27 octobre 1975

Lettre du cardinal Villot aux Conférences Episcopales - 27 octobre 1975
Mis en ligne par http://fsspx.org [NOTE DE FSSPX.ORG: Cette lettre du cardinal Villot, secrétaire d’Etat, est adressée sous le numéro 290 499/94 à tous les présidents des conférences épiscopales.]
Éminence,

Excellence,

Le 6 mai dernier, Mgr Pierre Mamie, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, agissant avec le plein accord du Saint-Siège, retirait l’approbation canonique à la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X dirigée par Mgr Marcel Lefebvre, ancien archevêque-évêque de Tulle. Les fondations de cette Fraternité, et notamment le séminaire d’Écône, perdaient du même coup le droit à l’existence. Ainsi se trouvait tranchée, du point de vue juridique, une affaire particulièrement complexe et douloureuse.

Où en est-on à six mois de distance ? Mgr Lefebvre n’a pas encore accepté, dans les faits, la décision de l’autorité compétente. Ses activités se poursuivent, ses projets tendent à se concrétiser en divers pays, ses écrits et ses propos continuent d’abuser un certain nombre de fidèles désorientés. On prétend, ici ou là, que le Saint-Père s’est laissé entraîner, ou que le déroulement de la procédure a été entaché de vices de forme. On invoque la fidélité à l’Église d’hier pour se démarquer de l’Église d’aujourd’hui, comme si l’Église du Seigneur pouvait changer de nature ou de forme.

Considérant le dommage causé au peuple chrétien par la prolongation d’une telle situation, et seulement après avoir usé de toutes les ressources de la charité, le Souverain Pontife a donc disposé que les informations suivantes, qui devraient contribuer à lever les derniers doutes soient communiquées à toutes les Conférences épiscopales.

La Fraternité sacerdotale Saint-Pie X fut érigée le 1er novembre 1970 par Mgr François Charrière, alors évêque de Lausanne, Genève et Fribourg. Pieuse Union diocésaine, elle était destinée, dans l’esprit de Monseigneur Lefebvre, à se muer par la suite en une société de vie commune sans vœux. Jusqu’à sa reconnaissance comme telle — reconnaissance qui n’est d’ailleurs pas intervenue —, elle demeurait par conséquent soumise à la juridiction de l’évêque de Fribourg et à la vigilance des diocèses dans lesquels elle exerçait ses activités. Ceci conformément au droit.

Il se révéla cependant assez rapidement que les responsables refusaient tout contrôle des instances légitimes, restant sourds à leurs monitions, persévérant envers et contre tout dans la ligne choisie : l’opposition systématique au concile Vatican II et à la réforme post-conciliaire. Il n’était pas acceptable que des candidats au sacerdoce soient formés en réaction contre l’Église vivante, contre le pape, contre les évêques, contre les prêtres avec lesquels ils seraient appelés à collaborer. Il devenait urgent d’aider les vocations qui avaient été ainsi orientées. Enfin il apparaissait nécessaire de remédier au trouble croissant dans plusieurs diocèses de Suisse et d’autres nations.

Vu la gravité de la matière et dans le souci que 1’enquête fût menée indépendamment de toute passion, le Saint-Père institua donc une Commission cardinalice composée de trois membres : le cardinal Gabriel-Marie Garrone, préfet de la Congrégation pour l’Éducation catholique, président ; le cardinal John Wright, préfet de la Congrégation pour le Clergé ; et le cardinal Arturo Tabera, préfet de la Congrégation pour les Religieux et les Instituts séculiers. Cette Commission reçut pour tâche d’abord de réunir les informations les plus étendues et de procéder à un examen de tous les aspects du problème ; ensuite de proposer ses conclusions au Souverain Pontife.

La première phase des travaux dura environ un an. C’est dire que l’on procéda sans aucune hâte, au contraire de certaines allégations, et que l’on prit le temps exigé par une réflexion approfondie. De très nombreux témoignages furent recueillis. Une Visite apostolique de la Fraternité fut effectuée à Écône (11-13 novembre 1974) par Mgr Albert Deschamps, recteur émérite de l’université de Louvain et secrétaire de la Commission pontificale biblique, assisté de Mgr Guillaume Onclin, à titre de conseiller canonique. Mgr Mamie et Mgr Adam, évêque de Sion (diocèse d’Écône), furent entendus à plusieurs reprises, et Mgr Lefebvre fut convoqué par deux fois à Rome, en février et en mars 1975. Le pape lui-même était fréquemment et scrupuleusement tenu au courant du déroulement de l’enquête et de ses résultats, comme il devait le confirmer au cours de l’été à Mgr Lefebvre (cf. les deux Lettres pontificales dont il sera question plus loin).

La seconde phase aboutit à la décision que l’on sait, décision rendue publique sur ordre de Sa Sainteté communiqué à la Commission cardinalice, et décision sans appel puisque chacun de ses points fut approuvé « in forma specifica » par l’Autorité suprême.

Je ne m’étendrai pas davantage sur l’historique des événements. Si vous l’estimiez utile, vous pourriez en effet demander des précisions au représentant pontifical dans votre pays. Il a reçu pour instruction de vous les fournir en cas de besoin.

