11 novembre 2011

[Père Chrissement, fsspx - La Foi de toujours] Entre deux précipices

SOURCE - Père Chrissement, fsspx - La Foi de toujours - Novembre 2011

Depuis sa création par Mgr Lefebvre, la Fraternité Saint Pie X, comme beaucoup de fidèles attachés aux trésors spirituels de l'Église, a toujours eu à souffrir de la crise que traverse l'Église. Son fondateur, confronté aux errements des autorités ecclésiastiques, a dû la guider sur une ligne de crête en évitant deux erreurs.
D'une part, se contenter d'obéir sans restriction aux directives de Rome, imbue d'idées nouvelles, au risque de diminuer ou de perdre la foi.
D'autre part de rejeter ces mêmes autorités en bloc, au risque de tomber dans le schisme.
La première erreur est celle de ceux qui se reconnaissent dans le Motu Proprio « Ecclesia Dei afflicta » qui condamna Mgr Lefebvre le 2 juillet 1988. La deuxième erreur est celle des sedevacantistes qui affirment que le pape actuel n'est pas pape réellement. Nous verrons ce qu'il faut penser de cette deuxième erreur dans le
prochain bulletin. Arrêtons-nous sur la première.
Un peu d'histoire.
Pour bien comprendre la situation, il faut remonter aux années catastrophiques qui ont suivi le Concile Vatican II (1962-1965). Avec la « Révolution dans l'Eglise », les prêtres abandonnent leur vocation, les séminaires et les couvents se vident, le catéchisme n'est plus enseigné, les fidèles perdent la foi... Et tout cela avec la bienveillante bénédiction de la plupart des autorités de l'Église qui montrent l'exemple. Devant cet effondrement de la foi, Mgr Lefebvre, sur les supplications de fidèles, de séminaristes et de prêtres, obtient de Rome la création de la Fraternité Saint Pie X, destinée à former des prêtres en s'appuyant sur ce que l'Église a toujours fait, et donc en refusant les bouleversenments introduits partout au nom du sacrosaint concile.
Mais très vite, les progressistes qui animent ces bouleversements, se mettent en campagne contre Mgr Lefebvre et son séminaire d'Ecône. « Puisqu'il refuse de dire la nouvelle messe pour garder la messe traditionnelle en latin (qui depuis a été reconnue par Benoît XVI comme n'ayant jamais été interdite), supprimons la Fraternité Saint Pie X. » Et la Fraternité est supprimée ILLEGALEMENT le 6 mai 1975. C'est compter sans la persévérance de son fondateur qui non seulement continue, mais annonce qu'il se donnera des successeurs dans l'épiscopat, non pas pour créer une église parallèle, mais pour continuer à transmettre le sacerdoce : c'est l'opération « Survie de la Tradition ».
Les autorités romaines de plus en plus imbues d'idées modernistes et libérales déclarent donc Mgr Lefebvre excommunié et... pour détacher de lui ses prêtres, créent d'autres sociétés sacerdotales ou religieuses dans lesquelles les prêtres peuvent célébrer la Messe traditionnelle, mais doivent se soumettre en tout aux autorités qui mènent l'Église à sa perte. C'est une duperie.
La tromperie.
En effet, comment garder la foi de toujours, l'enseignement constant de l'Église, sa Tradition et en même temps
obéir à ceux qui, justement, la rejettent et la combattent avec tant d’acharnement ? Assez rapidement, les nouvelle sociétés fondées par Rome doivent donner des « gages » aux autorités progressistes (notamment en ne critiquant pas Vatican II pourtant la cause principale des maux de l'Eglise) et les responsables jugés trop « conservateurs » sont écartés de leurs charges.
En effet, il ne suffit pas de conserver la liturgie traditionnelle. Il faut aussi garder l’enseignement de toujours.
La Messe est importante, mais elle est liée à tout l’enseignement de la foi. Et c’est parce que les ennemis de l’Eglise ont voulu détruire la foi qu’ils ont tenté de supprimer la Messe qui la manifeste et la nourrit.
Et maintenant ?
Alors qu'en est-il maintenant ?
Les discussions doctrinales avec Rome peuvent-elles déboucher sur une reconnaissance officielle de la Fraternité ? Cela dépend de ce que Rome propose. Si Rome accepte que nous gardions la Tradition dans son intégralité, si nous pouvons continuer à oeuvrer normalement, si nous avons la possibilité de dénoncer le mal où il est, alors une reconnaissance juridique permettrait à beaucoup de fidèles, mais surtout de prêtres et d'évêques, qui ne l'osaient pas, de s'adresser à nous.
Mais si, pour être reconnue officiellement, la Fraternité doit se taire, elle manquerait à son devoir. Ce serait sa perte et la fin d'une résistance au modernisme qui ronge l'Église.