeuvres la sainteté de Dieu aux yeux des hommes, pour qu'ils rendent grâce à notre Père. Sommes-nous exemplaires en tout ? Je ne puis répondre à votre place, en ce qui me concerne, je réponds non.

Enfin, vous généralisez abusivement en ce qui concerne ceux qui ne sont pas des "tradis de souche", qui partageraient nécessairement vos vues en raison de leur connaissance des milieux "conciliaires", car votre généralisation souffre bien des exceptions. J'ai eu droit moi aussi au catéchisme coloriage-découpage, aux séances d'aumônerie où l'on mettait les dogmes en discussion, aux messes de Paul VI dans toute leur diversité (des guitares au grégorien), et je fais le catéchisme dans une aumônerie de collège où des 4e me rétorquent doctement que Notre-Seigneur n'a jamais existé ; le modernisme est donc pour moi une chose tout à fait réelle, et non une idée ou des souvenirs de lecture.

Mais précisément, lorsque l'on a cette expérience, l'on voit également d'autant mieux ce que les traditionalistes, quelles que soient leurs chapelles et leurs différences légitimes ou non, ont en commun : l'Ecriture, le catéchisme et la messe - c'est-à-dire l'essentiel. Fort heureusement, et c'est à son honneur, le clergé de la FSSPX ne consacre pas tous ses sermons à dénoncer les hérésies réelles ou supposées que l'on prête aux uns ou aux autres ; le contraire serait inquiétant.

L'intransigeance n'est pas une fin en soi. Je commence à croire que chez certains, la crise de l'Eglise est l'alpha et l'oméga de la Révélation, la dénonciation du modernisme (réel chez les uns, plus ou moins suppposé chez les autres) est devenue le critère et la mesure de la foi, le nombre de maçons que l'on trouve au Vatican le thermomètre de la charité ; et il me semble que c'est très inquiétant.

Non qu'il ne soit pas nécessaire de dénoncer les erreurs. Mais encore faut-il ne pas le faire à tort et à travers, sans exagérations, sans zèle amer, et avec le souci d'édifier, et non de montrer que l'on n'est pas "comme Campos, la FSSP, l'IBP".

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