Il est donc clair maintenant que la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X a cessé d’exister, que ceux qui s’en réclament encore ne peuvent prétendre — à plus forte raison — échapper à la juridiction des Ordinaires diocésains, enfin que ces mêmes Ordinaires sont gravement invités à ne pas accorder, d’incardination dans leur diocèse aux jeunes qui déclareraient s’engager au service de la « Fraternité ».

Il me reste à vous présenter les documents ci-joints, deux lettres adressées par le Saint-Père à Mgr Lefebvre, et une réponse de ce dernier. Leur divulgation eût été déplacée jusqu’ici : l’Évangile enseigne que la correction fraternelle doit d’abord se tenter dans la discrétion. C’est aussi la raison pour laquelle le Saint-Siège s’est abstenu de toute polémique depuis l’origine de cette affaire et n’a jamais cherché à réagir aux insinuations, manipulations mensongères de faits, accusations personnelles abondamment répandues dans la presse. Mais vient parfois un moment où le silence ne peut plus être conservé et où il faut que l’Église sache (cf. Mt 18, 15-17).

La première lettre, datée du 29 juin 1975, a été portée à Écône le 8 juillet. Elle n’a jamais reçu de réponse. Vous y lirez, comme dans la seconde (8 septembre), la douleur du Père commun et l’espérance qui l’habite toujours, même si aucun signe de réelle bonne volonté ne lui a encore été donnée. Vous verrez que son désir le plus cher est d’accueillir son Frère dans l’épiscopat, lorsqu’il se sera soumis.

La lettre de Mgr Lefebvre constitue certes un témoignage de dévotion personnelle à l’égard du Pontife, mais rien malheureusement n’autorise à penser que l’auteur soit résolu à obéir. Elle ne peut donc pas être considérée à elle seule comme une réponse satisfaisante.

Éminence, Excellence, si les circonstances font que le problème vous touche d’une manière ou d’une autre, vous aurez à cœur, en cette Année Sainte, de travailler pour la paix et la réconciliation. L’heure n’est pas à la polémique, elle est plutôt à la charité et à l’examen de conscience. Les excès appellent souvent d’autres excès. La vigilance en matière doctrinale et liturgique, la clairvoyance dans le discernement des réformes à mettre en œuvre, la patience et le tact dans la conduite du peuple de Dieu, le souci des vocations sacerdotales et d’une préparation exigeante aux tâches du ministère, tout cela est sans nul doute le témoignage le plus efficace qu’un pasteur puisse donner.

Je suis certain que vous comprendrez cet appel et, avec vous, je souhaite que l’unité des membres de l’Église resplendisse davantage demain.

Croyez à mes sentiments fidèlement et cordialement dévoués.

J. card. Villot.

15 octobre 1975

[Abbé Georges de Nantes - CRC] Les grandes crises de l’Église - La Grande Apostasie: Paul VI et son MASDU, sous le signe de l'Antéchrist

SOURCE - Abbé Georges de Nantes - CRC (n°97) - octobre 1975

Celui que Dieu avait prédestiné dans sa Sagesse insondable pour être le Chef Suprême et Pasteur de l’Église en ces temps d’Apostasie universelle, est né en cette fin du siècle dernier dont nous avons dit qu’elle montra le prélude et comme la répétition générale de l’autodémolition que nous vivons maintenant. (…) Comment fut-il préparé et comment se disposa-t-il à l’épreuve décisive  ?
LE DÉBUT D’UNE CARRIÈRE
De petite noblesse rurale, les grands-parents et parents de notre Pape donnent toutes les preuves incontestables d’une profonde piété et d’un dévouement rare aux œuvres comme à la cause de l’Église. Georges Montini est, depuis 1880, directeur d’un quotidien catholique, et il le restera jusqu’en 1912 où la confiance de tous, et celle de saint Pie X éminemment, l’appellera à des tâches plus considérables. Quant à sa mère, elle était d’une piété intelligente et profonde. (…) Giovanni-Battista Montini naquit le 26 septembre 1897 de Georges et Judith Alghisi. (…)

L’enfance de notre Pape se résume en peu de mots. Sa santé ne lui permit pas une scolarité suivie. (…) Il entre dans un Collège tenu par les Jésuites en 1908 mais bientôt doit poursuivre ses études à la maison. En 1916, il entre au Séminaire pour être ordonné prêtre, le 29 mai 1920. Il a 22 ans. La même année, il est docteur en droit canonique à Milan. Études rapides et solitaires donc.

Durant toute son adolescence, il fréquente assidûment les Œuvres de Jeunesse des Oratoriens. (…) Il est aussi membre, à partir de 1918, d’un groupe d’étudiants aux idées avancées et prend part à la rédaction de leur journal, où il écrit des articles pieux et moraux jusqu’en 1925 où le journal disparaît devant la montée du fascisme. (…)
LE TOURNANT DE SA VIE
En 1859, les nationalistes italiens voulaient chasser le Pape de Rome et fonder un État anticlérical, violemment sectaire, tout entier au pouvoir de la maçonnerie. C’est contre cette puissance que se dressèrent les meilleurs catholiques patriotes. Georges Montini fut de ceux-là. Son journal fut l’instrument de cette résistance. (…) Il semble qu’il n’y ait rien encore de saillant dans la vie de ce jeune prêtre secret, chétif, souvent malade, qui dévore les livres, ne joue jamais, mais cache une volonté implacable sous des apparences d’irrésolution, “ un petit homme de fer ”, dit sa mère. En fait, tout est déjà joué. Voici comment. (…)

Tout cela se faisait dans l’esprit de Pie IX, sous la bannière de l’Œuvre des Congrès, fondée en 1875 dans le but d’unir les catholiques pour la défense des droits de l’Église et des intérêts sociaux et religieux de la Patrie. Le mouvement était doctrinal, structuré, soumis à la hiérarchie. Le futur Pie X en était, avec modestie, l’un des grands animateurs parmi les évêques italiens, et le père de Paul VI l’un des plus actifs protagonistes. On luttait pour Dieu, pour la liberté de l’Église et pour le peuple pauvre, avec la force que donnent l’union et la discipline catholiques. C’était parfait.

