25 janvier 2009





Le cardinal Vingt-Trois se veut rassurant
25/01/2009 - Nicolas Senèze - la-croix.com
L’archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France a « une arête en travers de la gorge» mais il insiste sur la chance offerte de recoller l’unité de l’Église

Au cours d’une conférence de presse, samedi 24 janvier au soir à Notre-Dame de Paris, le cardinal André Vingt-Trois a voulu rassurer les catholiques français sur la portée de la décision de Benoît XVI. « Il s’agit d’une mesure personnelle, qui vise des personnes. La situation juridique de la Fraternité Saint-Pie-X n’est pas résolue », a souligné l’archevêque de Paris, rappelant que les quatre évêques intégristes « n’ont pas de juridiction ».

Pour lui, « ce décret est une chance de recoller une unité qui a été très perturbée ». « C’est une mesure d’ouverture qui permettra de réfléchir au statut de la Fraternité Saint-Pie-X, a-t-il expliqué. Tant qu’on n’a pas précisément affiné le contenu des propos des uns et des autres, le statut de la Fraternité n’est pas changé. »

Pour les discussions qui vont maintenant s’ouvrir, le président de la Conférence des évêques de France rappelle qu’« on ne peut pas à la fois affirmer que l’on reconnaît la primauté du pape et qu’on veut la respecter, et s’instaurer juge de l’authenticité de la Tradition catholique ». « Dans l’expérience chrétienne, l’interprétation de la Tradition n’est pas un exercice privé, c’est un exercice ecclésial fait par le Magistère, et notamment le pape, premier du collège apostolique », insiste-t-il. Et s’il estime que « ce n’est pas un groupe particulier qui va dire quel est l’enseignement authentique de l’Église. », il reconnaît aussi que « mon ministère de miséricorde m’invite à ne pas les suspecter a priori ». "L'excommunication ne visait pas les propos négationnistes"
Interrogé sur les propos négationnistes de Mgr Williamson, le cardinal Vingt-Trois a rappelé que « l’excommunication ne visait pas les propos négationnistes mais l’ordination illégitime d’évêques ». « Il peut avoir des pensées fausses, la levée de l’excommunication ne les rend pas vraies », précise-t-il, se refusant toutefois à faire l’amalgame avec ce que pensent l’ensemble des fidèles de la Fraternité.

Mais le successeur du cardinal Lustiger à l’archevêché de Paris est conscient du trouble suscité : « Je comprends très bien qu’un certain nombre de catholiques vont avoir une arête en travers de la gorge devant les propos de Mgr Williamson. Moi aussi j’ai une arête en travers de la gorge ! Mais cela ne m’empêche pas de respirer. »

Le cardinal Vingt-Trois ne croit pas que la décision de Benoît XVI pousse des fidèles à quitter l’Église. « L’Église est largement assez vivante pour assumer une secousse comme ça », estime-t-il, soulignant qu’« une des erreurs tactiques de Mgr Lefebvre était que de croire qu’il suffisait de s’inscrire institutionnellement à côté pour pouvoir obtenir gain de cause ». Et d’insister : « Ce n’est pas la victoire de Mgr Lefebvre : c’est la victoire de l’unité de l’Église ».

Nicolas SENÈZE