18 août 2008


Archive 10 - " Le débat au sujet de l’application du Motu Proprio continue"- Lettre d'Oremus 8 de janvier 1999
18 août 2008 - lettre 135 de paixliturgique.com
Archive 10 - " Le débat au sujet de l’application du Motu Proprio continue"- Lettre d'Oremus 8 de janvier 1999 Lettre 135 - 18 août 2008

La lettre publiée aujourd'hui est une lettre déjà publiée dans le cadre des activités de l'Association Oremus en janvier 1999.
Cette lettre faisait le point sur la situation de la liturgie traditionnelle aux lendemains des dix ans du dixième anniversaire du Motu Proprio Eccledia Dei de Jean-Paul II.
Bien que vieille de presque dix ans, cette lettre est instructive à plus d'un titre et conserve son actualité, notamment au regard des blocages et des motifs déjà invoqués à l'époque pour contrer les mesures d'apaisement venant de Rome...

Lettre d'Oremus 8 de janvier 1999 voici la lettre


LE DEBAT AU SUJET DE L'APPLICATIONDU MOTU PROPRIO CONTINUE...


Les temps ne sont plus où l’on pouvait ignorer l’existence de la liturgie traditionnelle et le fait que de nombreux fidèles souhaitent vivre leur foi catholique et leur vie chrétienne au rythme de ce rite vénérable. Aujourd’hui, débats, articles et rapports à son sujet se succèdent à un rythme dont nous n’avions plus l’habitude tant il nous avait été rappelé «qu’il n'y avait plus désormais de problèmes liturgiques en France». Oremus, qui a consacré sa dernière livraison à l’étude de ces échanges, ne pouvait aujourd’hui rester à l’écart de ce débat. Aussi, consacrons-nous cette nouvelle Lettre à ce sujet.

Pouvez-nous dire brièvement en quoi la situation relative à la liturgie traditionnelle a brusquement évolué ?

Nous avons déjà évoqué cette question dans notre précédente Lettre parue en novembre 1998. Nous y expliquions que, depuis près de vingt ans, de nombreux clercs essayaient contre toute réalité de faire croire à leurs fidèles mais surtout à leurs confrères et aux autorités romaines «qu’il n’existait plus en France de problèmes liturgiques et que tous les fidèles ou presque s’étaient ralliés avec satisfaction aux pratiques liturgiques issues des réformes de 1969-70». Comme cette affirmation n’est pas exacte, le temps devait obligatoirement venir où les âmes justes seraient obligées d’évoquer une question que l’on avait jusqu’alors occultée. Il est probable que les articles et pèlerinages qui se sont multipliés à l’occasion du dixième anniversaire du motu proprio Ecclesia Dei aflicta ont rendu irréversible ce retournement.

Comment s’exprime ce débat ?

De façon très diverse mais notamment par de nombreux articles publiés dans la presse française et internationale, parfois parmi les plus prestigieux comme l’Osservatore Romano qui relate le discours du Saint-Père aux représentants des communautés Ecclesia Dei, mais aussi par le développement d’une action moins positive, notamment sous forme de requêtes épiscopales faites au Saint Père pour que soit purement et simplement supprimée la commission Ecclesia Dei... Lorsque l’on sait l’accueil qui est fait à de nombreux fidèles qui implorent leur évêque pour qu’ils puissent bénéficier du privilège de la célébration régulière de la liturgie traditionnelle, l’on peut craindre le pire et comprendre qu’ensuite les fidèles n’aient pas toujours la confiance qu’il faudrait en leur pasteur pour que renaisse une authentique communauté d’amour et de charité.

N’exagérez-vous pas en évoquant de pareilles attitudes ?

Le vingtième siècle, bientôt achevé, restera caractérisé pour les historiens par un étonnant paradoxe. En effet, il aura été celui où seules des valeurs d’unité et d’amour, de réconciliation et de repentance auront été prononcées hautement, alors que dans le même temps, on aura assisté à d’innombrables situations de rejets et d’exclusion qui font, par le scandale qu’elles génèrent, le lit d’une véritable dérive schismatisante - laquelle, pour une fois, se sera déroulée avec la bénédiction de nombreux clercs.

Pourriez-vous fournir quelques exemples de ces attitudes d’exclusion ?

