8 mai 2010

[Bruno Trigalet - La Voix du Nord] «Evidemment qu'on ne se reconnaît pas dans cette image caricaturale des écoles "tradi"!»

SOURCE - Bruno Trigalet - La Voix du Nord - 8 mai 2010

Se méfier des préjugés... Un directeur en soutane qui dit la messe en latin, des enfants qui récitent le chapelet avant le repas et passent chaque matin par la chapelle... Cela sent l'intégrisme religieux, la rigueur austère des écoles catholiques d'antan, voire, comme l'émission «Les Infiltrés» l'a évoqué la semaine dernière, l'extrémisme politique... À La Chapelle- d'Armentières, le directeur de l'école Notre-Dame de Fatima déplore ces jugements hâtifs et injustes. Une journée passée dans l'établissement remet les choses à leur place.

Marie, 12 ans, est tout essoufflée après sa course à pied, dans l'immense prairie qui jouxte l'école : «Ici, c'est dix fois mieux que l'école où j'étais avant.» Ses parents, d'Armentières, l'ont inscrite à l'école Notre-Dame de Fatima alors qu'elle entrait en CE2. «Dans mon école d'avant, les enfants se moquaient de moi à cause de mes habits», explique-t-elle comme on confie un secret qui, trop longtemps, a fait souffrir. Pourtant, elle est adorable, Marie, mignonne et, paraît-il, excellente élève. «On travaille bien ici et on progresse. Avant d'arriver, par exemple, je ne faisais pas de rédactions. Maintenant, je suis bonne en français !» Pauline, elle aussi en cinquième, habite à Lorgies. «Ici, les profs sont hyper gentils et on apprend bien.» Pourquoi ses parents l'ont-ils scolarisée ici ? «Parce que ma grande soeur y a été élève. Elle vient d'entrer en première année de médecine. D'ailleurs, c'est ça que je voudrais faire aussi, quand je serai grande. Ou des études d'opticien, je verrai.»À quelques mètres de là, dans les salles de classe, chacune emplie d'une quinzaine d'élèves au plus, on entendrait une mouche voler. Par un des petits hublots posés sur les portes, on aperçoit les élèves attentifs, silencieux. «Nous sommes complètement dans l'esprit salésien et dans les méthodes d'enseignement de Don Bosco, commente l'abbé Marchadier. Nous pensons que l'esprit de douceur amène les âmes vers le Bon Dieu et favorise les apprentissages.» Pas de punitions corporelles ici ! «Au contraire, explique le directeur, ordre est donné aux enseignants de ne jamais crier lorsqu'il arrive qu'un élève fasse une bêtise.» On est loin du stéréotype véhiculé sur ces écoles «différentes» où régnerait une ambiance paramilitaire... Cécile, 21 ans, a l'oeil qui pétille quand elle évoque son enfance sur les bancs de cette école. Aujourd'hui, elle est responsable des classes de collège, enseigne le latin, l'histoire et la géographie. «Évidemment qu'on ne se reconnaît pas dans cette image caricaturale des écoles tradi, confirme-t-elle, ici, tout est centré sur la douceur!»

«Mes cinq frères et soeurs sont venus ici, explique la jeune femme dont la famille est domiciliée à Lomme. La motivation première de mes parents était, bien sûr, religieuse, mais il y a aussi les méthodes traditionnelles d'enseignement.»

Comme tous les anciens élèves de Notre-Dame de Fatima, elle a connu «l'après». Pour elle, ce fut le collège de Marcq (établissement où, avec Saint-Jude à Armentières et Sainte-Marie à Beaucamps-Ligny, sont le plus souvent scolarisés les élèves de N.-D. de Fatima). «Ça m'a changé beaucoup, parce que l'ambiance était moins familiale, mais nous étions mieux préparés, notamment pour le français et la grammaire, parce que nous avions beaucoup d'années d'analyse logique derrière nous», se rappelle-t-elle. Brillante élève, la jeune femme a ensuite décroché son bac littéraire, fait deux ans de classe préparatoire littéraire et passé deux licences de lettres classiques et d'anglais à la Sorbonne. «Souvent, répète l'abbé Marchadier, les directeurs d'école sont contents de voir arriver des anciens de Notre-Dame de Fatimacar leur niveau et leur comportement sont exemplaires.» Dans ce cas, le péché d'orgueil semble bien véniel...