Mais un courant progressiste, gauchiste, se fait jour avec la fondation en 1895 par Don Murri des Cercles Universitaires où sont proposés aux jeunes du vieux mouvement des Œuvres Catholiques, le projet de Démocratie chrétienne. (…)

Don Murri se considère comme le Lamennais italien. Au lieu de l’ancienne lutte «  pour Dieu, pour la Patrie et pour les pauvres  », menée par les catholiques organisés sous la direction des Évêques, Murri souffle un enthousiasme révolutionnaire  : «  Tout pour le Peuple et par le Peuple  ».

Le résultat ne se fait pas attendre. Une crise s’ensuit au sein de l’Œuvre des Congrès. (…) Don Murri, lui, entend jeter l’Église dans la révolution. Léon XIII tergiverse et ne soutient personne. (…) Plus tard, saint Pie X jette l’interdit sur la Ligue Démocratique Nationale fondée par Don Murri et en 1910 il excommunie celui-ci qui perd la foi, se marie en 1912, et ne se réconciliera avec l’Église qu’en 1943, quand l’Église reviendra à lui et que déjà il tiendra sa vengeance et sa victoire… (…)

Georges Montini entre dans les vues de Pie X. Et c’est lui qui, en 1912, est choisi pour Président de l’Union Électorale des Catholiques Italiens en vue des élections de 1913, qui seront pour eux une grande victoire. La politique de Pie X, innovée par lui et par G. Montini dès 1895, porte ses fruits. Poursuivie sagement, elle aurait été le salut de l’Italie catholique  !

Mais, saint Pie X disparu, sa doctrine est aussitôt trahie. Benoît XV favorisa la rentrée des démocrates-chrétiens sur la scène politique et religieuse. (…)

Ce n’est plus dès lors le Parti de Dieu, c’est le Parti du peuple, c’est la Démocratie chrétienne, chrétienne parce que le Parti Populaire entend conquérir le Pouvoir et le conserver par l’Action catholique, par l’Église devenue une vaste organisation électorale au service d’un Parti qui se veut non confessionnel. (…)

C’était la Lettre sur le Sillon bafouée, piétinée. Georges Montini est l’un des fondateurs de cette démocratie chrétienne. En 1919, il deviendra député au Parlement et bénéficiera du soutien de la gauche politique italienne. (…)
TRENTE ANS DE DOUBLE JEU, 1924 – 1954
Pie XI, qui s’y connaît en hommes, sait que ce jeune prêtre est capable de jouer auprès de Mussolini, arrivé au pouvoir en 1919, son double jeu, avec souplesse et obstination  : feindre le ralliement de l’Église au Pouvoir établi, coopérer utilement avec lui, mais aussi sauver l’idée démocratique, afin de préparer en secret sa revanche, la reprise du combat électoral aux premiers signes d’affaiblissement du Fascisme.Don Giovanni-Battista Montini passe l’été 1924 à Paris. Il rentre à Rome juste pour entendre le fameux discours de Pie XI aux étudiants catholiques qui désapprouve formellement l’alliance entre démocrates-chrétiens et socialistes. C’est pratiquement un ordre de ralliement à l’État nouveau. Or, très précisément ces jours-là, don Montini se voit attribuer un bureau à la Secrétairerie d’État et reçoit du Pape la charge d’aumônier de la Fédération des Universitaires Catholiques Italiens de Rome. Il y correspond si bien aux directives du Saint-Père que l’année suivante – il n’a que 27 ans – Pie XI le nomme Aumônier National de la FUCI. Et pourtant, c’est au même moment où son père, Georges Montini, et les autres députés du Parti populaire italien se font chasser à coups de bâtons de la Chambre où ils étaient venus protester contre les “ violences fascistes. ” (…)

Comme tant d’autres aumôniers d’Action catholique, Montini veut inculquer aux étudiants sa vision du christianisme. Il cherchera à leur communiquer son horreur du fascisme. En effet, tandis que le Vatican mène avec Mussolini les négociations qui préludent aux Accords du Latran du 11 février 1929, don Montini collabore en apparence seulement. Pour lui, la lutte contre le Fascisme, qu’il a hérité de tradition familiale, est avant tout un devoir religieux, seul le service de la démocratie est évangélique.

