10 juillet 2007





Jean Paul II préparait un Motu proprio semblable, par le card. Castrillon - Entretien dans « Il Giornale »
10 juillet 2007 - zenit.org
ROME, Mardi 10 juillet 2007 (ZENIT.org) – « Jean Paul II comptait préparer un Motu proprio semblable à celui qui est aujourd’hui promulgué », révèle le cardinal Castrillon Hoyos au quotidien italien "Il Giornale" du 8 juillet. La publication du Motu proprio de Benoît XVI, « Summorum Pontificum », le 7 juillet dernier, constitue, explique-t-il, « une décision qui ouvre la voie au retour des fidèles lefèbvristes », confie le cardinal Castrillon au quotidien italien.
En tant que président de la commission pontificale Ecclesia Dei, le cardinal Dario Castrillon Hoyos est le principal architecte des négociations entre Rome et les mouvements traditionalistes.
« La lettre du pape est claire, déclare le cardinal colombien. C’est une décision qui est partie du cœur et de l’intelligence d’un pape qui aime et qui connaît bien la liturgie. Il veut que l’ancienne liturgie, considérée comme un patrimoine, soit conservée, sans signifier pour autant qu’il y ait opposition avec la nouvelle messe. On a reçu à Rome des milliers de lettres dans lesquelles des personnes réclamaient cette liberté de pouvoir participer à l'ancien rite ».
Pour ce qui est de la continuité avec le concile, le cardinal Castrillon précise : « En aucune façon et sous aucune forme Benoît XVI ne va dans une direction opposée à celle indiquée par le Concile. La nouvelle messe reste la forme ordinaire du rite romain. Dans le Motu proprio et dans la lettre du pape, il n’y a rien qui montre un minimum de détachement par rapport au Concile. Il est bon de rappeler que le concile Vatican II n’a pas interdit l’ancienne messe, célébrée d’ailleurs par les pères conciliaires durant les assemblées. Rien n’a donc été bafoué. Tout a été pensé pour aller à la rencontre des exigences de groupes de fidèles, un geste libérateur ».
Il ajoute qu’il n’y a « aucune divergence » dans l’enseignement des prédécesseurs de Benoît XVI : « Dès l’entrée en vigueur du nouveau missel, Paul VI avait accordé la possibilité de célébrer la messe dans l'ancien rite latin et Jean-Paul II comptait préparer un Motu proprio semblable à celui qui est aujourd’hui promulgué ».
Quant à l’autorité de l’évêque, le cardinal Castrillon Hoyos souligne qu’elle sort renforcée par ces nouvelles mesures : « Le rôle de l’évêque est garanti, le droit canonique ne change pas. C’est au pasteur du diocèse que revient la tâche de coordonner la liturgie, en harmonie avec le législateur suprême du culte divin, le pape. En cas de problèmes, l’évêque peut intervenir, toujours en vertu des dispositions établies par le Motu proprio. Je suis sûre que la sensibilité pastorale des évêques trouvera la bonne voie pour favoriser l’unité de l’Eglise et éviter qu’il y ait 'schisme' ».
En outre, à propos de la prière d’intercession du Vendredi saint pour tous les peuples et pour le peuple juif, le cardinal Castrillon rappelle que « le missel autorisé est celui de 1962, promulgué par Jean XXIII, où les expressions 'perfidis judaeis' et 'judaica perfidia' ont été totalement effacées. Il ne faudrait pas qu’il y ait de confusion à ce sujet-là. Le seul et unique missel autorisé est celui de 1962. Cela vaut aussi pour la célébration du Triduum Pascal qui pourra avoir lieu dans les paroisses ».
A propos de la mise en œuvre du Motu proprio « Summorum pontificum », le cardinal fait observer : « Je ne connais pas, dans l’histoire de l’Eglise, de décisions importantes qui aient été prises sans rencontrer de difficultés. Mais je souhaite vivement que ces difficultés seront affrontées et surmontées, en suivant le modèle d’approche suggéré par le pape dans sa lettre ».
Il souligne l’un des fruits espérés de ce document : « Ce Motu proprio ouvre la voie à un retour de la Fraternité Saint Pie X à la pleine communion. Si après un tel geste, ce retour n’arrivait pas, vraiment je ne saurais plus que penser. Mais je tiens quand même à préciser que le document papal n’a pas été fait pour les lefèbvristes, mais parce que le pape est convaincu qu’il faut mettre en évidence qu’il y a une continuité dans la tradition et que, dans l’Eglise, on ne peut avancer à coups de fractures. L’ancienne messe n’a jamais été abolie ni interdite ».