3 mai 2012

[Abbé Benoît Wailliez - Pour Qu'Il Règne] "Mgr Lefebvre... espérait bien qu’un jour Rome lui rendrait ce statut canonique..."

Abbé Benoît Waillez - Pour qu’il règne n° 105 - mai-juin 2012

[Editorial] La crise de l’Eglise n’a pas commencé avec Vatican II. Il est clair que la philosophie scolastique et la théologie romaine étaient déjà battues en brèche dans des séminaires et noviciats et que le Saint-Office avait du pain sur la planche. (Sans parler des expériences liturgiques les plus fantaisistes, dans des abbayes et camps de jeunesse). D’où l’encyclique Humani generis d’un Pie XII vigilant et inquiet, écrite quelques 12 ans avant le Concile, et bien vite devenue lettre morte.

Or que faisait Mgr Lefebvre à ce moment là ? Dans les années 50, il était le délégué apostolique du pape pour de très nombreuses contrées d’Afrique et il œuvrait également comme archevêque de Dakar. Sous Jean XXIII, il fut rappelé en Europe, mais fut élu membre de la commission préparatoire au Concile. Il participa au Concile (1962-1965), comme supérieur général des Pères du Saint-Esprit, et il intervint bien des fois pour contrer tant bien que mal les orientations libérales et les schémas les plus nocifs de cette assemblée révolutionnaire. Et malgré le funeste pontificat de Paul VI, Mgr Lefebvre continua à œuvrer dans l’Eglise, et eut à cœur de faire approuver canoniquement la Fraternité St-Pie X : c’était un signe de catholicité auquel il tenait beaucoup. Il refusa les changements destructeurs (la nouvelle liturgie, l’enseignement néo-moderniste, l’œcuménisme apostat, etc.), et continua dans le giron officiel de l’Eglise jusqu’au moment de la suppression illégale de la Fraternité et des premières sanctions canoniques (1975-1976).

Quelqu’un comme Mgr Nestor Adam avait quitté le Concile en cours de route, scandalisé et découragé par la « révolution d’octobre » que le pape approuvait ou laissait faire peu ou prou.

En bon « soldat du Christ », qui savait qu’il aurait un jour à rendre compte à Dieu de son épiscopat, Mgr Lefebvre a continué « le bon combat » du Christ. On l’a chassé comme un malotru ? Il n’en a pas moins « poursuivi sa course », sachant parfaitement qu’il était dans l’Eglise. Il espérait bien qu’un jour Rome lui rendrait ce statut canonique dont on l’avait injustement spolié, mais pas au détriment de la foi ni de sa proclamation pleine et libre.

Lui qui, en pleine débâcle conciliaire, avait joui pendant une dizaine d’années de la bénédiction officielle de l’Eglise, aurait, « sans aucune amertume » et sans compromission aucune, accepté une reconnaissance canonique, même d’une autorité encore fortement teintée d’erreurs modernes mais désireuse de redresser la barre du grand bateau de l’Eglise « qui prend l’eau de toute part ».

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Abbé Benoît Wailliez
Supérieur de district du Benelux