La carrière du futur Pape à la Secrétairerie d’État est sans relief et sans bavure. On n’en connaît que la progression de degrés en degrés jusqu’aux plus élevés. Il travaille longtemps dans l’ombre des fonctions subalternes. À partir de 1933, il loge au Vatican. C’est une promotion. (…)

Protonotaire Apostolique en 1938, il devient, à l’avènement de Pie XII l’année suivante, secrétaire aux Affaires ordinaires et remplit en outre le rôle de secrétaire privé du Pape. (…) Il sera le second de Pie XII jusqu’en 1954 où sa carrière subira un accident mystérieux et imprévu. De toutes les affaires qu’il a brassées pendant ces trente ans on ne sait rien, on ne voit rien de remarquable…

Durant tout ce temps de fonctionnariat, il n’a jamais exercé le moindre ministère paroissial. Il n’a jamais eu un peuple ni une église à sa charge. Il a été seulement aumônier d’Action Catholique à la FUCI de 1924 à 1933. (…)

Quelle est sa spiritualité  ? Pour le dire franchement, elle apparaît alors plus moralisante que mystique, plus humaine que biblique, plus exhortative que dogmatique, et ces traits se retrouveront identiques durant son épiscopat à Milan et depuis, dans ses œuvres pontificales…

Il a peur du monde et horreur des divertissements vulgaires où il voit tout de suite le vice. (…) Il exhorte à le fuir et à mépriser les amusements du monde, mais c’est pour être homme, pour être libre, digne, joyeux, conquérant, pour se livrer aux nobles tâches, aux exaltants apostolats. “ Hommes, soyez homme  ! ”, ces mots prononcés à Fatima livrent la quintessence de sa spiritualité. Du point de vue religieux, c’est un peu vide. Toute l’Action Catholique du temps a vécu dans cette sorte de vide. Mais l’amitié humaine, chaude, fraternelle, son excitation perpétuelle devaient suppléer au manque de souffle religieux. (…)

À l’ombre de Saint-Pierre, le chef spirituel des étudiants insoumis à Mussolini commence à recevoir une foule de gens, et monte un extraordinaire réseau de renseignement et de regroupement des opposants au fascisme dépassant les frontières de l’Italie, allant jusqu’en URSS… déjà  ! C’est là qu’il faut trouver la raison de l’influence désormais grandissante du personnage et le principe de son ascension vers le Pouvoir Suprême. Il est arrivé par la politique, il y a développé vingt ans une activité semi-clandestine, semi-officieuse, pour le compte du Pape, mais en partie pour son compte personnel, et je crois qu’on ne mentirait pas en faisant de lui, dès cette époque, la cheville ouvrière de cette grande conjuration internationale qui aboutit à la Guerre de 1939  : Croisade des Démocraties contre les Dictatures, ouverture à l’Est, c’était Staline  ! et Subversion anticolonialiste. Voilà le rare travail qui l’a mis en relations suivies avec les grands Pouvoirs qui mènent le monde et le rare mérite qui lui valut très tôt d’être le futur Pape de la Synarchie mondiale.Où est dans cette carrière et dans cet apostolat, dans cette spiritualité, le mérite rare qui fera de GBM, comme l’appellent familièrement ses étudiants, l’élu du Conclave de 1963  ? Il est ailleurs, dans la lutte sourde menée par lui, en pleine conformité avec les directives de Pie XI, contre le Fascisme mussolinien. (…)

Cette action de Résistance s’inspirait cependant d’une morale et d’une idéologie qu’en retour elle devait contribuer à développer, au détriment de toute foi et religion pour devenir plus tard tout le Credo pratique du Pape Paul VI  : un jugement moral  : Mussolini, c’est le diable… le fascisme, c’est le mal absolu  ! (…)
UNE IDÉOLOGIE NEUVE  : L’HUMANISME INTÉGRAL DE JACQUES MARITAIN
Contre l’Hydre Fasciste, il fallait que toutes les forces démocratiques se réconcilient et se coalisent dans le monde. Mgr Montini, qui suit de près l’évolution des idées démocratiques en Europe et particulièrement en France, est l’un des premiers lecteurs de l’Humanisme intégral que Jacques Maritain, reniant l’Action Française, vient de publier. Il s’agit d’opposer à la “ Cité Catholique ” chère à saint Pie X une “ Chrétienté de type profane ”, démocratique et laïque. Il s’agit de faire pièce au “ Nationalisme intégral ” maurrassien, qui est foncièrement contre-révolutionnaire, par un “ Humanisme intégral ” qui en est la contrefaçon libertaire, l’antithèse. Il s’agit enfin d’opposer au “ compromis nationaliste ” qui prépare en France un “ coup de force ” et l’instauration d’un “ dictateur et roi ”, un “ compromis démocratique ” qui permette à toute la gauche, avec la bénédiction de l’Église, de faire le Front Populaire dont elle rêve pour casser l’opposition nationale.

Don Montini trouve là exactement l’idéologie dont il a besoin pour relancer en Italie le Front démocratique antifasciste de ses ambitions et de ses rêves. (…) Aussitôt, il travaille à la traduction de l’Humanisme Intégral et en rédige une Préface enthousiaste. C’est désormais son Credo politico-religieux, il n’en bougera plus. (…)
«  ET LES SAINTS SERONT VAINCUS  »
La DCI ne renonce pas à la chimère d’une démocratie avancée mais elle en retarde la réalisation pour conserver, avec des idées socialistes, le profit matériel et la tranquillité spirituelle de l’ordre établi.Mussolini égorgé et pendu à un croc de boucherie, son cadavre insulté et souillé par la foule, la poursuite des fascistes dans toute la Péninsule, leur mise à mort dans les tortures, la dénonciation et la mise au ban de la nation des gens de droite remplit Mgr Montini d’allégresse. (…) Sortirent alors des églises et des couvents, frais et dispos, pour prendre le Pouvoir, la main dans la main poisseuse de sang des communistes, tous les bons jeunes gens de l’Action Catholique et les anciens du Parti Populaire. (…) La démocratie chrétienne italienne peut se considérer comme la fille légitime de l’Église. Et s’il lui faut trouver un père, c’est Mgr Montini qu’on désignera. Il a été l’âme du mouvement clandestin et il va rester secrètement l’orienteur, l’accélérateur de la DCI. (…)

