22 juin 2007





Liturgie : signature du motu proprio
22 juin 2007 - libertepolitique.com
Liturgie : signature du motu proprio ■ Si le motu proprio est publié dans les semaines qui viennent l'ancienne messe en latin pourrait être célébrée plus largement. Selon Andréa Tornielli dans Il Giornale du 17 juin, Benoît XVI aurait signé le texte du motu proprio qui autorisera l’emploi de « l’ancien missel », celui pour lequel les traditionalistes et les intégristes se battent depuis 1969 soit près de quarante ans, et qui est une des raisons du schisme lefebvriste.
Le motu proprio, dont on ignore la date de publication, sans doute avant le début des vacances pontificales, devrait être accompagné d’une lettre du pape. Elle en expliquera les raisons et demandera aux évêques « de la disponibilité, de la patience et de la compréhension ». Selon les mêmes sources, cette lettre reprendrait les grandes lignes d’un texte que la Congrégation pour la doctrine de la foi avait préparé en 1982 sous la conduite du cardinal Ratzinger, entouré des cardinaux Baggio, Baum, Casaroli (alors secrétaire d'État), Oddi et l'archevêque Casoria.
La commission avait alors conclu que la messe en langue latine devait être reconnu indépendamment de la question de Mgr Lefebvre, mais à deux conditions : 1/ que l’emploi des livres liturgiques anciens s’accompagne du plein accueil des nouvelles règles issues de Vatican II et n’exprime pas « de suspicion sur ces dernières comme étant hérétiques ou invalides » ; 2/ que dans les messes publiques célébrées dans les paroisses, les dimanches et fêtes, soit observé « le nouveau calendrier liturgique ».
La commission avait également souhaité « un document contre les abus liturgiques, identifiés parmi les causes de la crise actuelle de l'Église et, dans un futur plus éloigné, une synthèse des deux missels ».
La lettre accompagnant le motu proprio devrait donc expliciter la décision du pape. Il l’inscrira, très probablement dans un cadre d’analyse qui dépassera le « cas Lefebvre » et la crise intégriste. Il l’inscrira en revanche certainement dans la logique de la réforme liturgique demandé par le concile et dont l’Église, en particulier en France, n’a respecté sur beaucoup de points ni la lettre ni l’esprit.
En 1998, le futur pape avait déjà rappelé que « ce n'était pas au Concile de réformer les livres liturgiques », mais que celui-ci en a commandé la révision sans en prohiber l’usage et, dans ce but, « a fixé quelques principes fondamentaux en définissant ce qu'est la liturgie, et en fournissant un guide de discernement pour chaque célébration : en ignorant ces règles essentielles et les normes prescrites par la Constitution conciliaire, alors oui, on désobéissait au concile! ».
Benoît XVI devrait répéter aussi ce qu’il a déjà écrit ou déclaré maintes fois : « Dans le cours de son histoire, l'Église n'a jamais aboli ou prohibé des formes orthodoxes de liturgie, parce que cela serait étranger à l'esprit même de l'Église... une liturgie qui exprime la vraie foi ne dit jamais une foi établie selon des critères pratiques de cérémonies diverses, on ne peut la manipuler arbitrairement, aujourd'hui selon un mode et demain selon un autre. » Pour lui, la liturgie est une réalité vivante, « expression de la vie de l'Église, dans laquelle on réunit la foi, la prière et la vie même des générations, où sont incarnées en même temps et sous une forme concrète l'action de Dieu et la réponse de l'homme ».
Enfin, le pape devrait rappeler qu’« il a toujours existé de nombreuses formes du rite latin », comme les rites ambrosien, mozarabe, de Braga, des chartreux, des dominicains… « Personne ne s'est jamais scandalisé disait alors Joseph Ratzinger, que les dominicains, souvent présents dans nos paroisses, ne célébraient pas comme les prêtres séculiers mais selon un rite propre. Nous n'avons jamais douté que leur rite était catholique au même titre que le rite romain et nous étions fiers de la richesse de tant de différentes traditions ». Pourquoi n’en serait-il pas de même aujourd’hui, en effet ?

■ Pour en savoir plus, voir l’article complet d’Andrea Tornielli dans Il Giornale, 17 juin 2007 (traduction Décryptage).