Le dernier exemple en date que je pourrais citer a été publié dans Le Figaro du 12 décembre 1998 sous le titre : «Les réticences de l’évêque de Luçon». L’on y voit, sous un prétexte pastoral, attribué à certains «traditionalistes» - mais qui en fait sont ceux dont on se sert pour prendre la décision finale - des attitudes et des propos excessifs qui, en réalité ne servent que l’autorité diocésaine dans son refus de trouver un accord inspiré par la charité du Christ. Dans cet article, le fin du fin est exprimé dans l’interrogation «Comment continuer à se rencontrer ? Comment dépasser nos incompréhensions mutuelles ?» alors que le dialogue - si dialogue il y a eu - s’est limité à la recherche de mensonges grossiers. Si l’on souhaite véritablement sortir d’une crise, il faut y mettre le prix... et la charité, et non pas commencer par rechercher la paille qui se trouve dans l’œil de son frère.
Effectuons un parallèle saisissant : comment ne pas penser au discours sur l’Islam, au sujet duquel on nous dit sans cesse qu’il ne faut pas confondre les musulmans avec certains extrémistes qui ne reflètent en rien cette religion ? Tel fut le discours de la dernière assemblée des évêques français à Lourdes. Comment en même temps entendre que les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle doivent être caractérisés par des attitudes caricaturales qui ne sont en rien l’expression de la grande majorité de ces fidèles ? C’est une injustice énorme et un manque de charité incroyable à l’égard de fidèles loyaux et dévoués à l’Eglise.

Revenons au débat actuel : pourriez-vous nous indiquer autour de quelles idées principales celui-ci se développe ?

Pour simplifier, l’idée «à la mode» est celle qui consiste à faire croire que les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle vivant leur foi au rythme du rite de 1962, toute solution pour leur permettre de leur trouver une place légitime et fraternelle dans la vie des églises locales, est impossible. On déclare maintenant qu’il faut de leur part des gestes concrets témoignant de leur bonne foi, et surtout qu’ils abandonnent certaines choses auxquelles ils sont attachés pour facilité leur assimilation.

Pouvez-vous préciser ?

Les exemples sont nombreux. Ainsi, certains affirment que, si les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle ne suivaient pas les rubriques du missel de 62 mais plutôt celles du missel de 65, tout irait pour le mieux, et cela suffirait pour que tous les problèmes soient résolus instantanément.

Ne pensez-vous pas que cela servirait la cause de la liturgie traditionnelle ?

Lorsque l’on voit les autorités de nombreuses paroisses et de nombreux diocèses refuser tout dialogue avec les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle et préfèrent les voir s’éloigner de l’Eglise, il peut apparaître comme surréaliste de croire que d’adopter le missel de 1965 plutôt que celui de 1962 pourrait avoir des effets apaisants.
Lorsque l’on sait que dans de nombreux diocèses la célébration du nouvel Ordo en latin, c’est-à-dire comme l’ont défini les rubrique de sa promulgation, n’est pas célébrée, on peut légitimement s’interroger sur les chances de voir mieux accueilli par les autorités diocésaines, le missel de 65, d’ailleurs utilisé quasiment nulle part.

Ne croyez-vous pas que vous exagérez ?

Malheureusement non. Une preuve parmi d’autres en est fournie par la pitoyable aventure de l’association «Pro Liturgia» qui, depuis des années, réclame que soit célébrée régulièrement et dans tous les diocèses la messe de Paul VI telle que celui-ci l’a promulguée, et qui reçoit le même accueil malveillant que nous.
Ce point est particulièrement éclairant : comment et en quoi exiger fidélité de la part des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle si le missel actuel n’est même pas considéré comme un référence ? Les demandes de Pro Liturgia se heurtent à de multiples refus et tracasseries ; on a l’impression que c’est la fidélité aux normes de l’Eglise elles-mêmes qui n’est pas acceptée : 1962-1965, 1969 même, rien ne trouve grâce aux yeux de certains.
Nous restons lucides : l’adoption du missel de 65 plutôt que celui de 62 ne servirait à rien, sinon à désorienter encore un peu plus les prêtres et les fidèles. Mais je pense qu’il existe de nombreuses autres raisons qui s’opposent à cette évolution.

Pourriez-vous nous les présenter ?

La première est que les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle ne sont pas simplement des fidèles français. Nous venons de publier le Guide 99 de la liturgie traditionnelle qui indique tous les lieux du monde où est célébrée la messe traditionnelle avec l’accord de l’ordinaire. La lecture de ce document est très éclairante et démontre que le problème de la liturgie traditionnelle n’est pas comme on aimerait le faire croire, un problème franco-français mais bien un problème qui existe partout dans le monde. Dans ce contexte, toute solution locale apparaîtrait comme inappropriée puisque le problème est mondial et concerne plusieurs centaines de diocèses.

Certaines personnes n’ont-elles pas également soulevé la question du calendrier liturgique ?