Cependant, le Parti sera bientôt tiraillé, sollicité d’aller plus loin, de tendre la main à la gauche et de faire les grandes réformes révolutionnaires qui sont dans son programme. De son bureau de la Secrétairerie d’État, antichambre obligé de celui du Pape, Mgr Montini soutient cette aile gauche, avec discrétion, contre le gouvernement et… contre la modération et l’anticommunisme foncier de Pie XII  ! C’est une autre “ résistance ” qui commence pour lui, dans l’Église même. (…)

On entend dans l’antichambre des discours contraires à ceux qu’on entendra dans le bureau du Pape  ; Montini commence ainsi une opposition larvée à la politique de Pie XII, qui le pose en Successeur… (…)
UNE SUCCESSION AVORTÉE, 1950 – 1954
Dès ce moment, il agit en candidat à la succession. (…) Il faudrait quand même que le Pape l’élève à la pourpre cardinalice. Mais en janvier 1953, dans un discours étonnant, Pie XII fait connaître au monde que ses collaborateurs directs, Montini et Tardini, ont tous deux et de leur propre mouvement renoncé à la consécration épiscopale et donc au cardinalat, qu’ils méritaient fort, par humilité  !

Le 28 août 1954, le Pape est frappé d’une nouvelle attaque cardio-vasculaire. Il assiste impuissant aux intrigues que Mgr Montini noue sous ses yeux en vue de la succession. Miraculeusement remis, il décide d’employer le sursis que lui accorde la Providence pour éloigner Montini et renforcer le groupe traditionaliste.En réalité, nous avons de bonnes raisons de croire que si Mgr Tardini refusa si fermement la pourpre, ce ne fut pas seulement par humilité. Certes, il n’avait, quant à lui, aucune ambition, et il pouvait tout aussi bien continuer à assumer sa charge au service de l’Église sans cette nouvelle dignité. Mais il avait pressenti que Pie XII hésitait à nommer Montini cardinal. Il comprit qu’il rendrait service à l’Église et au Pape en refusant obstinément le cardinalat, ce qui obligerait Montini à faire de même.

Quelques mois après, Pie XII prend connaissance d’un rapport secret selon lequel Mgr Montini en était venu à communiquer directement avec des représentants du Kremlin, à Moscou, à l’insu du Pape. Il découvrit également que son pro-secrétaire d’État lui avait caché toutes les dépêches relatives au schisme des évêques chinois. L’amertume du Saint-Père fut si vive que sa santé en fut affectée et qu’il se résigna à assurer seul la marche des affaires extérieures. (…)

Il décida donc, soudainement, de se séparer de son plus proche et intime collaborateur. Mais, il choisit la manière douce qui ne provoquerait ni éclat ni scandale et opta pour un compromis. Pour sanctionner le coupable et pour satisfaire les justes exigences des membres de la Curie au courant de l’odieuse trahison, il décida d’éloigner Montini de la secrétairerie d’État en le nommant à l’Archevêché de Milan, l’un des plus glorieux Sièges de la Chrétienté. Promoveatur ut amoveatur. (…)

Toutefois, la nomination au cardinalat, préface obligée à l’élection pontificale, ne viendra jamais. Montini demeurera, par la volonté inflexible de Pie XII, écarté du prochain conclave.
LA CONQUÊTE DU POUVOIR, 1954 – 1963
Mgr Montini se voudra “ l’Archevêque des Travailleurs ”, il ira dans les usines pour y discourir, sans succès. Ses efforts vers la gauche, suivis de coups de barre contraires, lui vaudront d’être qualifié d’ “ Archevêque Rouge ” par les conservateurs. (…)(…) Le 5 janvier 1955, Mgr Montini fait son entrée solennelle à Milan. C’est son premier ministère pastoral. Il a 57 ans, beaucoup d’idées livresques mais aucune pratique, aucune tradition. Tout ce qu’il va faire durant ces huit ans aura un caractère d’insolite très artificiel et superficiel. (…)

Pasteur d’un grand diocèse, il prêche – jamais il n’avait prêché un peuple. Il prêche l’amour du monde. (…) Un humanisme chrétien, libéral, démocratique, pacifiste, où tout se trouve réconcilié de manière assez nébuleuse au niveau des Droits de l’Homme… Que souhaite-t-il, quand il évoque les masses catholiques embrigadées dans le Parti Communiste  ? (…) Le dialogue fraternel, dans un climat de démocratie évolué  !

Pie XII meurt enfin. Le conclave se réunit sans l’Archevêque de Milan, mais il est présent à tous  ; son parti exige et l’emporte, un marché est conclu. Le Cardinal Roncalli, qui est âgé et qui a partagé sa disgrâce, donne son accord. Il sera le Pape de transition, dont le rôle précis est de faire Montini cardinal et de mourir vite pour céder la place à l’élu de la majorité progressiste et libérale. Élu le 28 octobre, Jean XXIII nomme dès le 17 novembre, en tête de liste, l’archevêque de Milan cardinal. (…)

Dès lors, il manifeste une haute réserve dans les grands débats d’idées, comme il sied à un futur Pape. (…) Avec une audace calculée, il prend des positions politiques spectaculaires qui frappent l’opinion.

