4 juillet 2008

Le feuilleton des négociations avec les lefebvristes
Rome d’Ecône !
4 juillet 2008 - Christian Terras - golias-editions.fr
Le feuilleton des négociations avec les lefebvristes
Rome d’Ecône !
Christian Terras
Alors qu’un rapprochement entre les lefebvristes et le Vatican semblait s’envisager il y a quelques jours, la Fraternité Saint Pie X a refusé la main tendue de Benoît XVI qui était pourtant prêt à tourner le dos au concile Vatican II pour réintégrer cette communauté intégriste au sein de l’Eglise. Malgré tout, Rome persiste à maintenir le contact avec les disciples de Mgr Lefebvre.
Contrairement à ce l’on pouvait encore prévoir comme le plus probable il y a quelques jours, les lefebvristes auraient décliné l’offre du Pape et qui plus est sur un ton cassant, péremptoire, définitif et insolent. Mgr Bernard Fellay, sacré illicitement par Mgr Lefebvre en 1988, actuel Supérieur Général de la Fraternité Saint Pie X aurait opposé à Rome une fin catégorique de non-recevoir.
En effet, selon lui, le protocole d’accord préparé par Rome constituerait un piège grossier dans la mesure où au fond il finirait par museler la Fraternité. Pour lui, accepter un tel protocole reviendrait à accepter une sorte de « fermez-la » de Rome afin que les positions « conciliaires » ne puissent être attaquées de l’intérieur.
En 1988 déjà, Mgr Lefebvre refusa la main tendue du cardinal Ratzinger (et indirectement de Jean Paul II) en raison de sa perte reconnue de confiance en la parole de Rome. Dorénavant, on semble se retrouver bel et bien dans une situation analogue. La majorité de la Fraternité n’aurait pas confiance et ne voudrait donc pas se faire récupérer à son insu.
Selon certains observateurs, cette proposition toute récente de Benoît XVI avait en fait valeur d’ultimatum, comme la main tendue de la dernière chance. Rien n’est moins sûr car si le Pape exigeait une réponse dans un délai court, cela ne voulait certainement pas dire qu’en face d’un refus il renoncerait définitivement à entreprendre une autre démarche de rabibochage dans le futur. Ce serait bien le méconnaître que de lui prêter un tel calcul. Les conditions explicitement énoncées pour la réconciliation (au nombre de cinq) n’incluaient pas l’acceptation de Vatican II. On pouvait légitiment y voir une intention de Joseph Ratzinfger de poursuivre dans le sens d’une restauration intransigeante qui tourne le dos à l’esprit d’ouverture du Concile, quitte à s’allier avec certaines franges extrêmes de l’Eglise.
Le Saint-Siège dément qu’il ait jamais été son intention de brader l’héritage conciliaire et de rendre facultatif le Concile Vatican II. Pourquoi est-il donc si nécessaire de devoir le préciser ?