En effet, plusieurs clercs ont évoqué la question de l’existence d’un double calendrier liturgique - le calendrier ancien et le calendrier rénové - comme un obstacle à l’unité ecclésiale. Rappelons tout d’abord que l’usage, par les prêtres attachés à la liturgie traditionnelle, du calendrier d’avant la réforme est une conséquence technique du motu proprio qui leur concède l’usage des livres liturgiques de 1962, ce qui implique obligatoirement l’usage de l’ancien calendrier.

Ne serait-il pas cependant concevable dans un esprit d’unité, d’envisager la mise en place d’un calendrier unique ?

Le paradoxe serait, si l’on avançait dans cette voie, que le désir d’unité des défenseur de ce projet aboutisse en fait à approfondir le fossé, et la suspicion qui existe entre de nombreux fidèles attachés à la liturgie traditionnelle et leur pasteur. Je pense notamment aux prêtres et aux fidèles qui suivent aujourd’hui la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, qui seraient tout à fait convaincus qu’un évolution semblable aurait pour seul but de les faire disparaître - ce qui bien sûr les amènerait à refuser toute concession dans ce domaine et concourrait à approfondir les diversions et les suspicions.
Aussi nous pensons que toute décision dans ce domaine doit être reportée à un moment où la réconciliation et la paix seront non seulement effectives, mais encore pratiquées au sein des diocèses depuis un long moment, c’est-à-dire au moment où une véritable confiance aura été rétablie entre les fidèles et leurs pasteurs.

Qui pourrait donc agir en cette matière ?

L’Eglise est une société hiérarchique. Il y a plus de dix ans, le pape a mandaté la commission Ecclesia Dei pour répondre aux besoins pastoraux des fidèles attachés à la messe traditionnelle. Seule cette commission, à laquelle appartiennent de nombreux princes de l’Eglise, pourrait prendre des décisions sur ce sujet. D’ailleurs le Saint-Père a été très clair dans ses différents documents officiels, et l’utilisation des livres de 1962 a été concédée sans que ce soit une mesure temporaire. A de nombreuses reprises, la commission Ecclesia Dei, à laquelle il a conféré autorité pour s’exprimer dans ce domaine, l’a confirmé : il n’y a pas de limite dans le temps ou de condition évolutive à cette autorisation.

Pensez-vous malgré tout qu’une évolution dans ce domaine serait positive ?

En tant que laïcs, nous n’avons pas de position de principe sur cette question. A court terme, toute modification des termes du motu proprio - et notamment la référence que celui-ci fait du missel de 1962 - serait catastrophique. En effet, il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X avec ses 500 prêtres et ses 400 prieurés, anime la vie chrétienne de plusieurs centaines de milliers de fidèles.
Si, sans réflexion, l’on modifiait la liturgie de référence - celle de 1962 - cela apporterait un coup décisif à toute réconciliation possible avec des fidèles qui, aujourd’hui encore, pour des raisons diverses, fréquentent des prieurés de la Fraternité Saint-Pie X.

Pouvez-vous préciser votre pensée ?

Cela est simple. Les fidèles qui, aujourd’hui, continuent de vivre leur foi dans l’orbite de la Fraternité Saint-Pie X pourront demain, si la bienveillance épiscopale le permet, s’agréger aux communautés attachés à la liturgie traditionnelle qui sont en parfaite communion avec leurs évêques. Au contraire, si la messe de ceux qui sont indéfectiblement attachés à Rome n’était plus celle définie dans le motu proprio à savoir celle de 1962, les fidèles ne comprendraient plus, ce qui engendrerait une rupture décisive et peut-être même un schisme définitif - le bon sens aujourd’hui peut encore permettre de l’éviter. J’ajouterai que de nombreux prêtres de la Fraternité Saint-Pie X verraient dans cette évolution la preuve que, loin d’être un privilège accordé aux fidèles, le motu proprio n’aurait été qu’un piège grossier. Or, le discours du pape aux pèlerins de Rome nous a bien montré que tel n’était pas le cas.

Il semble que d’autres questions qui soient débattues aujourd’hui.

Oui, bien sûr, et notamment celle de la concélébration des prêtres procédant habituellement à la messe traditionnelle, dans le nouveau rite, avec des confrères ou leur évêque..

Que pensez-vous de cette suggestion ?

