9 décembre 2008

[Paix Liturgique] Ni dhimmitude ni syndrome de Stockholm: des précisions sur la communication de Paix Liturgique

SOURCE - Letrre 155 de Paix Liturgique - 8 décembre 2008

Il n’est pas rare que nous recevions des courriers d’abonnés à la lettre électronique de Paix Liturgique qui nous reprochent de faire la publicité de telle ou telle célébration. Nous publions aujourd’hui quelques extraits de ces lettres.

Ces témoignages sont révélateurs de la pression ecclésiastique qui pèse sur ces familles qui entreprennent des démarches dans leurs paroisses pour que soit appliqué le Motu Proprio de Benoît XVI. Ils en disent également long sur les pressions psychologiques et le chantage lamentable auxquels certains clercs n’hésitent pas à se prêter.

Tout cela n’est pas innocent et participe d’une réaction concertée de bon nombre d'autorités et de prêtres pour qui la négation de la demande des fidèles attachés à la messe traditionnelle ou sa marginalisation est un travail de chaque jour. Ainsi ils pourront continuer d’affirmer : « il n’y a pas de demande » ou ses variantes « la demande qui s’est manifestée n’est pas une vraie demande », « il y a peut-être quelques familles mais la forme de la demande n’est pas acceptable, je ne ferai rien » ou encore « qui me dit que cette demande qui a l’apparence d’une vraie demande n’est pas en réalité une manipulation ? »
L'on voit ensuite comment il sera facile aux bonimenteurs et aux manipulateurs d'affirmer dans tel ou tel publication officieuse ou officielle de l’épiscopat français qu'il faut bien garder à l'esprit que les demandes sont très rares « car la plus grande part des fidèles sont tout à fait satisfaits de la situation actuelle dans leurs paroisses… »
Ce discours incantatoire n'est pas sans nous rappeler le panorama décrit dans l'excellent ouvrage d'Henri Amouroux "1944 : 40 millions de Pétainistes", et nous permet d'en mesurer les limites… Vous connaissez la suite…

Extraits du message 1

"…Nous tenions à vous faire connaître l'évolution de notre demande de célébration « Extra » dans notre paroisse. Si Dieu veut, notre curé acceptera de tenter une expérience en janvier mais il nous a prévenu que celle-ci ne devait faire l'objet d'aucune publicité ni au niveau du diocèse, ni dans la presse, ni bien sûr dans la lettre de " Paix Liturgique "..."

Extraits du message 2

"…Nous dînions lundi dernier avec notre curé qui nous a redit combien il avait été offusqué que la presse se soit faite l'écho de notre messe d'octobre. Bien que nous ayons insisté sur le fait que nous n'y pouvions rien, il nous a demandé de faire notre possible pour que cela ne se renouvelle pas car cela fragilise sa position car nous a-t-il rappelé, " nous n'avons pas que des amis dans le diocèse " …"

Extraits du message 3

"…Peut-être sans le savoir, vous venez de nous mettre dans une situation catastrophique : en effet vous avez annoncé dans votre lettre de Paix Liturgique la messe qui s'est déroulée dimanche dernier dans notre église. Le curé nous a immédiatement fait savoir que si cela se reproduisait, il cesserait toute relation avec nous et surtout toute célébration de la forme extraordinaire… Si vous saviez combien il nous a été difficile d'obtenir la mise en place de cette messe mensuelle, vous n'auriez pas agi avec tant de légèreté ! Pourtant je crois savoir que Mr X. vous avait fait savoir notre désir de conserver un caractère d'entière discrétion sur la situation de notre paroisse. J'ose espérer que vous cesserez dans l'avenir toute communication à notre sujet et je souhaiterais que vous présentiez vos excuses au Père X. qui nous l'espérons, acceptera de poursuivre avec nous l'expérience engagée…"

Extraits du message 4

« Il est facile de critiquer dans une lettre électronique l’horaire tardif d’une célébration dominicale de la forme extraordinaire du rite romain mais imaginez un peu quelles peuvent en être les conséquences. Notre célébration est le fruit de longues discussions et de nombreuses concessions, vous n’avez pas le droit d’en parler sans nous consulter préalablement, vous fragilisez nos démarches… »

Extraits du message 5

" ...De toute façon il faut pour l'heure entourer d'un grand silence les célébrations que nous pouvons obtenir dans notre diocèse... Les prêtres qui acceptent de célébrer ces messes "Extraordinaires" subissent des pressions terribles et risquent, plus souvent que vous ne semblez le croire, leur carrière, pire leur avenir ! Aussi, mieux vaut prendre le risque de ne pas annoncer aux fidèles ces célébrations et que ceux qui y participent ne soient que de petits noyaux, plutôt que de voir disparaître ces célébrations quelquefois presque clandestines..."

REFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE

1 – Ce type de courriers n’est pas isolé et va croissant au fur et à mesure des nouvelles mises en place de célébrations selon la forme extraordinaire.
Ces lettres dénotent d'une bien odieuse situation : les fidèles qui osent demander une célébration selon la forme " extraordinaire" sont bien souvent pris en otage : « Soit vous vous soumettez et acceptez tout ce qu’on vous dit, soit c'est fini ». « A vous de choisir ! »

Curieuse conception de la « participation des fidèles » dont on avait cru comprendre, à force de l’entendre dans nos paroisses, qu’il s’agissait d’un fruit du Concile… Sans doute finalement rien d’autre qu’une hypocrisie de plus…
Quelle honte que des hommes qui se disent chrétiens et prêtres de Jésus-Christ osent tenir un pareil langage comme si ce que leur demandent les rares fidèles qui osent le faire, était une demande indigne ou honteuse et qu'il ne s'agissait pas d'œuvrer à la Paix et à la réconciliation comme nous y a invité le Saint-Père ?
Quelle honte pour des hommes de Dieu de se prêter à un chantage aussi odieux.
On aimerait bien savoir en quoi le fait de simplement annoncer un horaire de célébration (annoncé nulle part par ailleurs ou d'une manière illisible pour le simple fidèle) ou le fait de dire qu’une messe dominicale à 8 h ou à 13 heures n’est pas praticable de manière habituelle pour des familles est une provocation de Paix Liturgique sanctionnable par l’arrêt de la célébration concernée.

