15 septembre 2008

Bilan du Motu Proprio après un an d’existence
Septembre 2008 - Lettre à nos frères prêtres n°39 - Lettre trimestrielle de liaison de la Fraternité Saint-Pie X avec le clergé de France - mise enligne par laportelatine.org
BILAN DU MOTU PROPRIO APRES UN AN D’EXISTENCE
Après un an du Motu Proprio Summorum Pontificum, il est bon de faire un bilan d’étape. Ce sont les premiers pas d’une situation nouvelle, même s’il ne s’agit pas encore d’un raz de marée, comme l’avait d’ailleurs prédit depuis longtemps la Fraternité Saint-Pie X. Mais la liturgie traditionnelle, désormais, ne cesse de grandir, et le mouvement va s’amplifier dans les années à venir.
Les groupes de demande de la messe traditionnelle
Chaque département comprend aujourd’hui au moins un groupe constitué et référencé (sur le site internet « Paix liturgique ») de demande pour la liturgie traditionnelle, selon les termes du Motu Proprio. En tout, la France métropolitaine compte 155 groupes référencés. Mais il existe également de nombreux groupes locaux qui n’ont pas pris la peine de se faire recenser et qui sont simplement en contact personnel avec le curé local pour solliciter la célébration de la liturgie traditionnelle.
Seize départements comptent deux groupes distincts de demande (pour des lieux relativement éloignés géographiquement) : les Bouches du Rhône (13), le Cantal (15), la Côte d’Or (21), le Finistère (29), la Gironde (33), l’Isère (38), le Jura (39), la Nièvre (58), le Pas de Calais (62), le Puy de Dôme (63), la Seine Maritime (76), la Seine et Marne (77), le Tarn (81), le Vaucluse (84), la Vendée (85), la Vienne (86).
Sept départements comptent trois groupes distincts de demande : les Alpes Maritimes (03), le Calvados (14), l’Eure et Loir (28), le Nord (59), l’Oise (60), le Var (83), le Val d’Oise (95). Quatre départements comptent plus de trois groupes de demande : l’Essonne (91) compte cinq groupes, les Hauts de Seine (92) en comptent six, Paris (75) en compte onze, de même que le département considéré comme le plus pratiquant de France, les Yvelines (78).
Il faut enfin souligner que l’Île de France, fief du « lustigérisme » (plutôt réticent envers le « traditionalisme ») représenté désormais par le cardinal Vingt-Trois, président de la Conférence épiscopale, concentre à elle seule quarante groupes de demande, qui se révèlent très actifs et déterminés, comme l’a expérimenté récemment le prêtre désigné par le Cardinal pour gérer ce dossier.
Les « nouvelles messes » en France depuis un an
Si l’on fait la liste des nouveaux lieux de culte où la messe traditionnelle est célébrée depuis le Motu Proprio, le bilan peut paraître maigre : seulement une quarantaine de lieux nouveaux se sont ouverts. Mais cette impression est trompeuse, si on ne la confronte pas aux réalités matérielles.
Le calendrier fournit en réalité la véritable clé d’explication. Le Motu Proprio est paru au début des vacances (de la part de Rome, ce choix estival n’était sans doute pas fortuit). C’est seulement après la rentrée que les personnes ont commencé à se contacter, que des groupes se sont constitués.
Une fois ce premier travail accompli, les groupes ont pris contact avec le curé du lieu. Des rencontres, des réunions, des échanges épistolaires ont eu lieu. Le curé a réfléchi, il a consulté, il a considéré les enjeux humains et matériels (célébrant, lieu, horaire, etc.). Lorsqu’il a donné une réponse positive, cette dernière n’a pu intervenir que plusieurs mois après la rentrée des classes.
La typologie de ces nouvelles célébrations le manifeste d’ailleurs clairement. De juillet à novembre, il n’y en a quasiment aucune. Décembre en voit deux puis, à partir de janvier, c’est la montée en puissance : on peut dire que, depuis janvier 2008, chaque semaine voir démarrer au moins une nouvelle célébration de la messe traditionnelle dans une paroisse.
Or il y a actuellement, rappelons-le, plus de 150 groupes de demande : la dynamique, qui a enfin démarré, ne peut que s’accélérer. En particulier au moment où les paroisses réorganisent leurs horaires annuels de célébration : c’est évidemment l’occasion privilégiée de faire place à la messe traditionnelle.
Le rythme d’une ouverture par semaine se maintenant, comme tout le laisse prévoir, le nombre de messes célébrées le dimanche selon ce rite doublera donc en France d’ici à cinq ans.
