11 février 2009





Messe en latin : en direct du passé
11 février 2009 - Chantal David - lavoixdunord.fr
La messe en latin est la « vitrine » des catholiques intégristes. C’était un dimanche à Notre-Dame-du-Rosaire à La Madeleine près de Lille. D’abord une génuflexion. La première d’une longue série à venir, assortie le plus souvent d’un signe de croix. L’église est pleine : environ deux cents personnes de toute la région. Certes, les paroisses intégristes de la Fraternité Saint-Pie X sont peu nombreuses. Mais assurément, la messe en latin a ses aficionados.
L’ambiance est recueillie. On échange des sourires polis, mais à quelques exceptions près, il faudra attendre la fin de la messe avant de prendre des nouvelles du monde terrestre.
Pour l’heure, tous les fidèles sont là pour Dieu et s’abîment (de l’âme aux genoux) dans les prières. Les visages sont figés par la foi. Sur la tête des dames, une mantille ou, pour les plus jeunes, un foulard strictement noué sous le menton ajoutent à la solennité de l’instant.
Dans les rangées, une majorité de familles avec enfants bien peignés : trois ou quatre en général, du bébé à l’adolescent. Ici, pas de fantaisie vestimentaire. Les fidèles déclinent la tradition jusqu’au cliché : du manteau en drap de bonne famille jusqu’au loden, on devine l’aisance financière. Pas de visages fardés non plus.

Le prêtre et son cortège d’enfants de choeur viennent d’entrer par une allée latérale et remontent par le centre de l’église. Ils sont en soutane comme dans Don Camillo. Un parfum d’encens s’inscrit dans leur sillage tandis que le balancier de l’encensoir rythme les premières notes d’un chant grégorien. Le décorum est majestueux.
Dogme et prière
Dos à l’assistance, le prêtre guide les prières entre deux cantiques.
L’atmosphère est étrange. Pendant deux heures, il n’y aura ni échange, ni dialogue. Sauf peut-être le temps du sermon lorsque l’abbé Lamerand prend clairement ses distances avec les déclarations négationnistes de Richard Williamson. Il incite aussi ses paroissiens à davantage d’humilité et de charité.
Plutôt rassurant en ces temps troublés.
Ce matin-là, la tradition l’emporte sur l’intégrisme. L’esprit peut vagabonder, bercé par les cantiques et les prières en latin. C’est apaisant. Pour un peu, on se laisserait abuser.
CHANTAL DAVID