15 septembre 2011

[Ennemond - FECIT] 14 septembre : un tabou tombe, des questions demeurent

SOURCE - Ennemond - FECIT - 15 septembre 2011

Le texte de la congrégation pour la Doctrine de la Foi paru ce 14 septembre est riche d'enseignements. Plusieurs éléments restent cependant dans l'ombre.

1. Ce que le texte nous apprend :

- Hier, le tabou du Concile est tombé. Son caractère de superdogme n’existe plus. Et, alors qu’aucun pape ne pourrait soustraire un catholique des décisions des conciles dogmatiques, Benoît XVI affranchit les âmes de celles d’un concile pastoral. Désormais, on peut être d’Église sans retenir les points litigieux de Vatican II. En 2007, le chef de l’Église avait déjà entamé le monopole que détenait le Novus Ordo. Quatre ans plus tard, il retire à la doctrine conciliaire son caractère non négociable et son exclusivité. C’est ce qu’aura permis l’exigence – souvent vilipendée – de la Fraternité Saint-Pie X de ne pas s’en tenir à l’unique question liturgique mais d’aborder également la doctrine. Lorsqu’on considère les déconcertants fruits de l’aggiornamento, le cadeau occasionné par ces efforts de la Fraternité est inestimable.

- La Fraternité sacerdotale Saint-Pie X est présentée comme un acteur potentiel important de la vie de l’Église. En effet, le texte ne la montre plus comme une société qui nourrirait une conception erronée de la Tradition ou qui s’attacherait à un souvenir nostalgique de la Chrétienté. Non, l’œuvre de Mgr Lefebvre est décrite dans ce texte comme celle qui veut faire « respecter l’intégrité de la foi catholique ». Ce sont ces termes très forts qui sont utilisés. Dans une lettre adressée aux évêques en mars 2009, le pape Benoît XVI avait déjà posé la question : Pourquoi ce groupe focalise-t-il malgré lui l’opprobre général ? Le fait que le souverain pontife ait lui-même subi à plusieurs reprises cet opprobre l’a peut-être conduit à s’intéresser davantage à cette œuvre honnie par le monde, ce monde qui hait Dieu... Quoiqu’il en soit, il a, ce 14 septembre, fait un pas de plus.

2. Ce que le texte ne nous apprend pas :

- Les termes mêmes du préambule doctrinal sont inconnus du grand public. Ils seront soumis aux quarante membres du chapitre général de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X dans quelques temps. On peut imaginer que, si ses lignes sont animées par l’esprit du décret de la congrégation, dans la mesure où elles laisseraient dans l’ombre les points qui n’ont pas fait l’objet d’un accord lors des discussions doctrinales, elles pourraient être acceptables. Cette solution rejoindrait l’hypothèse décrite par l’abbé Grégoire Celier, dans son livre Benoît XVI et les traditionalistes. On laisse le Concile de côté pour s’en tenir à la foi. Notons que, de cette manière, il est mis un terme à tous les jeux d’acrobatie sémantique qui échafaudaient des critiques constructives ou qui devaient faire lire les décrets conciliaires à la lumière de diverses lampes. Désormais, il n’est plus besoin d’éclairer. On a soigneusement rangé dans l’ombre ce qui était un superdogme pour recentrer l’Église sur son objet : la foi.

- Nous savons très peu de choses de la structure canonique envisagée. Le directeur de la salle de presse du Saint-Siège parlait de prélature personnelle… Au-delà des considérations techniques, prions pour que la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X ne perde pas un centimètre carré de l’étendue de son apostolat car l’état de nécessité perdure, que cette œuvre soit régularisée ou non. L’état de nécessité est indépendant de la Fraternité, il ne varie pas selon la nature des propositions romaines. Il est l’état d’hérésie ambiante et généralisée dans lequel se trouvent aujourd’hui le plus grand nombre d’âmes qui ont un besoin urgent d’être sauvées. Celles-ci ne se soucient guère de savoir si le pompier venant les secourir a été adoubé ou non. Or la mainmise d’épiscopats hostiles serait une cause dirimante à la survie régularisée de cette œuvre de premiers secours. On peut néanmoins imaginer que Rome l’a désormais compris.

- La Fraternité a créé depuis sa fondation un appel d’air en faveur de la Tradition catholique. Cet appel a été l’occasion pour un certain nombre d’évêques de constituer des appâts – sans que cette réalité soit à considérer de manière péjorative – pour intégrer à l’espace diocésain des forces vivantes du catholicisme traditionnel, par leurs vocations, leur jeunesse et le renouvellement de leurs générations. Si demain, ces évêques considèrent qu’ils n’ont plus à attirer ces forces qui auraient déjà gagné leur régularisation à l’extérieur de leurs juridictions, ils peuvent être tentés de ne plus reconduire des expériences qu’ils se forçaient à mener jusque là. Des prêtres diocésains se verraient alors contraints tout doucement de ne plus s’évertuer à célébrer avec les anciens livres. Des accords avec des sociétés religieuses ne seraient pas forcément reconduits. Tout doucement, certains épiscopats pourraient creuser un fossé entre eux-mêmes et l’œuvre désormais reconnue dont ils diront qu’elle n’est tout du moins pas en communion avec eux. Le 15 août, dernier Mgr Fellay a prévenu qu’une régularisation de la Fraternité provoquerait sans doute une hostilité accrue de ceux qui sont décidés à ne pas nous accepter.

- Prions donc pour que la Fraternité, quel que soit le choix posé par ses responsables, puisse poursuivre, à la suite de son fondateur, la défense publique de l’intégrité de la foi catholique et à continuer à exercer cet appel d’air qui a permis a tant de prêtres à travers le monde de reconsidérer le missel catholique et qui va désormais les ouvrir à retrouver la doctrine catholique. En continuant à aider ces frères prêtres, à demander le meilleur pour eux, elle accomplira ainsi le vœu le plus cher à Monseigneur Lefebvre qui voulait créer une œuvre en faveur du sacerdoce, par amour des prêtres.