5 juin 2011

[Claire Thomas - Monde et Vie] Hellfest : la faute aux cathos

SOURCE - Claire Thomas - Monde et Vie - 5 juin 2010

Vous ne le savez sans doute pas, mais Mgr James est le nouvel évêque de Nantes. La grande démonstration Hellfest (« fête de l’enfer »), qui s’est déroulée à Clissons, au sud de Nantes était donc justiciable de sa juridiction spirituelle. Chacun attendait sa réaction contre ce pandemonium de déguisements de musique métal et de drogues. Le dimanche précédent, Mgr James y est allé d’un petit sermon dans sa cathédrale. Etonnant ! On a l’impression à le lire rétrospectivement qu’il ne savait pas comment manifester sa compréhension et sa mansuétude pour cette manifestation qui prend pompeusement le nom de « festival ». Voici un petit extrait qui m’a été envoyé de la part d’une jeune paroissienne scandalisée. J’ai gardé ses commentaires à votre intention.

Extraits surprenants et commentaires persos

En juin 2008, Mgr Georges Soubrier, mon prédécesseur, avait fait part avec la paroisse de ses remarques sur le festival de « musique extrême » (Enfer serait plutôt le terme exact) qui se déroule à Clisson. Témoins de cette confrontation entre, d’un côté des chrétiens qui se sentent agressés et de l’autre, des « métalleux » qui se sentent incompris (les pauvres !), la communauté chrétienne de Clisson souhaite prendre la parole : au contact du festival, elle reconnaît qu’il y a là une recherche d’expression musicale (je suis sidérée de lire ça) qui peut avoir toute sa place (mais lisez donc les traductions de certaines chansons !). Dans les rues de Clisson, avec l’ensemble de la population, elle constate la convivialité des festivaliers rencontrés (avec des croix renversées, de noirs vêtus pour beaucoup), autour de ce qui les rassemble : l’attachement à une musique qu’ils apprécient (eh bien pas moi, en tant que catho je me sens agressée et attaquée) et une certaine façon d’être (que je n’envie pas. Respirent-ils vraiment la paix, la joie ?) La communauté chrétienne est aussi témoin du professionnalisme des organisateurs (faut-il applaudir ces organisateurs anti-cathos ?) et de la générosité des bénévoles (ben voyons) qui font de ce festival un évènement important de la vie locale. (NON !!!!! je rêve !!!!!!!!!!!!!!)...

En bon français, cette homélie est une apologie de la « fête de l’enfer » à destination des catholiques qui ont gardé suffisamment de défense immunitaire pour être éventuellement scandalisés de ce déferlement sataniste. Ce qui est étonnant avec nos évêques, c’est que rien ne leur sert de leçon. Ils nous bassinent avec ce discours pseudo-compassionnel depuis quarante ans. Ils sont systématiquement dans « l’autrisme », ne s’en prenant qu’à leurs propres fidèles quand ils ont des remarques à faire. Les « autres » ont toujours raison. Les hostiles ont leurs raisons [voilà l’homélie de Mgr James]. Les tièdes ont leurs raisons [ souvenez-vous, les messes du samedi soir qui tiennent lieu de messe du dimanche, « pour respecter le travail des uns et le loisir des autres »]. Ceux qu’il importe de moraliser, ce sont ceux qui ne sont ni tièdes ni hostiles, les catholiques qui « ne comprennent pas » [les pauvres : des arriérés vous dis-je]. Quand Mgr Vingt-Trois récemment critiquait les catholiques anti-Act’up qui s’étaient massés sur le Parvis de Notre Dame, au lieu de condamner Act’up…il a montré qu’il souffrait du même genre de syndrome déformant. Il s’étonne de ne plus avoir de candidats au sacerdoce ? Mais des candidats éventuels se trouvaient sans doute parmi les cathos crossés par l’archevêque pour cause de militantisme… catho. Ils n’ont peut-être pas envie d’avoir tort toute leur vie de préférence aux tièdes et aux hostiles [qui eux, ont toujours des raisons]. Comment une Institution peut-elle recruter si elle ne respecte pas ceux qui spontanément s’engagent pour elle ? Ce sont exactement les mêmes réflexes mentaux destructeurs à Paris et à Nantes. Cette attitude autriste, de la part de nos évêques, n’a rencontré aucun écho. Personne ne leur en sait gré, parmi les tièdes et les hostiles. Quand aux bons catholiques, ils sont partis, en commençant par les plus jeunes, lassés de recevoir toujours la même petite morale désapprobatrice, de la part de leurs pasteurs autristes. Un peu partout les diocèses « ferment » (comme à Saint-Etienne par exemple où un ancien du MJCF, Mgr Lebrun, promeut les communautés sans prêtre). Mais rassurez-vous, les évêques, eux, tout à leur vocation de syndics de faillite, continueront à dire que c’est de la faute aux cathos. Jusqu’à ce que mort s’ensuive ?

Claire Thomas