Présence de la messe traditionnelle en France le dimanche
En effet, si l’on s’intéresse à la présence actuelle de la messe traditionnelle en France, on relève que, dans le cadre du Motu Proprio, cette messe est déjà assurée le dimanche dans 153 lieux en France métropolitaine. La Fraternité Saint-Pie X (avec les congrégations qui lui sont liées), pour sa part, assure la messe traditionnelle le dimanche dans 163 lieux en France métropolitaine.
Six départements ne possèdent encore aucun lieu de culte traditionnel : les Alpes de Haute Provence (04), l’Ardèche (07), la Creuse (23), la Lozère (48), la Meuse (55) et la Haute Saône (70). Il faut toutefois souligner que ces départements ne totalisent qu’un peu plus d’un million d’habitants à eux six. Les quatre-vingt-neuf départements restants de la France métropolitaine ont donc accès à la messe traditionnelle le dimanche grâce à 316 lieux de culte.
Onze départements ne sont desservis que par la Fraternité Saint-Pie X : les Ardennes (08), la Charente (16), la Charente Maritime (17), la Corse (20), le Jura (39), le Loir et Cher (41), la Haute Marne (52), la Moselle (57), les Pyrénées Atlantiques (64), les Deux Sèvres (79), la Seine Saint-Denis (93). Neuf départements ne sont desservis que dans le cadre du Motu Proprio : l’Ariège (09), le Cantal (15), les Landes (40), la Haute Loire (43), le Lot (46), la Sarthe (72), l’Yonne (89), l’Essonne (91) et le Val de Marne (94).
Onze départements ne possèdent qu’un seul lieu de culte traditionnel : les Ardennes (08), l’Ariège (09), le Cantal (15), la Charente (16), les Landes (40), le Loir et Cher (41), la Haute Loire (43), la Haute Marne (52), l’Essonne (91) , la Seine Saint-Denis (93) et le Val de Marne (94).
Vingt et un départements, en revanche, possèdent entre cinq et neuf lieux de culte traditionnel : l’Allier (03), les Alpes Maritimes (06), l’Aude (11), la Côte d’Or (21), le Finistère (29), la Gironde (33), l’Hérault (34), l’Indre (36), la Loire (42), la Loire Atlantique (44), le Maine et Loire (49), la Mayenne (53), le Morbihan (56), le Nord (59), l’Orne (61), le Pas de Calais (62), le Puy de Dôme (63), le Rhône (69), Paris (75), le Var (83) et la Vendée (85). Les Bouches du Rhône atteignent dix lieux de culte traditionnel, de même que les Yvelines (78), Paris n’étant encore qu’à neuf lieux.
Un « enthousiasme mitigé » de la part de certains évêques français
Un an après le Motu Proprio, on constate toutefois qu’un certain nombre d’évêques français (pas tous, heureusement) souscrivent volontiers à la déclaration d’intention de Mgr Jacques David, évêque émérite d’Évreux (nos prélats, en général, ne retrouvent leur langue qu’après leur retraite) : « Je ne suis pas personnellement favorable à cette forme de prière liturgique » (Monique Hébrard, Prêtres – Enquête sur le clergé d’aujourd’hui, Buchet-Chastel, 2008, p. 346).
Pour ceux-là, et même si c’est plutôt le coeur lourd et en traînant les pieds, le Motu Proprio Summorum Pontificum de juillet 2007 est enfin l’occasion de mettre en pratique le Motu Proprio Quattuor abhinc annos de… 1984. Pas le Motu Proprio Ecclesia Dei adflicta de 1988 : nous en sommes encore loin, car celui-ci demandait « une application large et généreuse », alors que ces évêques accordent avec réticence et de façon tatillonne quelques rares permissions, assorties de conditions restrictives, et si possible en des lieux et à des horaires solidement impraticables.
En considérant le laps de temps qu’il a fallu à ces évêques pour commencer enfin à mettre en oeuvre timidement le Motu Proprio de 1984, on peut se dire avec humour et philosophie qu’ils commenceront probablement à mettre en application le Motu Proprio de 2007 vers l’année… 2030.
Benoît XVI, conscient de ce manque d’enthousiasme, a pris le parti de les contourner, et de s’adresser directement aux prêtres. Mgr David, écho des opposants, s’en plaint. A la remarque de Monique Hébrard : « Désormais, ce genre de décision risque d’échapper à l’évêque », il répond : « Je le regrette. J’aurais préféré que le pape demande que dans chaque diocèse il y ait un lieu de sensibilité traditionaliste » (Ibid.). C’est un peu tard : le pape souhaitait précisément cela depuis 1984. Ceux qui durant vingt-trois ans ont tenu ces demandes pour nulles et non avenues ne peuvent se plaindre d’être aujourd’hui dépossédés d’une responsabilité qu’ils ont si mal exercée. C’est donc désormais aux milliers de prêtres diocésains que la responsabilité du développement de la liturgie traditionnelle est déléguée avec confiance par le Siège apostolique.