8 septembre 2006

Le Vatican s'accorde avec des intégristes au risque de heurter des évêques
8 sept 2006 - AFP
PARIS, 8 sept 2006 (AFP) - Le Vatican s'accorde avec des intégristes au risque de heurter des évêques Le Vatican a enfoncé vendredi un coin dans le camp intégriste au risque de heurter certains évêques, en accordant à des "lefebvristes" un institut à Bordeaux en échange de leur ralliement.
Cinq prêtres, dont Philippe Laguérie, Paul Aulagnier, Guillaume de Tanouarn et Christophe Hery, disciples de l'évêque schismatique Marcel Lefebvre et excommuniés comme lui par Jean Paul II, ont obtenu cet "institut de droit pontifical" et de célébrer la messe en latin selon le rite dit "tridentin".
L'institut formera des séminaristes et siègera dans la ville dont l'archevêque, le cardinal Jean-Pierre Ricard, préside la Conférence des évêques de France.
"Il faudra que chacun y mette du sien", a souligné Mgr Ricard dans un communiqué, "tout un travail de pacification, de réconciliation et de communion est encore à faire car la violence a marqué jusqu'à ces derniers mois les relations de plusieurs membres de cet institut avec l'Eglise diocésaine".
En 2002, Mgr Ricard avait obtenu en justice l'annulation de l'octroi par la municipalité de l'église Saint Eloi à l'abbé Laguérie qui l'occupe depuis 2001.
Mgr Ricard a souligné que l'institut était une expérience pour cinq ans et que la décision avait été "manifestement prise par le pape lui-même".
"Nous partageons profondément ce souci de réconciliation et de communion du pape et nous accueillons filialement sa décision", a-t-il ajouté, soulignant qu'il faudrait une convention entre cet institut et le diocèse.
Les intégristes ralliés sont des dissidents de la Fraternité Saint-Pie X, créée par Mgr Lefebvre, dont ils ont été exclus depuis 2004 et qui n'avait pas réagi vendredi.
Benoît XVI a donné plusieurs signes de son souci de ramener les adeptes de l'évêque - décédé en 1991 - dans l'Eglise et a reçu le 29 août 2005 l'actuel supérieur de la Fraternité, Mgr Bernard Fellay, tout en critiquant à plusieurs reprises la façon dont les réformes de Vatican II ont été appliquées.
"Nous n'avons fait aucune concession sur le fond", a assuré l'abbé René-Sébastien Fournié, secrétaire de l'abbé Laguérie, 53 ans, qui sera le supérieur général du nouvel institut du Bon Pasteur.
L'abbé Laguérie, ordonné prêtre par Mgr Lefebvre en 1979, s'est installé à Bordeaux en 1999 après avoir été de 1984 à 1997 le curé de Saint-Nicolas du Chardonnet, bastion intégriste à Paris, occupé illégalement depuis 1977 où il a célébré en 1996 les obsèques du milicien Paul Touvier.
Ses coups d'éclat - il avait "pris" l'église Saint-Germain l'Auxerrois face au Louvre à Paris en 1993 avant d'être expulsé par les forces de l'ordre - l'éloignent de nombreux évêques en France.
"Beaucoup d'évêques français devraient se montrer réticents à en juger par leur attitude vis-à-vis des traditionalistes en général", assure un ecclésiastique qui souhaite conserver l'anonymat.
"Rome veut peut-être marquer un acte d'autorité pour montrer aux évêques de France qu'il est temps de dialoguer avec les traditionalistes", poursuit-il soulignant que d'autres, comme la Fraternité Saint-Pierre, restés dans l'Eglise, pourraient jalouser cette faveur aux lefebvristes.