Mais voici le Concile. (…) Montini peut paraître à Rome l’arbitre des partis, l’homme que la Providence tient en réserve, le successeur désigné de Jean XXIII. Le Souverain Pontificat va tomber dans ses mains, bientôt, comme un fruit mûr.Dès le 26 janvier 1959, moins d’une semaine après que Jean XXIII eut annoncé son intention de réunir un concile, dans une Notification adressée à ses diocésains, le Cardinal Montini déclare que ce sera “ le plus grand Concile ” de l’histoire et il en fixe souverainement le thème  : ce devra être la réconciliation de l’Église avec le monde moderne. Entre elle et lui vont s’instaurer des rapports nouveaux d’harmonie dans la liberté C’est, cent ans après le Syllabus, son reniement et cinquante ans après saint Pie X, sa contradiction  ! (…)

De fait, Jean XXIII l’accueille comme son fils et le loge, lui seul parmi les cardinaux, au Vatican. Il lui confie la tâche décisive de préparer et rédiger son Discours d’ouverture du Concile. (…) Lu par le “ bon pape ” Jean, il sidéra les progressistes autant que les conservateurs, mais personne ne broncha. La dose voulue de cyanure était passée dans les veines de l’Église. (…)

Après la mort de Jean XXIII, Montini proclame son union totale au Pape défunt et affirme la nécessité de poursuivre le Concile dans la voie qu’il a tracée. (…)

Et une fois élu Pape, le monde, conditionné par les mass-médias, acclama follement celui qui allait le conduire au chaos “ l’œil fixé sur une chimère ”, comme avait dit saint Pie X le Clairvoyant. (…)
«  L’AGNEAU AU SERVICE DU DRAGON  »
Il prit le nom de Paul. (…) Ce choix indique un programme apostolique, œcuménique et social. Un programme hors-série pour un Pape hors du commun des papes qui l’ont précédé  ! Ce nom signifie pour l’Église ouverture au monde, prédication et dialogue. (…)

Une invisible main, un Esprit caché mènent la Papauté depuis cent ans, suivant une progression d’une saisissante logique, à cet Événement, cette Épiphanie moderne, conjonction d’un Concile et d’un Pape novateurs, où elle rompt avec son passé, abroge ses lois, bouleverse ses rites, abat ses frontières, pour s’ouvrir à toutes les religions et construire avec tous les peuples la fraternité universelle et la paix. (…) Que faut-il donc désormais  ? Croire en l’homme, construire le monde, libérer les peuples, abattre les tyrannies, développer la culture et instaurer la démocratie. Paul est le prophète de ce nouvel âge où toutes les religions, cessant de s’opposer entre elles, se feront le Mouvement d’Animation Spirituelle de la Démocratie Universelle, le MASDU de Paul VI  !

Telle est la chimère de celui que l’Église s’est donné pour Chef Suprême et, dès lors, il a bien fallu qu’elle le suive  ! Sans comprendre, avec vénération, les yeux fermés. Sans chercher si cela indique le Meilleur des meilleurs ou le Pire des pires.

Qui est Paul VI  ? Un être d’une exceptionnelle activité et habileté, homme de vaste lecture et de parole facile, d’écriture rapide, pleine de sinuosités, de replis, de volte face. Il dit tout sans laisser pénétrer sa pensée, il décide tout sans paraître savoir où il va. Un “ homme de fer ”…

Paul VI n’est pas pieux. Il n’en a jamais donné la moindre apparence, sauf en représentation. Depuis cinquante ans, son horaire journalier ne mentionne que le temps étroitement calculé de la Messe et du bréviaire. Jamais aucun chapelet, aucune dévotion, aucun geste de piété personnelle.

Il n’est ni savant ni théologien, mais il a toujours dévoré les livres. (…)

Cette boulimie de lecture, cette excitation à parler, ce contrôle rapide et minutieux de tout le conduisent à croire que tout va vite, que tout évolue et se transforme selon sa volonté. Mais tant de secousses ne font qu’ébranler et fissurer l’immense vaisseau de l’Église qui sombre peu à peu dans l’anarchie. (…)

Pour que le monde aille bien, Paul VI a conçu clairement qu’il lui fallait être Pape. Ensuite, il savait qu’il proclamerait une grande Réforme et qu’il instaurerait la Liberté  ; qu’il lui faudrait fortement détruire toute opposition mais en même temps modérer les trop grandes ardeurs, bref, tout tenir en mains. Et cela aussi, il a su le faire. Alors sa Réforme apporterait la joie à l’Église, la Paix au monde. Ce brillant avenir se perdait dans les nuages du rêve, les brumes d’un bonheur futur où les plans se confondent, où le ciel et la terre se touchent.

