27 avril 2012

[Pélerin - Mgr Defois] "La réintégration des Lefebvristes est un enjeu mineur pour l'Eglise d'aujourd'hui"

SOURCE - Pélerin - Mgr Defois - 27 avril 2012

Le Vatican bruisse de spéculations autour d'un prochain retour des intégristes dans l'Eglise. Pour Mgr Gérard Defois, évêque émérite de Lille, l'enjeu reste "mineur" face à celui de la nouvelle évangélisation.
 La fin du schisme ? C'est ce que pronostiquent les vaticanistes les mieux informés. La lettre adressée au Vatican, le 17 avril dernier, par le supérieur de la Fraternité Saint-Pie X (FSSPX), Mgr Bernard Fellay, est au cœur de toutes les spéculations sur un prochain retour des intégristes dans l'Église.
 
Que contient-elle ? Pour le moment, en dehors du pape et de la Congrégation pour la doctrine de la foi, personne n'y a accès. Il s'agit en fait de l'ultime réponse de la Fraternité au "préambule doctrinal" - tenu secret lui aussi - présenté par le Vatican en septembre, au terme de deux ans de négociations.
 
Le mois dernier, Rome avait enjoint la FSSPX de clarifier enfin sa position. La réponse doit maintenant être scrutée à la loupe par la Congrégation pour la doctrine de la foi, le dernier mot revenant à Benoît XVI lui-même.
 
L'avenir de la Fraternité fondée par Mgr Marcel Lefebvre (1905-1991) devrait donc se jouer dans les prochains jours ou semaines : ou celle-ci accepte les conditions posées par le préambule doctrinal et réintègre l'Église, ou le schisme - entamé en 1988 avec l'ordination illicite de quatre évêques - s'installe cette fois dans la durée.
 
Seul indice probant, le P. Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, a qualifié la réponse des intégristes de « pas en avant », la jugeant "plus encourageante" que les échanges de ces derniers mois.
Pèlerin : Comment réagissez-vous à une éventuelle réintégration au sein de l’Église catholique des membres de la Fraternité Saint-Pie X ?
Mgr Gérard Defois, archevêque émérite de Lille : Les derniers événements qui nous ont été communiqués ne sont qu’une étape dans les discussions. On comprend bien la volonté du Saint-Siège de trouver une solution honorable pour chacun afin de ne pas faire durer inutilement le schisme. Le tout est de savoir en quels termes. 
 
Cela ne peut pas se faire au détriment des avancées du concile Vatican II, au risque de remettre en cause l’infaillibilité pontificale elle-même. D’un autre côté, pourquoi Mgr Fellay admettrait-il soudain d’éventuels accommodements ? De nombreux prêtres de la Fraternité ne veulent toujours pas d’un tel accord. 
 
Que serait alors le statut de la Fraternité si elle réintégrait l’Église catholique ? Quelle forme juridique nous garantirait qu’il y a une communion en profondeur ?
Ces annonces sont-elles opportunes au moment où l’Église fête les 50 ans du concile Vatican II ?
Les évêques du Concile ont toujours exprimé leur volonté de sauvegarder l’unité des chrétiens. Mais celle-ci ne peut se faire à n’importe quel prix. La conception de l’Église telle que le Concile l’a affirmée ne pose problème qu’aux membres de la Fraternité. 
 
Plus largement, je regrette la publicité excessive faite autour de ces discussions. Cela reste finalement un enjeu mineur pour l’Église d’aujourd’hui. La vraie priorité n’est-elle pas l’évangélisation des nouvelles générations évoluant dans une culture déchristianisée ?
Dans le cas hypothétique d’un accord, craignez-vous une onde de choc au sein de l’Église de France ?  
J’espère que non et je ne le souhaite pas. Je le répète : nous sommes là sur une question marginale, même si elle reste fortement symbolique.