Nous n’avons aucune compétence pour donner un avis doctrinal ou canonique sur une question aussi complexe. En revanche, comme pour le problème précédent, nous pouvons rappeler qu’aujourd’hui de nombreux fidèles, pour des raisons diverses, suivent les prêtres de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X. La principale question à leur endroit est celle de savoir si l’on souhaite œuvrer au maximum pour la réconciliation des fidèles ou bien si l’on cherche à élargir un fossé qui est déjà considérable.
De plus, imaginerait-on de demander aux prêtres des rites orientaux d’abandonner leurs vénérables formes de célébration pour montrer qu’ils sont bien catholiques ? C’est une exigence folle qui n’est en rien conforme avec la douce et généreuse pratique de l’Eglise.

En quoi la question de la concélébration des prêtres avec leur évêque risquerait-elle d’avoir des incidences sur la désunion de l’Eglise ?

Quels qu’en soient les responsables, nous sommes obligés de constater qu’aujourd’hui encore de nombreux fidèles n’ont pas confiance dans les autorités ecclésiastiques locales. Dans un tel contexte, toute décision qui semble aller à l’encontre de leurs habitudes et de leurs pratiques liturgiques risque de leur apparaître comme une attaque déloyale. Aussi, la question est-elle de savoir si l’on veut mettre en avant la reconstitution de l’unité de l’Eglise ou de simples satisfactions personnelles ?

Pouvez-vous préciser votre point de vue ?

Lorsque l’on connaît les tensions qui existent entre certains pasteurs et leurs fidèles - il suffit de relire à ce propos l’article précité qui évoque l’évêque de Luçon - est-il indispensable de croire que la véritable unité catholique passerait par le fait que tous les fidèles participent à une même messe «fut-elle celle du pape et de leur évêque ?», alors qu’au cours de l’histoire de l’Eglise la pluralité liturgique a pratiquement toujours été la règle de mise ? Cette pluralité a été louée par le pape dans le texte même du motu proprio Ecclesia Dei, elle a été rappelée dans la Constitution sur la liturgie du concile Vatican II, et elle est restée l’expression de la pratique de l’Eglise durant des siècles.
Une volonté uniformisatrice, nivelante, ne serait en rien conforme à ce que l’Eglise a toujours voulu et souhaité ; ce serait une nouveauté proprement révolutionnaire et tyrannique ne reposant sur aucun fondement. La légitime diversité existe déjà et a toujours existé. Cela est d’ailleurs ô combien vrai aujourd’hui, où il est pratiquement impossible d’assister à deux célébrations rigoureusement semblables et où la créativité et l’inventivité sont encouragées et soutenues largement dans un domaine qui relève de l’autorité hiérarchique.

Comment expliquer ce décalage ?

On a l’impression que ce débat est un débat d’intellectuels déconnectés de toute réalité pastorale et spirituelle, et plus proches de l’idéologie que de la pratique ecclésiale. Ce n’est plus du tout l’esprit du mouvement liturgique, dont les tenants ont mis en garde justement contre toutes sortes de dérives. Il suffit de relire les textes du père Louis Bouyer, très éclairants sur les dangers d’une liturgie laissée à l’arbitraire, ou ceux du cardinal Ratzinger aujourd’hui. Alors que les fidèles sont attachés à la liturgie telle qu’elle se célébrait encore au moment du concile Vatican II, on vient les rejeter pour leurs supposées opinions politiques, historiques ou autres sans jamais considérer leurs aspirations spirituelles. Comment concilier ce fait avec les affirmations sans cesse répétées d’une plus grande participation des fidèles, d’une plus grande attention à leurs désirs, et la critique de l’Eglise passée, caricaturée comme tyrannique, alors que l’on applique exactement ce qui est dénoncé aux fidèles attachés à la liturgie traditionnelle !

Comment voyez-vous l’avenir ?

Nous pensons qu’à l’aube du troisième millénaire, la priorité des priorités est sans aucun doute de sauvegarder l’unité de l’Eglise. Si ce désir est partagé par beaucoup - et nous croyons que tel est bien le cas - il faut savoir se recentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire sur la foi et le sens de l’Eglise, et accepter d’être tolérant aux différentes sensibilités qui traversent le cœur des fidèles. C’est ainsi que l’on œuvrera véritablement à une réconciliation.

Celle-ci est-elle en marche ?

Oui, sans doute, mais toute réconciliation, surtout lorsqu’elle implique une multitude de personnes, ne peut être qu’infiniment lente. Aussi il nous semble urgent de retarder aux décades prochaines ce qu’il n’est pas urgentissime d’entreprendre aujourd’hui, et d’éviter qu’une bonne intention ne finisse par générer des catastrophes tout simplement parce que l’on aurait pas mesuré toutes les conséquences.

Comment croyez-vous que la situation va évoluer dans les temps à venir ?