Quelles doctrines et entreprises sont sorties de ce génie de l’Utopie, mon Liber accusationis in Paulum VI le dit en cent pages dont les discours et les événements survenus depuis lors, en 1973, n’ont fait qu’enrichir la teneur et renforcer l’accusation. Libéral plus que catholique, il a tout autorisé sauf la Vérité, la Loi de Dieu, la Justice qu’il bafoue. Démocrate plus que chrétien, il poursuit de sa vindicte Mussolini en Franco, c’est chez lui un complexe, une obsession, et il flatte la Révolution même communiste, croyant à la fraternité universelle sous l’égide d’un Gouvernement Mondial. Ainsi, loin d’ouvrir des Temps nouveaux, ce Pape est venu clore l’époque de la Réforme et de la Révolution en précipitant l’Église et le monde dans le pire, le plus sanglant chaos et châtiment divin de leur histoire…

Moderniste  ? Non, on ne peut dire que Paul VI l’ait été, parce que le Modernisme est une erreur religieuse et que Paul VI ne s’intéressait pas à la religion mais à la politique. L’assertion surprendra. Il est de toute évidence qu’il travaillait à rendre les hommes fraternels, qu’il citait le Christ en exemple de noble humanité, qu’il plaçait Dieu au sommet de sa Tour, de la Babel Moderne. Mais le culte de l’homme prenant toute la place, le culte de Dieu s’est retiré sans bruit, de son cœur et du cœur de l’Église. La charité s’est refroidie.

Le rêve a couru, l’expiation devra venir. Mais quand l’heure aura sonné, saint Pie X sera de retour, par son intercession, son exemple, sa doctrine, et l’Église refleurira.

Abbé Georges de Nantes

Extraits de la CRC n° 97, octobre 1975, p. 3-14

Toute la vérité sur Fatima, tome III, p. 245-246

4 octobre 1975

[Mgr Lefebvre] Sermon Salle Wagram, à Paris, lors des confirmations

SOURCE -  Mgr Lefebvre, fsspx - 4 octobre 1975

Bien chers parents,

Permettez-moi de vous adresser à vous aussi quelques mots d'encouragement. Vous savez mieux que vos enfants, qui manquent encore d'expérience, les difficultés que connaît l'Église, et c'est parce que vous en êtes conscients que vous voulez réagir contre cette désagrégation interne de l'Église, que vous voulez maintenir votre Foi - cette Foi dont je viens de parler à vos enfants - que vous voulez continuer à la professer et que vous faites des sacrifices pour elle. Malgré, en effet, les difficultés que cela peut représenter, vous venez conduire vos enfants, là où vous savez qu'ils recevront une véritable instruction chrétienne, là où ils recevront de véritables sacrements, là où ils assisteront au véritable Sacrifice de la Messe. Et cela ne va pas sans sacrifices de votre part, sacrifices non seulement matériels, non seulement physiques, mais sacrifices moraux parce que, je le sais et vous le savez tous, ce Sacrifice, cette profession de notre Foi nous divisent, tandis que nous devrions rester 'unis' dans la même Profession de Foi, dans la volonté de recevoir de vrais Sacrements et d'assister à l'unique vrai Sacrifice de la Messe. Et cependant, l'Église, qui pendant des siècles ne s'est jamais posé une seule question là-dessus, la voilà aujourd'hui divisée depuis ses plus hautes instances jusqu'au moindre des fidèles sur des sujets sur lesquels elle n'avait jamais eu d'hésitation pendant tout le cours de son existence. Et cette division à l'intérieur de l'Église n'épargne personne, ni les familles, ni les états, quelqu'incroyable, quelqu'invraisemblable que cela puisse être d'hésiter sur la nature du Saint Sacrifice de la Messe.

Comment peut-on, en effet, hésiter entre une Messe qui est un véritable Sacrifice, et une messe qui est en définitive un culte protestant, un repas, une communion, une eucharistie, une cène comme le disait déjà Luther ? Comment peut-on hésiter sur les Sacrements que l'on reçoit ? C'est ce que j'ai répondu au Cardinal Marty qui me reprochait de venir donner le Sacrement de Confirmation à vos enfants. Je lui ai dit les parents ont le droit de savoir d'une manière certaine, que leurs enfants reçoivent véritablement la grâce du Sacrement de Confirmation, ils en ont le droit". Or actuellement, la manière dont on confère le Sacrement de Confirmation peut donner naissance à de véritables doutes sur sa validité. Si par exemple, comme il arrive à des prêtres délégués de le faire, l'on dit : " Je te signe du signe de la Croix et reçois le Saint Esprit", le Sacrement est invalide. Une telle formule, en effet, ne signifie pas la grâce sacramentelle. Tous les Sacrements donnent le Saint Esprit. La formule sacramentelle doit signifier la grâce sacramentelle, comme, par exemple, dans le Baptême où la formule " Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit" signifie que le baptisé est lavé de la tâche originelle et devient enfant de Dieu. De même dans le Sacrement de Confirmation, puisque la grâce en est le sceau du Saint Esprit, il faut que cela se traduise dans la formule et donc, dire : "reçois l'Esprit Saint", ne suffit pas. Cette formule ne signifie pas la grâce de la Confirmation et est, par le fait, invalide. C'est pourquoi, j'ai écrit au Cardinal Archevêque de Paris qu'étant donné les doutes qui pesaient sur la validité du Sacrement, j'estimais de mon devoir de répondre à la demande des parents devenir donner à leurs enfants un sacrement de confirmation qui, pour n'être peut-être pas licite, n'en est pas moins certainement valide. Je sais que l'on me dira qu'en agissant ainsi, je désobéis à la loi de l'Église.

