1 août 2008

Où en est-on entre Ecône et Rome?
1 août 2008 - lenouvelliste.ch
La Fraternité Saint-Pie X (Ecône) a refusé dans l’immédiat un accord de réconciliation proposé par Rome, jugeant que celui-ci ne peut être obtenu “dans la précipitation“ et a demandé “le retrait préalable des décrets d’excommunication de 1988 (touchant les évêques sacrés cette année-là par Mgr Lefebvre)“ avant d’entamer le dialogue, ont dit les agences de presse. Mgr Fellay (supérieur de la Fraternité) - qui a répondu dans les délais impartis au cardinal Castrillon Hoyos chargé de la négociation pour le Vatican - n’aurait en fait pas fermé la porte mais proposé un dialogue doctrinal de fond s’inscrivant dans un processus plus long. De fait, les cinq conditions posées par le Vatican avaient pour but de restaurer un climat constructif. On reconnaît là la sagesse de Benoît XVI qui n’a pas mis comme conditions préalables des thèmes sensibles liés à Vatican II ou à la Liturgie et ce afin de ne pas faire échouer d’entrée le rapprochement.
Voici quelles étaient les conditions posées par le Vatican et résultant de l’entretien du 4 juin 2008 entre le Cardinal Dario Castrillon Hoyos et Mgr. Bernard Fellay
“- L’engagement d’une réponse proportionnée à la générosité du Pape.
- L’engagement d’éviter toute intervention publique qui ne respecte pas la personne du Saint-Père et qui serait négative pour la charité ecclésiale.
- L’engagement d’éviter la prétention d’un magistère supérieur au Saint-Père et ne pas proposer la Fraternité en contraposition à l’Eglise.
- L’engagement à démontrer la volonté d’agir honnêtement en toute charité ecclésiale et dans le respect de l’autorité du Vicaire du Christ.
- L’engagement de respecter la date – fixée à la fin du mois de juin – pour répondre positivement. Cela sera une condition requise et nécessaire comme préparation immédiate à l’adhésion pour accomplir la pleine communion.”
La Fraternité Saint Pie X devrait saisir l’occasion historique que lui donne Benoît XVI de réintégrer les structures de l’Eglise. Le pape veut un résultat rapide. Il a raison car de longues discussion doctrinales ne permettront sans doute pas d’arriver plus facilement à des résultats. Je suis pour ma part assez pessimiste sur la possibilité d’un accord en l’état actuel des choses, d’autant plus qu’Ecône est échaudé par la mauvaise volonté de beaucoup d’évêques, y compris en Suisse, qui refusent de facto d’appliquer le motu proprio du pape réhabilitant l’ancienne messe (ces évêques multiplient par exemple les conditions à l’encontre des groupes demandant ladite ancienne messe et refusent les demandes faites à l’échelle d’un diocèse plutôt que d’une paroisse parce qu’ils ne veulent pas d’une paroisse personnelle, etc.). Et pourtant, Ecône devrait prendre le risque de saisir la main tendue par le pape qui est respectueux de la sensibilité traditionaliste. Mgr Lefebvre ne demandait-il pas simplement “Laissez-nous faire l’expérience de la Tradition”? Il est parfois plus héroïque de dire oui que de dire non.
Vincent Pellegrini