9 février 2007

[Romano Libero - Golias] Mitre d’honneur - L’irénisme du cardinal Ricard

SOURCE -  Romano Libero - Golias - 9 février 2007

Y croit-il vraiment ? Ou sa position institutionnelle le place-t-il dans une situation bien inconfortable, entre le marteau progressiste et l’enclume romaine.
 
Doit-il désormais payer le prix de sa pourpre rapidement acquise ?
Serait-ce l’expression d’un tempérament peu porté sur le conflit ? 
 
En tout cas, le Président de la conférence épiscopale, dans une interview aujourd’hui au quotidien "La Croix" entend "positiver". Son mot d’ordre est le suivant : " sortons de la critique systématique pour vivre la charité fraternelle ".

L’archevêque de Bordeaux se réfère en particulier à la reconnaissance de l’Institut du Bon Pasteur , sur son diocèse, pour laquelle on lui aura sans doute un peu forcé la main.
 
Il faut savoir également que Mgr Ricard est membre de la Commission Pontificale "Eccledia Dei" ; il se fait donc un devoir de relayer le point de vue romain en France et le point de vue français à Rome. Cela me fait penser à cette scène de l’" Avare " de Molière où Maître Jacques , faussement habile, tente de persuader Harpagon de la docilité de son fils Cléante , et, ce dernier, de la bienveillance paternelle du ladre.
 
J’avoue douter de la fécondité à long et déjà moyen terme des " baisers Lamourette " et des solutions équivoques. Les malentendus cachés finissent par remonter à la surface, en plus envenimés.
 
Sans doute, en règle générale, il semble toujours heureux que des adversaires s’écoutent et se rencontrent. La relation humaine peut alors refleurir, et c’est hautement souhaitable. A condition néanmoins de ne pas confondre les plans et de ne pas baptiser hâtivement un mauvais marché de dupes. Il ne s’agit pas simplement de questions de détail : les enjeux sont de fond.
 
En outre, les propos que continuent à tenir l’abbé Laguérie et son entourage me laissent douter de la pertinence de cet avis de Mgr Ricard : " Je sens aujourd’hui chez l’abbé Laguérie et les prêtres de l’Institut du Bon Pasteur une volonté d’être en pleine communion avec Rome et d’intégrer, sous ma responsabilité épiscopale, la famille diocésaine ".
 
J’invite Son Eminence à relire " L’illusion libérale " de Louis Veuillot, certainement un livre de chevet de nos intégristes catholiques, essai doctrinal abrupt mais aussi livre de stratégie. Le fondateur de "l’Univers", ultramontain intransigeant endiablé, y développe une adroite parade :
 
Se servir du point de vue de l’adversaire. Lorsqu’on est en minorité et en position de faiblesse, faire appel au sens de la tolérance et à la bienveillance du partenaire. Jouer adroitement sur ce terrain-là. Par contre, lorsqu’on reprend l’avantage, retrouver le terrain de la dureté et l’implacable sévérité inquisitoriale.
 
Nous espérons que Mgr de Bordeaux trouvera à la lecture de ce livre odieux, mais fort bien écrit, un éclairage qui pourra refroidir ses ardeurs réconciliatrices à trop bon marché.