Mais qu'est-ce qu'une loi ? Une loi est faite pour la vie. La loi du Droit Canon est faite pour nous aider à vivre de la grâce. Si l'on s'en sert pour diminuer, voire éteindre en nous cette vie surnaturelle, cette loi est, par le fait même, caduque et nous ne devons pas la suivre. On ne peut pas se servir de la loi pour la mort comme c'est le cas de la loi sur l'avortement. Cette loi est " contradictoire ", si je puis ainsi parler, puisque faite pour tuer, tandis que Dieu nous donne la loi pour vivre. Il en est de même dans le domaine spirituel. La loi du Droit Canon est faite pour nous faire vivre spirituellement et nous conduire ainsi à la Vie Éternelle. Si l'on emploie cette loi pour nous empêcher d'y arriver, pour faire avorter en quelque sorte notre vie spirituelle, nous sommes alors obligés de désobéir, exactement de la même façon que nous sommes obligés de désobéir à la loi de l'avortement.

Hélas, je le mesure bien, tout ceci est très grave et ceux qui détournent la loi de son but font une chose très grave. Aussi, devons-nous prier de tout notre coeur pour que cette crise de l'Église que l'on dénature, que l'on désagrège, que l'on détruit, cesse enfin, et que l'Église redevienne ce qu'elle était autrefois et qu'ainsi le désir que nous avons de la servir retrouve son objet. Certes, l'Église ne peut pas périr. Et elle est vivante, puisque vous êtes là. Voilà l'Église vivante, puisque vous êtes là. Voilà l'Église vivante, elle continue et - cela est admirable - il en est de même dans tous les pays du monde, comme je peux m'en rendre compte dans mes nombreux voyages. Le Corps Mystique de Notre Seigneur réagit contre les forces de mort que l'on veut lui inoculer, partout il y a une résistance à cette désagrégation de l'Église. Réjouissons-nous donc et demandons à Dieu de continuer de répandre sur les fidèles qui veulent garder la foi la force de son Esprit-Saint.

Et c'est pourquoi je continue mon séminaire. Parce que vous avez besoin de prêtres. Je sais qu'on n'hésitera pas à employer la loi pour essayer de détruire mon séminaire, mais cela est une oeuvre de mort dirigée contre une maison qui forme de bons prêtres, de saints prêtres comme l'Église les a toujours formés. "Vous-mêmes, clercs qui condamnez mon séminaire, vous avez été formés de cette façon, vous avez fait votre séminaire comme je l'ai fait, comme le refais actuellement auprès de mes séminaristes. Pourquoi voulez-vous faire disparaître ce qui vous a fait prêtres vous-mêmes ? Pourquoi renier la formation que vous avez reçue ? Pourquoi condamner ce qui vous a fait prêtres ? " Et pourtant, aussi invraisemblable et inconcevable que cela puisse paraître, nous sommes devant ces faits. Aussi, aux adjurations qui me sont faites de mettre tous mes séminaristes à la porte, je réponds : " Non, je ne veux pas tuer ce qui doit être l'avenir de l'Église, ce qui doit permettre à l'Église de continuer à vivre.

Je dois dire que, grâce à Dieu, à part les quelques séminaristes qui nous ont quitté avant la fin de l'année scolaire dernière, aucun n'a quitté Ecône pendant les vacances, bien que, non sans peine pourtant, nous eussions pensé que, pendant les vacances, la pression des parents, ou même de prêtres amis les aurait détournés. Eh bien, tous sont rentrés et cela a été pour nous une grande consolation de voir que tous ces jeunes gens se rendaient compte de la valeur de vérité de la formation qui leur est donnée pour les préparer au Sacerdoce.

Et aujourd'hui même, à l'heure où je vous parle, il doit y avoir à Ecône 25 nouveaux séminaristes qui vont faire leur retraite de préparation au Séminaire dans le courant de la semaine prochaine. Vous comprendrez, j'en suis sûr, que je compte sur vos prières pour ces jeunes séminaristes qui ont beaucoup de courage de venir ainsi, malgré les événements, malgré les pressions, de venir malgré tout recevoir cette formation. Puissent-ils devenir de vrais et de saints prêtres! C'est là, en effet, je le dis et je le répète, c'est là notre seul but. Nous ne faisons pas un séminaire de commando, ni pour détruire les autres séminaires, ni pour lutter contre les Évêques. Cela n'est pas vrai. Nous faisons un séminaire pour former des prêtres, de vrais prêtres, de saints prêtres, afin qu'un jour le Pape et les Évêques puissent s'appuyer sur eux, car ils n'auront plus qu'eux qui auront la vraie Foi, qui sauront ce qu'est le Sacrifice de la Messe pour lequel ils sont prêtres, qui sauront ce que sont les Sacrements, et les administrer validement. Voilà ce que doit être le véritable séminaire d'Ecône. Je vous remercie à l'avance de vos prières pour lui et demande à Dieu de vous bénir ainsi que toutes vos familles.

Je remercie enfin Monseigneur Ducaud-Bourget et je le félicite, le cher Monseigneur est comme le commandant d'un navire battu par la tempête et par les flots incessants qui essaient de le réduire à néant, mais il tient ferme le gouvernail, et c'est pour ceux qui le voient, pour ceux qui le savent, un immense encouragement. Je demande à Dieu de lui garder encore une longue vie à lui et à tous les prêtres qui l'entourent.