3 novembre 2006




"Messe tridentine : halte au feu !"
3 novembre 2006 - Thierry Boutet - Famille chrétienne n° 1503 (éditorial)
"Depuis l'annonce du désir de Benoît XVI d'élargir l'indult de 1988 autorisant la célébration de la messe dite "de st Pie V", les réactions ont été nombreuses et souvent passionnées. Certains évoquent carrément le retour "aux ténèbres", le risque de "revenir à une vie liturgique d'un autre âge ", ou de "réveiller de vieux démons". d'autres veulent que les évêques " se positionnent". On est dans le rapport de force !
faut-il pour autant craindre un risque de division grave dans l'Eglise de France ?
Comme le remarquait un curé de Paris, "dans les diocèses où l'indult est appliqué, la question est apaisée". De plus, la célébration de la messe selon le missel de saint Pie V ( en fait de 1962) ne demeurerait qu'une "expression extraordinaire" du rite latin. Le risque d'une concurrence demeure faible.
L'élargissement de l'indult ne concerne qu'une minorité de catholiques. Les autres ne connaissent pas la messe tridentine ou n'en ont qu'un souvenir ancien et pas toujours très heureux. Un grand nombre assimile la messe de saint pie V avec "la messe en latin" fût-elle celle de Paul VI - à vrai dire trop rarement célébrée dans la langue de l'Eglise ...latine.
La messe selon Saint Pie V , malgré sa beauté, a besoin d'être expliquée pour être vraiment appréciée. Faute de cette éducation liturgique, peu de fidèles se laisseront tenter par une forme de célébration qui ne correspond pas à leur sensibilité spirituelle.
Reste la question de principe. Pourquoi priver des fidèles qui ont été séduits par la magnificence de la liturgie tridentine de célébrer ainsi le mystère de l'Eucharistie ? Au nom de la communion ?
Il est vrai que la question se pose en raison des différences entre le missel tridentin et celui de Paul VI. En pratique, les fidèles qui assistent à une messe dite de Paul VI et ceux qui assistent à une messe dite de saint Pie V ne lisent oas les mêmes textes et ne célèbrent pas toujours les mêmes fêtes, le même jour, parfois dans la même paroisse.
Ces différentes suffisent-elles à rompre la communion de la Foi ? Le lien de la Charité, dont l'obéissance est l'une des conditions, n'est-il pas plus essentiel à l'unité de l'Eglise que la forme de la liturgie ?
La liturgie de l'Eglise célèbre et chante ici-bas les réalités et les mystères invisibles de notre Foi. Ne faisons pas de ce bien commun une pomme de discorde"
Thierry Boutet - Famille chrétienne n° 1503