Nous pensons que depuis dix ans d’énormes efforts de réconciliation et d’apaisement ont été entrepris par les différentes autorités responsables de ce problème : le souverain pontife, de nombreux évêques mais aussi de nombreuses associations de laïcs…
Aussi, nous ne pouvons croire que de tels efforts n’aboutissent pas à une véritable réconciliation. Cependant, il faut être lucide : de nombreux problèmes subsistent et subsisteront tant que ne se développera pas dans tous les diocèses - de la part des évêques et de leurs fidèles attachés à la liturgie traditionnelle - un véritable dialogue d’amour et de charité fondé sur le principe qu’à l’aube du IIIe millénaire il n’est tout de même pas inconcevable que des fidèles puissent vivre en même foi sous l’autorité d’un même pasteur en suivant des formes liturgiques différentes.

REFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE

1- Il est frappant de constater à dix ans d'intervalle, la permanence des méthodes des adversaires de la réconciliation et du pluralisme liturgique. Au "il n'y a pas de problème liturgique en France" d'il y a dix ans, succède aujourd'hui le "je n'ai pas de demande d'application du Motu proprio dans mon diocèse"... Ces répétitions incantatoires ne sont guère convaincantes et vont à l'encontre des mesures d'apaisement mises en place par Benoît XVI. Inefficaces il y a dix ans, elles le sont toujours aujourd'hui et il est curieux de constater que pourtant, elles font encore recette dans l'Eglise de France.

2- De même, il n'est pas rare aujourd'hui encore, que certains clercs d'une particulière mauvaise foi, fondent leur refus d'appliquer le Motu Proprio sur le prétendu "comportement inadmissible" de certains fidèles attachés à la liturgie traditionnelle. Cette vieille méthode déloyale n'est pas nouvelle et déjà en 1999 le Figaro rapportait que c'était l'argument de l'évêque de Luçon de l'époque pour ... ne rien faire.
Quand en 2008 Monseigneur Jordan à Reims, l'abbé Aybram à Nanterre, pour ne citer que les plus caricaturaux rejouent la fable des vierges effarouchées qui "auraient aimé faire quelque chose pour les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle mais qui là, vraiment, compte tenu de ce qui a été dit ou fait par un tel ou tel autre, ne peuvent rien faire" ne font guère preuve d'imagination et ne sont pas crédibles un seul instant. Ceci d'autant plus quand ces agissements supposés sont largement postérieurs à la grande et vieille tradition d'exclusion de ceux qui invoquent cet argument malhonnête...
A ces comportements puérils et proprement indignes de la part de pasteurs, nous souhaitons de tout coeur que succède rapidement un comportement loyal, adulte, responsable et chrétien.

3- Ce ne sont pas des techniciens, de docteurs et de savants qui glosent sur le calendrier liturgique, le lectionnaire à utiliser ou sur l'opportunité de la concélébration dont l'Eglise a besoin. Ces vieux débats - qui n'ont le plus souvent pas d'autre intérêt que d'empêcher de faire avancer les choses et de travailler à la réconciliation - sont récurents... et encore en 2007, à la publication du Motu Proprio de Benoît XVI, on a entendu un tel ou un tel expliquer que la messe traditionnelle n'avait jamais posé aucun problème (!) mais qu'en revanche la dualité de calendrier ou de lectionnaire était absolument inconcevable et desservait l'unité...
Voilà un autre exemple de procédé déloyal utilisé par ceux qui ne veulent absolument pas de la coexistence pacifique des deux formes de l'unique rit romain. Ces ennemis de la paix n'ont d'autre but - quand ils ressortent ces vieux débats - que d'altérer la confiance, entretenir la polémique et empêcher la réconciliation. Si ces personnes étaient de bonne foi, peut être devraient elles d'abord se préoccuper des différences de taille qui existent au sein d'un même diocèse d'une célébration dans la forme ordinaire du rite romain à une autre dont le principal point commun semble être la créativité...

4- Nos Pères évêques ont un rôle essentiel dans le chemin de paix et de réconciliation auquel nous invite Benoît XVI. Sans eux, nous ne pouvons rien faire et c'est pourquoi nous continuons de les supplier d'aimer leurs enfants attachés à la liturgie traditionnelle de l'Eglise, comme ils sont, avec leurs richesses et leurs faiblesses. C'est l'amour dont nous avons besoin pour bâtir ensemble la paix, pas du jugement. Plus que jamais, il est indispensable de nous rencontrer, de nous connaître et de travailler ensemble - sans arrière pensée - à la nouvelle évangélisation.