2 - Mais l'audace de ces méchants elle-même nous interpelle.

Pourquoi des hommes de Dieu se comporteraient-ils ainsi ?
En effet ceux qui veulent le bien des âmes ne brandissent pas les foudres et les menaces. Ils agissent dans la paix et la Charité et si tout se passe bien, ils sont dans la joie. Même s’ils sont rares en pratique, les prêtres qui ont œuvré dans ce sens, comme à Saint-Yriex ou à Coligny, savent que dans la charité et la concertation les choses évoluent sans heurts et dans la paix.

Alors, pourquoi ceux qui brandissent ces foudres et ces menaces le font-ils ?
Une explication est peut-être qu'ils ont peur. En effet, après avoir dit que les fidèles attachés à la messe traditionnelle n'existaient pas ou étaient "ultra minoritaires", il leur est probablement impossible d’admettre que la demande, dans leur propre paroisse, est importante, voire comme à Saint-Germain en Laye ou à Sainte-Jeanne-d'Arc de Versailles extrêmement importante (et pas satisfaite) ?

Une autre explication est de mettre en oeuvre ainsi un moyen très déloyal de faire capoter l'expérience : si personne ne parle de la célébration, le petit nombre des fidèles qui y assistera pourra justifier l’arrêt de la célébration elle-même au titre que cette célébration ne se justifierait pas .... Si cette messe est annoncée dans la lettre de Paix Liturgique et se fait ainsi connaître, on arrêtera tout autant l’expérience en raison de la « provocation » de Paix Liturgique.

Procédé déloyal Consternant !

3 - Dans tous les cas, cela entraîne des situations horribles où des fidèles sont obligés de se soumettre comme des Dhimmis à la loi et aux menaces des plus forts.

Cela provoque également parfois chez des fidèles pieux et obéissants un véritable syndrome de Stockholm, une situation dans laquelle les fidèles sont obligés de devenir les complices de leurs persécuteurs par peur de perdre les modestes miettes qui leur sont concédées. Dans tous les cas, cela empêche que la soi-disant expérience soit lisible et concluante.

Ainsi, il sera aisé de dire ensuite, comme nous l'avons déjà entendu trop souvent, la variante de : " Vous avez vu, j'ai accepté de célébrer le jeudi à 8 h 15 une messe "Ad experimentum" et l'assistance n'était pas très nombreuse : votre demande est-elle bien réelle?"


4 - Le Motu Proprio Summorum Pontificum a rappelé que la messe traditionnelle n'avait jamais été interdite et qu'il est légitime que des fidèles souhaitent vivre leur foi catholique à son rythme.
Le Motu Proprio Summorum Pontificum dit très clairement que les curés et les évêques doivent agir comme des pasteurs pour satisfaire ces demandes légitimes notamment pour œuvrer à la réconciliation.
Mais voilà, le Saint-Père a prévu que dans deux ans, nos pasteurs devront présenter un bilan de la mise en œuvre du Motu Proprio dans leurs diocèses… et pour certains idéologues, il est vital de pouvoir affirmer : " Chez nous, tout va bien, il n'y pas de demande ni de motifs à appliquer plus qu'aujourd'hui - c'est-à-dire souvent rien ou presque rien - les possibilités du Motu Proprio Summorum Pontificum ".


5 - Alors il nous faut être très clair au sujet de la politique de communication de l'association pour la Paix Liturgique et la réconciliation.

Si nous ne voulons en rien interférer dans les discussions locales, nous n'accepterons jamais de ne pas annoncer les célébrations qui sont accordées.
Nous n’accepterons jamais de renoncer à notre liberté d’enfants de Dieu et de nous soumettre à des chantages indignes.

L’annonce systématique des applications du Motu Proprio dont nous avons connaissance répond à notre objectif d’informer le plus possible de personnes afin que les fidèles qui seraient intéressées par celle-ci puissent y participer.

Ainsi, quelles que soient les promesses de silence arrachées aux responsables de groupes de demandeurs, qu'il soit bien clair que jamais ces promesses n’engageront la parole des autres fidèles locaux associés à leurs demandes…

AUSSI QUE CEUX QUI LES MENACENT LE SACHENT : ILS NE POURRONT PAS VOUS ENGAGER A TENIR SECRETES LES CELEBRATIONS QUI SERONT JUSTEMENT ACCORDEES ET PAIX LITURGIQUE ANNONCERA TOUTES LES CELEBRATIONS QUI SERONT ACCORDEES ET PARTICULIEREMENT TOUTES CELLES QUI NE SONT PAS CELEBREES CHAQUE DIMANCHE ET FETES OU ACCORDEES OCCASIONNELLEMENT .

Nous ne croyons pas nuire ainsi à ceux qui agissent pour la paix dans leurs paroisses, car tout en remplissant son rôle légitime d'information, Paix Liturgique concoure ainsi à les protéger contre d'éventuelles pressions tout à fait inacceptables.